Quelques entreprises en France ont décidé d’ajouter aux congés légaux des « congés illimités », c’est-à-dire des jours supplémentaires à la demande du salarié selon ses besoins. Les retours d’expérience sont positifs, si ces congés s’inscrivent dans une relation de confiance globale et une culture d’entreprise réellement bienveillante.

« Les congés illimités permettent d’envoyer un message fort sur l’objectif de libérer le travail, d’encourager la créativité, avec plus de responsabilités et d’autonomie », commence Catherine Regeffe, la DRH de Golden Bees. L’agence de recrutement programmative a adopté les congés illimités en 2021. « Nous parlons plutôt de congés responsables », corrige-t-elle immédiatement, « car l’idée n’est pas de permettre de faire le tour du monde pendant six mois, mais de dire que des congés supplémentaires peuvent être pris quand les objectifs, qui ont été communiqués longtemps à l’avance, ont été atteints, dans une discussion saine avec l’équipe et le manager », détaille-t-elle.

Les congés illimités en France

En France, où les congés sont encadrés légalement (5 semaines minimum), les congés illimités viennent s’ajouter comme un bonus accordé pour une meilleure qualité de vie au travail et surtout une meilleure conciliation des temps de vie. Des sociétés comme OpenClassrooms et Pandacraft ont mis en place ce système dans l’hexagone depuis plusieurs années. Mais cet avantage a été imaginé par des sociétés principalement du secteur de la Tech, comme Netflix, Linkedin, ou Virgin aux Etats-Unis, où les jours congés sont beaucoup moins nombreux. En mai dernier, la banque Goldman Sachs a annoncé que les associés et dirigeants du géant de Wall Street pourront désormais prendre autant de congés qu’ils le souhaitent.

L’exemple de Indeed

Indeed a ainsi mis en place les congés payés illimités depuis janvier 2016 pour ses 12 200 salariés à travers le monde. « Il faut bien avouer qu’en France, avec 5 semaines de congés payés et 2 semaines de RTT/an, nous ne sommes pas les plus à plaindre. Ces congés payés illimités ont clairement fait la différence dans d’autres pays », reconnaît ainsi Charles Chantala Senior Sales Director chez Indeed. Cinq à sept jours de congés supplémentaires sont pris chaque année par les collaborateurs du groupe.

«  Il n’y a pas de minimum et de maximum imposé, donc chacun peut poser des congés additionnels selon ses impératifs, ses obligations, et en bonne intelligence avec l’ensemble des collaborateurs et son manager », poursuit Charles Chantala, qui précise que la mesure s’inscrit dans une « culture d’entreprise très forte, reposant sur la bienveillance, la responsabilisation de chacun des salariés, l’autonomie et la confiance ».

Comment (et pourquoi) mettre en place les congés illimités en entreprise ?

« Il y a beaucoup de freins et il faut être très pédagogue pour que cela fonctionne », remarque d’ailleurs Catherine Regeffe. « La règle d’équité disparaît, puisque les besoins en congés ne sont pas égaux entre les salariés, mais il faut un vrai travail entre le management et les salariés, pour éviter l’auto-censure et que les besoins soient bien compris : sans cela, le collaborateurs vont croire à du marketing RH et on risque de les perdre », met elle en garde.

Car l’objectif des congés illimités, ou responsables, est, outre la qualité de vie, un argument de recrutement et de fidélisation. « Nous cherchons les moyens d’attirer plus facilement et de fidéliser, dans un marché de l’emploi, dans la Tech notamment, qui se complexifie : la réflexion sur les conditions de travail est vraiment nécessaire », reconnaît la DRH.

Les congés illimités : bonne ou mauvaise idée ?

Les congés illimités ne font cependant pas l’unanimité et ne présentent pas que des avantages. Certaines entreprises, comme CharlieHR, ont même fait machine arrière. Interrogé par Welcome to the Jungle, Sébastien Hof, psychologue du travail, rejette cette mesure. « L’injonction est souvent la suivante : « Tu peux prendre autant de congés que tu le souhaites à partir du moment où le travail est fait ». C’est une forme de pression tacite, où la responsabilité du travail ne dépend finalement que du / de la salarié·e et non plus de l’employeur », regrette-il. Avec le risque de travailler tout le temps, et notamment pendant les vacances, puisque le salarié peut en prendre davantage.

Des vacances à la carte

Pour Charles Chantala, la question n’est pas là. « Nous ne sommes absolument pas dans ce schéma qui voudrait que ce soit “honteux” ou “culpabilisant” de prendre des congés. Au contraire, il s’agit pour chacun de pouvoir s’écouter, et d’être conscient de son rythme et d’en tenir compte. Si une fatigue ou un besoin de congés se fait ressentir, les collaborateurs sont invités à prendre des vacances. Un collaborateur reposé est certainement plus efficace et heureux de travailler », défend-il. Pour motiver les collaborateurs à profiter de ces breaks illimités et anticiper cette pression sociale, des entreprises comme OpenClassrooms accordent une prime à la coupure : 1000 euros versés pour tout salarié s’absentant plus de trois semaines d’affilée.

La politique de congés – qu’elle soit à la demande, flexible, illimité ou responsable – tend en tous cas à s’individualiser. Elle entre désormais dans une politique de temps de travail global, et d’aménagement des conditions d’exercice du métier presque à la carte. Certains organisations optent pour ces congés illimités, d’autres pour la semaine de quatre jours. Avec un même but : permettre au collaborateur de mieux gérer ses temps de vie, pour être plus performant au travail.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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