Le Gouvernement a annoncé récemment l’allègement du télétravail dans les entreprises à partir du 9 juin prochain. Selon que vous êtes extraverti ou introverti cette nouvelle a pu vous réjouir ou vous inquiéter. En effet, si certains ont hâte de retrouver les rituels du bureau, d’autres abordent avec anxiété le retour de la cohabitation en « présentiel », comme on a maintenant coutume de dire. Rajoutez à cela d’autres caractéristiques de la sensibilité élevée comme la charge sensorielle et l’intensité émotionnelle et vous comprendrez aisément que les personnes dites hypersensibles appréhendent ce moment à venir.

Les enseignements de la crise
Le sujet au cœur de toutes les réflexions depuis plus d’un an est indéniablement celui du télétravail. Celui-ci a connu un coup d’accélérateur depuis mars 2020, à tel point que certaines entreprises l’ont généralisé jusqu’à la fin de l’année 2021 minimum (eBay, PcW) ou ad vitam aeternam (Spotify). Cette flexibilité fait les beaux jours du travail nomade qui n’est plus l’apanage des jeunes freelances. Les salariés de ces entreprises peuvent ainsi décider combien de jours ils ont envie de travailler, d’où et pour quel salaire. Ces initiatives ont ceci d’intéressant qu’elles brouillent les frontières avec l’entrepreneuriat en injectant une dose de liberté dans le salariat.

Choisir ses horaires de travail et ainsi performer en accord avec son rythme biologique, quitter la ville pour se rapprocher de la nature, rééquilibrer vie pro et vie perso, autant de critères auxquels les personnes hypersensibles prêtent souvent attention. Elles connaissent en effet leur fatigabilité aigue due aux surstimulations de leur environnement de travail.

Charge sensorielle et intensité émotionnelle
Dans les séances de coaching, mes client.es admettent envisager avec inquiétude le retour au bureau, trop souvent synonyme d’agitation, de conflits larvés et de bruit qui les empêchent de se concentrer et qui les fatiguent.

Il va aussi falloir pour les femmes remettre parfois des chaussures à talons souvent inconfortables. Les hommes ne seront pas non plus exempts de la tenue pingouin s’ils travaillent dans des entreprises classiques… Quant aux small talks à la machine à café, tout le monde va devoir s’y remettre (ou pas) !

En vérité, il faut espérer que les bienfaits de la période que l’on vient de vivre en termes d’organisation de travail puissent continuer de parcourir les entreprises : ne pas réduire drastiquement le nombre de journées de télétravail, ne pas imposer des horaires standard et rester flexibles quand les salariés ont des impératifs personnels à gérer d’urgence…

Car en termes de management, à distance ou non, la clé est de faire confiance aux collaborateurs… et de redoubler d’écoute !

D’ailleurs, pendant les confinements successifs, seuls les managers empathiques ont réussi à se connecter à leurs collaborateurs qui vivaient très mal cette période (notamment via la méthode DESC).

Les émotions ont ainsi pris plus de place dans les relations interpersonnelles. Mais va-t-on à présent refermer la porte de l’entreprise au nez des émotions ou est-on prêt à les laisser prendre la place qu’elles méritent au travail ? Rappelons que les émotions ne sont ni positives ni négatives, que ce ne sont que des indicateurs de nos besoins, même la colère ! Elle peut être le révélateur d’une frustration que nous vivons au travail parce que nous ne recevons aucun signe de reconnaissance par exemple.

S’interroger sur ses besoins

Il est indispensable que les personnes hautement sensibles réfléchissent à leurs besoins dans le travail. J’en liste certains dans le livre « Hypersensible, 10 séances d’autocoaching pour bien vivre sa singularité au travail » (Editions Vuibert) :

  • Sécurité : besoin d’indépendance, de calme, de temps
  • Concrétisation : besoin d’action, de création
  • Sens : besoin d’authenticité, de justice, de respect
  • Partage : besoin d’appartenance, de communication

Les besoins liés à la sécurité sont relatifs à la façon dont vous travaillez et requièrent une certaine forme de liberté. Ceux en lien avec la concrétisation vous poussent à vous demander si vous êtes au bon endroit, dans un emploi qui nourrit votre besoin de réalisation. Ceux liés au sens vous renvoient à vos valeurs. Pensez à vérifier qu’elles sont bien respectées ! Enfin, les besoins en relation avec la notion de partage parlent de votre relation aux autres et de ce qui est important pour vous dans cet échange.

Une fois ces besoins passés en revue, il devrait être plus simple de définir un environnement et une structure de travail qui vous conviennent. La crise que nous venons de traverser a aussi remis la question du sens et de la place que nous donnons au travail au centre des interrogations.

Alors il est peut-être temps pour vous de définir cette place ainsi que la vôtre dans ce système ? Sachant que votre juste place est certainement celle où vous vous sentirez le plus en accord avec votre sensibilité élevée.

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Photo de Thirdman provenant de Pexels

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Fanny Marais est co-dirigeante de l’observatoire de la sensibilité, coach et formatrice. Elle est l'auteure du livre "Hypersensible : 10 séances d'autocoaching pour bien vivre sa singularité au travail" (Vuibert).

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