La charge mentale n’est pas une fatalité, mais la somme d’informations que nous conservons en mémoire. Le risque, c’est quand il y a surcharge mentale… Comment l’éviter ? Margaux Gelin, docteur en psychologie cognitive chez Moodwork, nous donne les clés pour alléger notre charge mentale, dans le nouvel ouvrage Charge mentale de la collection My Happy Job aux éditions Vuibert.

A quel moment considère-t-on qu’il y a charge mentale ?

Margaux Gelin : Le terme « charge mentale » n’a rien de négatif. C’est simplement le nombre d’informations que nous devons réussir à conserver en mémoire. Or, notre système cognitif a des limites, que ce soit en termes de mémorisation et d’attention : nous ne sommes pas capables à court terme de retenir un nombre indéfini d’informations. Comme nous ne sommes pas en mesure de focaliser notre attention sur plusieurs choses en même temps. C’est cette limite d’informations qui constitue notre charge mentale. On pourrait comparer notre cerveau à un bureau. Parfois, les choses sont bien organisées, bien rangées : cela constitue la base de notre charge mentale. Parfois, c’est le bazar sur notre bureau, ça déborde : nous passons alors en surcharge mentale, avec des conséquences néfastes sur la santé.

Quelles sont ces conséquences néfastes ?

On observe les conséquences de la surcharge mentale à trois niveaux. D’abord cognitif : nous ne savons plus sur quoi porter notre attention, nous n’arrivons plus à nous concentrer, nous avons des problèmes de mémoire. Cela peut aussi se traduire à travers des petites choses comme, par exemple, faire plus de fautes d’orthographe, être plus étourdis… Cela se ressent aussi sur le plan émotionnel : nous sommes plus irritables, nous perdons plus facilement patience, nous entrons plus facilement en conflit avec les autres. Le dernier plan, c’est sur le plan physique. Ce n’est pas pour rien qu’on entend souvent « j’en ai plein le dos ». Nous allons réellement ressentir physiquement le surpoids de cette charge mentale, avec des douleurs au niveau du dos, des cervicales, des épaules, etc.

Dans tous les cas, il ne faut pas s’affoler dès que nous observons ces symptômes, ils ne sont pas forcément témoins d’une trop grande charge mentale. Mais si nous ne parvenons pas à les expliquer, cela doit mettre à la puce à l’oreille. Ce sont des changements de comportement qui doivent nous alerter.

Y a-t-il encore trop d’idées reçues sur la charge mentale ?

D’abord, il faut savoir que tout le monde est concerné par la charge mentale ! Biologiquement, il n’y a pas de règle. Tous les êtres humains, et même les enfants à partir de 6/7 ans quand leur cerveau arrive à un certain stade de développement, connaissent de la charge mentale. Il est vrai que l’on entend beaucoup parler de la charge mentale des femmes : il faudrait le reformuler par « la charge mentale des personnes qui s’occupent majoritairement du foyer ». En 2023, ce sont encore principalement les femmes qui ont en charge les tâches domestiques. Ces dernières se rajoutent à toutes les préoccupations liées à la vie professionnelle : cela augmente donc le nombre d’informations ainsi que le risque de surcharge mentale. Or, il ne faut pas oublier que la charge mentale, ça se partage…

D’autant plus que la charge mentale s’accompagne souvent d’un sentiment de culpabilité… Pourquoi ?

Quand on parle de surcharge mentale, ce n’est ni plus ni moins que les prémices de l’épuisement, qu’il soit professionnel, émotionnel, etc. Et la première personne que nous blâmerons, c’est nous-mêmes. Nous nous dirons : « je ne suis pas capable de gérer ». Nous avons toujours l’impression que les autres arrivent à tout gérer et nous nous demandons pourquoi, nous, nous n’y arrivons pas. Nous nous reprochons de ne pas être suffisamment organisés, de ne pas travailler assez vite… C’est pourquoi, il faut avant tout déculpabiliser. Personne ne peut faire plusieurs choses en même temps. Nous ne sommes pas des super héros et nous avons le droit d’avoir des moments où nous avons trop de choses à faire, où nous sommes dépassés et où nous avons besoin d’aide. Déculpabiliser permet aussi de demander cette aide et d’accepter de déléguer certaines tâches.

Quels conseils pour alléger la charge mentale ?

Toutes les méthodes ne sont pas forcément efficaces pour tout le monde. Néanmoins, il y a des recommandations à essayer en fonction de ses préférences pour limiter sa charge mentale au maximum. Par exemple, on peut noter les choses. Cela ne signifie pas que sa mémoire est mauvaise, mais il est inutile de l’encombrer davantage. La to do list doit cependant respecter quelques règles pour être efficace. Inutile de tout noter : une to do list à rallonge deviendra anxiogène car on ne saura pas par quel bout commencer. C’est pourquoi il faut organiser cette liste, en s’aidant notamment de la matrice d’Eisenhower, qui permet de faire le tri et de hiérarchiser les tâches, pour traiter en priorité les plus urgentes et les plus importantes.

On peut aussi compartimenter sa to do list grâce à des codes couleurs, en distinguant, entre autres, ce qui relève du pro et ce qui relève du perso. Enfin, une telle liste doit être réaliste aussi et contenir des tâches qui ne sont pas décourageantes. A savoir, l’écrire avec des verbes d’action, cela donne de l’entrain. L’idée, c’est de se faciliter la vie au maximum.

Retrouvez l’ouvrage Charge mentale de Margaux Gelin dans la collection My Happy Job aux éditions Vuibert.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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