Oser, capter l’attention, surprendre, apprivoiser l’échec, apprendre à lâcher prise, cultiver nos différences, casser les codes… On y aspire tous dans nos jobs. Eux l’ont fait avant nous avec brio. Eux ? Ce sont Andy Warhol, Claude Monet, Picasso, Frida Khalo, Henri Matisse, Vassily Kandinsky, Auguste Renoir… Autant de talents qui pourraient vous inspirer au quotidien et vous inviter à poser un regard neuf sur votre métier. C’est en tout cas le pari de Grégoire Jeanmonod lors de ses conférences (1), mais aussi dans son livre Leçons d’artistes : Et si les plus grands artistes de l’histoire nous aidaient à travailler autrement ? (Marabout).

Comment l’art peut inspirer le monde du travail ?
Grégoire Jeanmonod. De multiples manières ! Au départ, je pensais que seules les entreprises du milieu de la culture ou de l’art s’intéresseraient à cette question, mais pas du tout. L’art peut inspirer les banques, les assurances, l’industrie… La créativité permet en effet de résoudre des problèmes complexes et d’imaginer des solutions innovantes, cela demande d’inventer de nouvelles postures, malgré les contraintes existantes. Il ne faut pas oublier que beaucoup d’œuvres connues sont des commandes, elles ont donc été créées en respectant un cadre défini. Démythifier le travail des artistes, comprendre leurs manières de fonctionner, décortiquer leur processus de création… Tout cela peut nous aider à développer nos propres soft skills.

Nous sortons de plusieurs confinements où les contraintes étaient nombreuses, et elles continuent à l’être, notamment au travail, malgré le déconfinement progressif. Comment exploiter positivement la contrainte ?
G.J. Vous pouvez vous inspirer de Matisse. Il a vécu de nombreuses épreuves, notamment un cancer du côlon qui l’a beaucoup affaibli. A 72 ans, les médecins lui donnaient 6 mois à vivre (il est décédé 13 ans plus tard). Il n’arrivait plus à peindre comme il le faisait d’habitude étant alité ou sur un fauteuil roulant. Il a donc inventé la technique des “gouaches découpées” (technique qui a donné naissance à quelques-uns de ses plus grands chefs-d’oeuvre). Il était en effet contraint de travailler assis, voire allongé : il a donc dessiné directement dans la couleur avec ses ciseaux. Cela nous montre que les contraintes peuvent parfois nous obliger à innover, à inventer de nouvelles manières de faire, par nécessité. Elles sont sources de créativité. Et si vous profitiez de la période actuelle pour vous recentrer sur la finalité de votre travail ? L’important est davantage le “Pour quoi” que le “Comment”. Il y a 1001 manières de mener à bien votre mission. A l’image de Matisse, vous pouvez réinventer votre travail avec ingéniosité et pragmatisme.

Pourquoi est-ce important de réapprendre à jouer… même au travail ?
G.J. Pour une équipe, le jeu va créer de bons souvenirs communs, un référentiel collectif et une nouvelle cohésion. En entreprise, les temps informels permettent de créer du lien entre les salariés. Les Surréalistes ont ainsi démontré que le jeu pouvait libérer l’imagination, à l’image des fameux cadavres exquis. Pour eux, notre imagination est bridée par notre besoin d’analyse et de cohérence. En jouant, sans enjeux ni pression, on ose davantage, on coopère mieux. Le jeu nous ramène à l’enfance, et n’est-ce pas la période de notre vie durant laquelle nous apprenons le plus efficacement, imaginons le plus librement et nouons le plus de liens ?

L’art est enfin une invitation à l’audace, non ?
G.J.
Tout à fait ! Nous avons tous appris au travail comme ailleurs à ne parler que lorsque nous y sommes invités. Nous attendons que l’on nous demande notre avis pour nous exprimer. Mais si l’occasion ne se présente jamais, nous nous condamnons au silence, alors que nos idées ont de la valeur. Pourquoi ne pas susciter votre occasion ? C’est ce qu’a fait Gustave Courbet quand son oeuvre L’Atelier du peintre n’a pas été retenue pour l’Exposition Universelle de 1855. Il a organisé sa propre exposition en marge de l’événement. Une démarche inédite à l’époque. Parler quand nous y sommes invités, c’est donner un avis : parler sans y être invité, c’est embrasser une cause.

(1) Plus d’infos : www.47eme-rue.com

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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