A l’amĂ©ricaine, quelques entreprises françaises imaginent des campus d’entreprise avec parc, salles de sport (et bureaux!) pour offrir Ă  leurs salariĂ©s des lieux de travail agrĂ©ables, crĂ©ateurs de liens et d’opportunitĂ©s nouvelles, de rencontres et d’enrichissements personnels. 

On a tous en tête les campus de Google et des entreprises de la Tech américaine, avec open-space modernes, salles de sports, cantines à la mode, parcs, laverie, voire supermarchés. En France, le modèle de campus d’entreprise, qui réunit toutes les entités du groupe (ou presque) et propose aux collaborateurs de nombreux services, comme une mini ville, séduit aussi de plus en plus.

Ce sont les banques qui, les premières, ont misé sur ces grands espaces dans les dix dernières années. On peut citer les campus Evergreen de Montrouge et Sqy Park à Saint-Quentin en Yvelines du Crédit Agricole. Le premier, siège social du groupe ouvert en 2011 rassemble 8 000 collaborateurs et neuf entités sur huit hectares dont quatre de verdure. Le second, qui est en fait le « campus technologique » depuis 1978, voit se croiser 5 000 collaborateurs sur 15 hectares. « Ecologiquement responsables, ces deux campus proposent de nombreux services aux salariés : différents espaces et concepts de restauration, conciergerie, centres sportifs, médiathèques, agences bancaires, etc. », présente la banque.

Les campus d’entreprise offrent une meilleure qualitĂ© de vie au travail

Pour les entreprises qui font ce choix, loin des centre-ville ou des tours de la DĂ©fense, l’amĂ©nagement reprĂ©sente un investissement Ă©levĂ©. L’enjeu : bien communiquer et organiser les choses pour que les salariĂ©s s’approprient le lieu, et ressentent la qualitĂ© de vie que leur entreprise souhaite leur offrir en choisissant des locaux plus grands, mieux amĂ©nagĂ©s, mais souvent plus loin en pĂ©riphĂ©rie. Pour que le campus ne reste pas qu’une vitrine.

Campus d'entreprise : avantages et inconvénients de ces bureaux

C’est le choix qu’a fait Manutan, entreprise française spĂ©cialisĂ©e dans la vente d’équipements et consommables pour les entreprises et collectivitĂ©s (chariots, diables…) : son siège social est situĂ© Ă  Gonesse, dans le Val d’Oise, sur un site de 13,5 hectares, inaugurĂ© en 2011. Outre les bureaux prĂ©sent sur ce campus d’entreprise, les salariĂ©s y disposent d’un centre sportif, de salles de musculation, multisports, d’escalade (photo ci-dessous) et de deux terrains de squash au rez-de-chaussĂ©e du centre de formation. Un troisième bâtiment abrite aussi une mĂ©diathèque, oĂą les salariĂ©s peuvent emprunter des documents, comme s’ils Ă©taient en centre-ville (photo ci-dessus). Le restaurant d’entreprise, organisĂ© par Manutan pour ses 700 salariĂ©s, « sans sous-traitants, privilĂ©gie les circuits courts et producteurs du Val d’Oise, et propose 80% de bio », rapporte la DRH Caroline Haquet.

Les campus d'entreprise offrent de nombreuses activités supplémentaires aux employés. Ici, de l'escalade en salle.

Pour elle, l’objectif du campus est double : « pour une entreprise, il permet d’avoir tout le monde au mĂŞme endroit, pas les cadres d’un cĂ´tĂ© avec les services achats et de l’autre la logistique », dĂ©taille-t-elle. « Nous n’avons pas de salle VIP, par exemple, au restaurant d’entreprise », assure-t-elle. « Le symbole d’Ă©galitĂ© est très fort et montre une vraie volontĂ© en terme de valeurs et de travail collectif », poursuit la DRH qui insiste aussi sur un autre aspect : le campus veut faciliter la vie de ses salariĂ©s.

Une petite boutique prĂ©sente sur le campus d’entreprise permet ainsi d’acheter un cadeau ou une bouteille de vin de dernière minute. « Faire accepter le dĂ©mĂ©nagement n’a pas Ă©tĂ© si facile au dĂ©but surtout pour ceux qui Ă©tait au siège social, Ă  Paris, mais une fois qu’on est sur le site, on se sent bien et il ne nous manque vraiment pas grand-chose », reconnaĂ®t Elsa D’Andrea, la directrice de la communication, qui met pourtant plus une heure en voiture pour venir au travail le matin. Manutan a dĂ©veloppĂ© des navettes entre la gare RER et le site afin de faciliter l’accès en transport en commun. Autant d’avantages que la DRH met en avant au moment des recrutements. Car, selon elle, si l’Ă©loignement peut rebuter, la visite du site permet souvent de lever les craintes.

Un exemple de campus d’entreprise avec une PME toulousaine

Un atout Ă©galement remarquĂ© par Louise Robitail, la DRH d’EurĂ©cia, une PME toulousaine de 120 collaborateurs, qui a dĂ©mĂ©nagĂ© l’an dernier sur son nouveau campus d’entreprise de 20 500 m², créé dans une ancienne bâtisse de Castanet-Tolosan, près de Toulouse, au bord du canal du Midi. « Lors de recrutements, je vois les yeux des candidats s’illuminer », assure-t-elle. « Le campus est clairement un Ă©lĂ©ment d’attractivitĂ© », se rĂ©jouit-elle. LĂ  aussi, le campus a Ă©tĂ© vu comme un lieu de travail et de vie, avec « un super parc avec un potager et des ruches », « des espaces pour vivre des expĂ©riences, avec un planning d’activitĂ©s manuelles, de sports, une ludothèque, des confĂ©rences, des films de noĂ«l… autant d’Ă©vĂ©nements pour crĂ©er du lien et se rencontrer, ce qui renforce les sentiments d’appartenance et l’engagement », dĂ©fend la DRH. « Quand je reçois un mail d’un collègue avec qui j’ai partagĂ© un moment, je vais rĂ©agir diffĂ©remment, je vais avoir envie de mieux comprendre sa demande », dĂ©taille-t-elle.

Car c’est aussi le but des campus d’entreprise : crĂ©er de l’engagement et de la performance, grâce Ă  la qualitĂ© de vie au travail offerte. Au risque d’une confusion entre vie privĂ©e et professionnelle ? Une menace très vite balayĂ©e par Caroline Haquet, de Manutan. « Nous sommes sur la zone industrielle de Gonesse, donc si l’entreprise ne proposait rien, la vie des salariĂ©s serait beaucoup plus compliquĂ©e », assure-t-elle. Les services (contrĂ´le technique, coiffeur, manucure, pain frais, massage, pressing, rĂ©paration informatique…) sont donc apprĂ©ciĂ©s.

Sur ces campus, comme sur celui de Voyage privĂ©, rĂ©cemment construit Ă  Aix-en-Provence, le but est aussi de permettre au collaborateur de se dĂ©velopper et de s’ouvrir Ă  l’extĂ©rieur, notamment au tissu Ă©conomique et social local. Les « campus de formation » ou « universitĂ© d’entreprise » ont donc Ă©largi leurs offres avec des formations mĂ©tiers, mais pas seulement. « Nos formations en dĂ©veloppement personnel, la chorale, le théâtre sont très suivies : elles apportent autre chose », assure Elsa d’Andrea de Manutan.

Les campus d’entreprise permettent une ouverture aux autres et une intĂ©gration au tissu local

« On a vraiment voulu repenser la relation au bureau, conclut Louise Robitail d’EurĂ©cia.  Après deux ans avec beaucoup plus de tĂ©lĂ©travail, les collaborateurs ont besoin de sortir chez eux et de partager des choses avec leurs collègues : l’idĂ©e est vraiment de leur donner encore plus envcie de venir travailler au bureau. Un lieu qui a une âme, oĂą l’on retrouve des collègues engagĂ©s et oĂą l’on rencontre des gens d’associations locales, oĂą l’on peut apprendre, contribuer… L’investissement a Ă©tĂ© deux fois plus important que pour des locaux classiques mais ça vaut le coup ! ». Le campus d’entreprise apparaĂ®t donc comme une idĂ©e novatrice et Ă  explorer !

Pour en savoir plus sur les campus d’entreprise et les tendances des bureaux

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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