Vous voulez à tout prix que votre travail soit parfait ? Vous avez l’impression de ne jamais en faire assez ? Que ce n’est jamais assez bien ? Vous êtes très certainement perfectionniste, pour le meilleur… et pour le pire ! Car cette quête de perfection au travail est usante et frustrante. Sans pour autant être un gage d’efficacité. Comment s’en libérer ? Les explications de Laurence Roux-Fouillet, sophrologue et formatrice, auteure du livre “Perfectionnisme, mon meilleur ennemi : J’arrête d’en faire trop !” (1).

Qu’est-ce que le perfectionnisme ?
Laurence Roux-Fouillet. C’est la conscience du travail bien fait. Cela devient problématique quand on est dans l’hyper-perfectionnisme, c’est-à-dire la quête de faire toujours plus (en quantité) et toujours mieux (en qualité, c’est la recherche de l’excellence). C’est une utopie qui masque un besoin de reconnaissance, de l’anxiété et un manque de confiance en soi. Aux yeux des perfectionnistes, le travail réalisé n’est jamais suffisant.

Avec le risque de ne jamais le finir et de s’épuiser, non ?
Oui, tout à fait. Certains se perdent dans les détails et prennent du retard, d’autres tirent sur la corde et ne (se) mettent plus de limites au travail. Le risque majeur est alors le burn-out à force de fonctionner en permanence à plein régime. Or, le but c’est avant tout d’aboutir à un résultat satisfaisant en optimisant son temps et son énergie. Comme le dit Sheryl Sandberg dans son livre “Lean in” : “Done is better than perfect” (Fait est mieux que parfait).

Lors de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, Julia Ducournau, réalisatrice ayant remporté la Palme d’Or, a déclaré : ” Je me rends compte que la perfection n’est pas une chimère, c’est une impasse.” Cela résume bien les choses…
En effet ! La quête de perfection mène toujours à l’insatisfaction. C’est un puit sans fond. Les perfectionnistes ne prennent souvent même pas le temps d’apprécier leur travail et de se féliciter, ils passent tout de suite à autre chose. Cela vient souvent d’injonctions entendues à l’école, à la maison ou au travail. Dans les années 70, le psychologue américain Taibi Kahler a mis en évidence 5 messages contraignants, aussi appelés drivers, que nous enregistrons plus ou moins consciemment dès notre enfance et qui conditionnent nos comportements tout au long de notre existence : Dépêche-toi, sois parfait, sois fort, fais(-moi) plaisir et fais des efforts.

Comment savoir si on est vraiment hyper-perfectionniste ?
Il y a pour moi deux critères clés. Tout d’abord, votre niveau de fatigue. L’hypervigilance fatigue énormément physiquement et psychologiquement. Si vous avez de plus en plus de mal à vous concentrer, cela devrait par exemple vous alerter. Ensuite, il y a les remarques de vos collègues, de vos proches, de votre manager… Si on vous dit régulièrement que vous en faites trop, que votre besoin de contrôle est trop fort, que vous mettez la barre trop haut ou encore que vous pourriez déléguer, là encore c’est un signal d’alerte.

Quels seraient vos conseils pour se libérer du perfectionnisme ?
Mon premier conseil, c’est d’en prendre conscience. Pour cela, il est nécessaire de travailler sur la petite voix intérieure qui vous demande d’en faire toujours plus, qui n’est jamais satisfaite. A qui appartient cette voix ? A qui voulez-vous prouver quelque chose ? Ensuite, prenez le temps d’identifier vos besoins et respectez votre énergie. Quelles sont vos priorités ? Sur quoi pouvez-vous lâcher prise sans que cela impacte réellement la qualité de votre travail ? A quoi pouvez-vous dire non ? Que pouvez-vous déléguer ? A l’inverse, où est votre valeur ajoutée ?

Et quand la charge mentale déborde, que faire ?
La charge mentale est souvent trop importante chez les perfectionnistes car leur conscience et leur vigilance sont très affutées. Je leur conseille de noter tout ce qu’ils ne veulent pas oublier pour alléger leur cerveau. Cela évitera qu’il scanne en permanence la liste de tout ce qui doit être fait. Cela soulage et rassure.

(1) Larousse.

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Photo de Karolina Grabowska provenant de Pexels

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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