Triple champion du monde de ski acrobatique et premier champion olympique de l’épreuve de ski de bosses aux JO d’Albertville en 1992, Edgar Grospiron est conférencier depuis une quinzaine d’années. Son thème fétiche ? La motivation, aussi nécessaire pour remporter des victoires sportives que pour s’épanouir sans sa vie professionnelle. Interview.

Vous avez quitté les podiums sportifs pour le monde de l’entreprise, comment s’est passée la transition ?
La transition s’est faite par des rencontres : un consultant avait développé une théorie autour de la motivation ; moi, j’étais dans la pratique, mais je trouvais intéressantes ses réflexions. J’ai ensuite voulu partager mon expérience, pas pour raconter ma vie, mais parce qu’il y a un point commun entre le sport et le travail : ce sont des aventures humaines qui doivent tendre vers la performance. C’est ça qui donne sa raison d’être dans une compétition sportive, comme en économie. Pour y arriver il faut être centré sur un métier, ce qui implique la motivation, le métier et le management.

Vous abordez souvent ce thème de la motivation. Comment la définissez-vous et où la trouver ?
La motivation, c’est l’énergie individuelle de chaque personne qui compose une organisation. C’est l’énergie qui permet de se lever le matin, de faire son job et de rentrer le soir avec plus d’énergie encore que lorsque l’on est parti le matin. C’est l’énergie du plaisir. Il y a d’autres énergies : la passion, la volonté, la survie, mais pour moi, la motivation est différente, plus positive. On la trouve dans le sens que l’on met dans son métier. Vouloir être champion olympique -ou faire du chiffre d’affaires – est une source de motivation, mais n’est pas un but en soi. L’ambition seule ne suffit pas, mais c’est parce que l’on a un rêve que la motivation arrive. Il ne faut jamais laisser quelqu’un d’autre vous dire quel est le sens de votre vie. Le sens est lié au sentiment d’utilité : à quoi et à qui vous souhaitez être utile ? C’est une question personnelle à se poser, même si, bien sûr, des influences jouent car on a tous besoin de briller dans le regard des gens qui sont importants pour nous.

Pourquoi avoir eu envie de partager tout ça ? Vous imaginiez cette reconversion pendant votre carrière de sportif ?
Pas du tout ! Mais le plaisir est pour moi une source de motivation. J’aime rencontrer des gens, les faire rire. Seul, face au public de mes conférences, je prends du plaisir. J’ai aussi pas mal d’autodérision, je n’ai pas tout gagné : dans le sport, on vit plus d’échecs que de victoires, c’est comme les commerciaux qui se prennent pas mal de portes. J’ai toujours en face de moi des gens brillants, et alors que moi je n’ai pas été longtemps à l’école, ils m’écoutent. Je leur dis des choses qu’ils n’ont jamais entendues. Par exemple, à l’école on les encourage à travailler leurs points faibles. Dans le sport, on se distingue grâce à ses forces, on travaille dessus car elles sont sources de réussite. Il y a un lien entre ce qu’on aime et là où on est bon.

C’est quoi le bien-être au travail pour vous ?
C’est être bien dans sa peau et dans son job, avoir un sentiment de maîtrise et de progrès. Ce n’est pas parce que l’on maîtrise que l’on sait tout ! Pour moi, la qualité de vie au travail, c’est aussi la qualité des relations que l’on entretient avec les managers et collègues. Et c’est le plus difficile, car on ne les choisit pas et que chacun a ses valeurs, ses ambitions, ses principes. Souvent les clashs ont lieu sur des questions de valeurs. Le rôle du manager est d’emmener tout le monde sur un projet, en faisant grandir chacun. Une boîte, c’est de l’énergie et des métiers : le manager ne doit pas biberonner ses équipes, mais canaliser cette énergie pour faire avancer les métiers.

Apprendre à canaliser les énergies, se concentrer… Avez-vous des astuces pour y arriver au quotidien ?
Je pense que tout se travaille. Je n’ai pas d’astuces pratiques, mais pour moi se concentrer ne doit pas être un effort, donc le sujet doit être enthousiasmant. Souvent, je parle de concentration sous la pression : l’important est de savoir répéter les gestes de son métier. Comme le champion de ski connaît ses gestes, chaque métier a les siens, même si dans la vie professionnelle on ne les identifie pas. Par exemple, quand on est manager, dire bonjour le matin signifie regarder les gens dans les yeux, leur tendre une poignée de main franche… Ce sont les gestes qui font le métier. Une poignée de main molle ou un regard fuyant laissent entendre que le manager n’est pas ouvert à discuter, ça peut créer des frustrations et une mauvaise ambiance.  C’est valable dans tous les secteurs, pour tous les métiers.

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Crédits photos : ®Studio404 et ® CIO Sylvie Chappaz

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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