Vous pensez que ce sont les contraintes (deadlines, comptes à rendre, objectifs à atteindre) qui sont à l’origine du stress au travail ? Vous vous trompez. Ça peut évidemment être une source de stress, surtout si les objectifs sont inatteignables et les délais impossibles à tenir. Mais ne pas en avoir n’est pas forcément moins stressant. Et je suis en train d’en faire l’expérience…

Vous savez peut-être par une précédente chronique que j’ai quitté au début de l’été mon job en RH pour créer ma boite. Dans un premier temps, forcément, on n’a pas des tonnes de clients, donc ça laisse plein de temps. Quasiment pas de deadlines, ni de contraintes : je peux aller au sport, faire du shopping, voir mes amis quand je veux. Bref, la liberté ! Génial, non ? Et bien non…

Enfin pas seulement. Même si je savoure ces bons côtés, j’ai découvert des difficultés auxquelles je ne m’attendais pas du tout. En fait, je pense que je n’ai jamais été aussi stressé de ma vie ! Non pas par peur de ne pas avoir de quoi vivre ou peur que ça ne marche pas. Non, non, stressé par des choses du quotidien. Car quand il n’y a plus de contraintes, cela veut dire qu’il n’y a plus de limites. Et ça, c’est stressant !

Plus de limite d’espace : je travaille de chez moi donc il n’y a plus un lieu de travail, qu’on quitte quand on a fini. Quand il y a un lieu de travail, même quand on travaille de chez soi, on sait que c’est une exception au cadre, pas la norme.

Plus de limite de temps : finie la semaine de 5 jours, vive la semaine de 7 jours ! Et vive la journée de 24 heures ! Je peux travailler quand je veux, mais ça veut donc dire que je peux travailler aussi le week-end, la nuit…

Plus de limite de travail à faire : en commençant, la liste de ce que je peux faire est infinie. J’ai des idées de chroniques, d’articles, de livres, de conférences, de formations à ne plus en finir. J’ai de quoi m’occuper pendant des milliers d’heures ! Je me suis retrouvé totalement stressé en septembre dernier en voyant tout ce que j’avais à faire avant de partir une semaine en vacances. Tout ce que j’avais à faire ? Non : tout ce que j’avais choisi de faire ! Je me retrouvais stressé par ce que je m’étais moi-même infligé et dont personne n’avait rien à faire si je ne le faisais pas ! Totalement idiot et inutile… Mais c’était le piège dans lequel j’étais tombé. Tout ça parce que j’étais tout excité, comme un gamin qui trépigne devant un nouveau jeu.

Alors comment j’ai fait ? Deux choses :

– Non pas planifier mon temps de travail, mais planifier mes loisirs et moments de détente, pour être sûr qu’ils ne passent pas tout le temps à la trappe.

– Planifier ce que je choisis de faire et observer ma tête qui fait tout pour me dire que ce n’est pas assez ou que c’est très grave si je ne fais pas tout ce qu’il y a sur ma liste (alors que c’est faux). Et choisir à nouveau ce qui est fait et ce qui le sera plus tard (ou pas du tout). Si j’observe du stress et de l’agitation parce que « je n’en fais pas assez », je m’arrête : j’arrête de bosser ! Car c’est le signe, non pas qu’il faut que j’en fasse plus, mais que j’ailler me détendre, faire un peu de méditation et me poser.

Et vous savez quoi ? Et bien, ça ne suffit pas ! Mon job principal c’est de créer, d’avoir des idées. Et ma tête s’y emploie. A temps plein… Quand je regarde une série télé, il m’arrive de prendre 10 fois mon calepin pour être sûr de ne pas rater une idée qui vient de me passer par la tête. Je peux avoir une pièce et des moments pour travailler, faire la liste de ce que je veux faire, mais je comment je fais pour éteindre mon cerveau ? Je suis sur le coup en ce moment (peine perdue, à mon avis).

J’ai bien conscience que mon cadre de travail est une chance et mon but n’est évidemment pas de me plaindre. C’est juste de souligner que les contraintes sont une source de stress mais aussi des bornes qui limitent le stress. Quand ces contraintes ne viennent pas de l’extérieur, on est obligé de se les créer pour fonctionner sereinement. Sans la possibilité de se plaindre de la personne qui nous les impose, mais avec la chance de pouvoir les changer…

Ancien directeur du développement des talents chez KPMG, psychologue clinicien, thérapeute spécialisé en thérapies comportementales et cognitives (TCC) et en thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), Christophe Deval est associé fondateur de A.Life, co-auteur de “Simplifiez vos relations avec les autres” et “Découvrir l’ACT” (Intereditions). Plus d’infos : www.a-life.fr et  www.act-life.fr

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Diplômé de l’ESSEC, psychologue clinicien et thérapeute praticien en thérapies comportementales et cognitive, Christophe Deval est spécialisé dans le développement de la flexibilité psychologique et comportementale et l’ACT (Acceptance and Commitment Training). Après 5 ans d’expérience en audit financier, puis 15 ans en ressources humaines, il a quitté KPMG où il était Directeur du Développement des Talents jusqu’en 2018 pour créer la société A.Life, dont la vocation est de développer l’agilité individuelle, relationnelle et collective, et plus généralement les soft skills internes. Il est co-auteur de « Vous avez tout pour réussir », « Simplifiez vos relations avec les autres » et auteur de « Découvrir l’ACT ». LinkedIn

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