La colère est l’une des émotions les moins admises au bureau et dans la société en général. Comment faire pour la ressentir (on ne peut l’empêcher !) sans l’exprimer de façon inadéquate ? Comment utiliser son énergie pour avancer et la transformer en un moteur nécessaire pour avancer, et travailler ? Explications.

Envoyer votre café à la tête de votre boss n’est évidemment pas admis en open-space ! De même, devenir rouge de colère, claquer la porte ou envoyer valser la pile de dossiers n’apparaîtra pas à vos managers ou DRH comme une grande preuve de maturité. Pourtant la colère est une émotion comme une autre et l’on ne peut s’empêcher de la ressentir. Alors, comment la gérer au boulot ?

« Ce n’est pas la colère que l’on doit gérer, mais l’expression de la colère », corrige d’emblée Catherine Tournier, co-autrice de Transformez votre colère en énergie positive (Emmanuel Portanéry, Catherine Tournier, Jean-Louis Muller, Nathalie Dedebant ; Eyrolles). « Vivre une émotion, c’est bon signe, c’est que l’on est vivant », encourage quant à lui Etienne Roy, coach de dirigeants et coauteur de l’ouvrage Du bon usage des émotions au travail (ESF Editeur). « Il y a souvent un amalgame entre ressentir et exprimer », éclaire-t-il. « J’invite tout le monde à ressentir ses émotions, et la colère en fait partie, mais la question est : qu’est ce que j’en fais ? »

A cette question, les réponses sont variées. « Quand je ressens de la colère en réunion ou devant mon chef, est-ce que je l’exprime ou pas ? », interroge Etienne Roy. « Mieux vaut dire : mon cher patron je ressens de la colère, que d’en venir aux mains », poursuit-il.

Ne pas confondre le déclencheur et la cause

Cette réaction – verbaliser l’émotion – est un apprentissage, utile au travail comme en dehors. « C’est un apprentissage pour ressentir les signaux faibles avant la respiration qui s’accélère, le cœur qui palpite, ou les couleurs qui montent au visage : ce qui nous différencie de l’animal est le travail de la conscience », encourage Etienne Roy. En repérant ces signaux, on peut ensuite déminer la situation, ne pas se laisser embarquer par la colère, tel un animal ou la masquer et la voir se transformer en tristesse, en stress voire en rire incontrôlé…

« La colère est déclenchée par un stimulus… qui n’entraînera pas la même réaction chez tout le monde », reprend  Catherine Tournier. Selon le psychologue Boris Guimpel : « La colère apparaît quand la réalité ne correspond pas à notre attente de nous-même ou des autres. Sa fonction est donc de nous informer mais surtout d’informer l’autre que l’on n’est pas satisfait, qu’il doit réagir pour correspondre à notre désir. C’est un impératif qui est là annoncé, une obligation à remplir, la possibilité d’un refus n’est pas envisageable. »

Mais il ne faut pas confondre le déclencheur et la cause. Par exemple, vous explosez car un collègue ne vous a toujours pas rendu le dossier attendu depuis quinze jours. Pourquoi lui attribuer la faute ? Ma réaction m’appartient. « On peut ne pas sortir les gants de boxe mais plutôt questionner le collègue, “pourquoi ne rend-t-il pas ce dossier ?”, peut-être n’a t-il pas réussi à prioriser ou n’a-t-il pas osé poser les questions nécessaires à la remise de la copie ? Mon besoin d’efficacité n’est pas satisfait, mais cela nécessite-il d’insulter le collègue ? » illustre Catherine Tournier. Analyser les besoins respectifs permettra de voir les besoins insatisfaits de l’autre, avant d’exprimer les siens.

Revenir dessus après-coup

Evidemment, on ne change pas de manière de fonctionner du jour au lendemain, et la colère peut encore vous déborder même si vous avez décidé que jamais plus on ne vous y reprendra.

« Mieux vaut alors laisser retomber l’émotion et revenir dessus après coup », conseille Etienne Roy. « Cela m’est arrivé de dire : “Je n’aurais pas du réagir de façon aussi ferme, mais je suis arrivé ce matin-là remonté à cause d’un problème personnel et je n’aurais pas du exploser quand tu m’as présenté le dossier comme ça, mea culpa” », encourage-t-il. « Sauf à être Bouddha, on réagit tous parfois de manière trop brusque », regrette aussi Catherine Tournier. « Mais rien n’est définitif, sauf la mort. On peut revenir deux jours après sur ce qui s’est passé pour fermer la situation : cela permet de s’entendre à notre niveau humain, car derrière le collègue, c’est peut-être l’homme que l’on a blessé », analyse-t-elle. Autour d’un café de manière informelle, ou en demandant un entretien plus officiel, on peut alors expliciter la situation, et échanger de manière réfléchie, avec des mots que l’on a cette fois préparés.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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