Laurence Moulin, 47 ans, est formatrice en développement personnel. Elle vient de fonder Aobora, qui propose conseil et accompagnement en développement personnel au travail comme à la maison.


laurence-moulin-aobora-01Mon parcours.
Après avoir travaillé dans le privé, en free-lance, puis au sein d’une collectivité, il me restait un terrain non exploré, la création d’entreprise. J’ai fondé ma société, Aboneobio, en 2007. L’idée ? Vendre des produits biologiques pour le corps et la maison, via un site internet et un système d’abonnement sur un an. J’ai été lauréate de l’appel à projet innovation numérique de la région Pays de la Loire. Mon moteur était d’accompagner les gens dans une consommation plus saine et plus éthique sur des produits qu’on a tous dans nos placards (hors alimentation). Sur ce concept, j’étais précurseur. J’ai cherché une équipe, des associés, mais les rencontres tardaient à venir. Je pensais que ce projet était juste pour moi et, pour autant, je n’arrivais pas à passer l’étape d’après, celle du déploiement. Je m’étais donné cinq ans. Ayant des relations privilégiées avec mon fournisseur principal, quand j’ai souhaité revendre, la passation s’est faite naturellement. C’était important pour moi qu’Aboneobio poursuive sa route.

Dans le même temps, j’ai fait un travail sur moi depuis la naissance de mes filles, car être parent, forcément, ça amène des questions sur soi, des prises de conscience. Mon corps m’a amené sur des pratiques de santé alternatives, j’ai expérimenté et fait de belles rencontres. Et puis, j’aime écouter les gens, je dispose de qualités d’empathie. La richesse de mon parcours de vie m’amène à comprendre ce que les uns et les autres peuvent ressentir, mais aussi à témoigner de l’étape d’après.

Pour me reconvertir, j’ai suivi des formations, parfois sur des approches alternatives, parfois sur des méthodes très à la mode (l’approche de Google Search « Inside Yourself » par exemple). Mais je crois que l’on apprend davantage en vivant l’expérience, en l’intégrant dans chaque cellule de notre corps. Ma vie est mon apprentissage, et c’est la meilleure école. Je ne suis pas adepte des méthodes. Je suis une créatrice dans l’âme, donc je fais ma “propre cuisine” en mixant les approches, et en composant avec ce qui m’a aidé à avancer, notamment des lectures. Je suis intuitive, alors je me laisse aussi guider par ce que je ressens. Les rencontres sont aussi très formatrices. L’exemplarité, ça marque. La diversité, ça nourrit.

Des appréhensions ? Oui, celle d’être à la hauteur. J’ai souhaité mettre en place des ateliers tests avant de commercialiser mon offre, pour voir comment la matière que j’avais imaginée était perçue, vécue. J’ai donc réalisé plusieurs fois mon programme de quatre ateliers avec des personnes testeuses qui en retour de la gratuité me partageaient en toute objectivité leurs impressions. J’ai constaté que je n’avais que quelques réglages à la marge à ajuster, ce qui m’a confortée dans la confiance que je pouvais aider à travers ces ateliers. Puis ces premiers clients testeurs sont passés à l’action, et ce fut un réel plaisir de voir ces transformations profondes s’opérer en eux. Cela a aussi participé à la confiance que j’étais au bon endroit. Enfin, j’ai observé qu’animer ces ateliers ne me fatiguait pas, mais au contraire m’apportait un ressourcement, là aussi une information précieuse qui indique que je suis bien dans mon rôle.

Les difficultés. Elles sont liées au fait d’être sur une approche encore précurseur. Permettre d’améliorer la performance d’une entreprise en favorisant le bien-être (ou plutôt l’être bien) de ses collaborateurs est un sujet encore peu évoqué. Et pourtant, mieux se connaitre, connaitre son mode d’interaction avec les autres, savoir rester ancré dans l’ici et maintenant sans partir dans son mental, ses peurs et ses projections, et être au clair sur son projet de vie, ce qui fait sens pour soi, tout cela est essentiel pour que chaque collaborateur arrive le matin heureux de contribuer au développement de l’activité de sa société.

Je ne suis pas une commerciale dans l’âme, je suis une femme passionnée. Je ne suis donc pas naturellement enclin à prendre mon téléphone pour faire de la prospection, je préfère le mouvement naturel de la vie et le bouche à oreilles. Alors, forcément, ça prend plus de temps de développer son activité. Mais le temps est relatif, ce qui m’importe c’est la qualité du vécu. Mes clients sont satisfaits et c’est l’essentiel pour moi. Je sème mes graines, la récolte viendra quand ce sera le moment. Je n’ai aucun regret. J’ai plaisir à participer à rallumer cette étincelle au fond des yeux de ceux qui l’avaient parfois oubliée. J’ai plaisir à voir leur visage s’éclairer. J’ai le bonheur d’assister à de profondes métamorphoses.

Mon conseil. Oser écouter ce qui vous fait vibrer. Se donner la permission d’essayer, se donner une chance de vivre ce qui nous anime, accepter que le succès ne soit pas forcément au rendez-vous et que ce qui compte c’est d’avoir osé, de s’être lancé dans l’aventure avec l’envie et l’énergie d’y contribuer. Sans quoi, son âme se rétracte, on se lève avec plus de mal le matin, on perd sa joie de vivre, et le corps nous envoie quelques alertes. Quand on aime ce que l’on fait, le temps ne compte pas, et on ressort de son activité rechargée. Les choix ne doivent pas être guidés par la peur et le manque, mais connectés au plus profond de soi, sur cette vibration de ce qui nous anime vraiment.

Les clés pour que ça marche. Etre passionné, s’entourer, se faire confiance, s’autoriser à échouer (et ce n’est pas un échec, c’est une expérience !) être bien aligné avec ce qui nous anime, être congruent aussi. Se donner du temps, écouter les messages de son environnements, observer les synchronicités, voir quand c’est fluide ou quand ça résiste. Ecouter en soi aussi ses propres freins, accueillir ses limites. Mais dans tous les cas, la question n’est pas que ça marche ou pas. C’est de partir en se disant “Je fais l’expérience de vivre cela”, ça oblige à la responsabilité et en même temps au lâcher prise (je ne peux pas contrôler les enjeux de la vie, mais je suis responsable de ce que je choisis de croire ou pas, et en fonction de cela je vais m’attirer des situations en résonance).

Crédit photo : pexels.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

3 Commentaires

  1. Cet article, c’est moi on dirait. Ce témoignage ressemble étrangement à ma vie, à ma façon de penser. Ce sont les mots posés sur l’expérience qui me parlent oui. Merci pour cela. Je veux arriver à cela. mais tout d’abord, m’écouter.

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