Dépréciation de soi, perpétuelle insatisfaction, auto-critique toujours négative… Avoir une faible estime de soi, en voilà un problème très répandu. Comment en expliquer les origines ? Comme le rappelle Christophe Deval dans sa chronique, il y a des causes culturelles, mais aussi psychologiques…

Quelles différences entre “estime de soi” et “confiance en soi” ?

Estime de soi et confiance en soi ne sont pas synonymes. L’un porte sur l’être (jugement sur soi) et l’autre sur le faire (jugement sur sa capacité à faire). Evidemment les deux sont étroitement corrélés mais pas interchangeables. C’est pour cela qu’au travail on se permet de dire « il faudrait que tu aies plus confiance en toi » et non « il faudrait que tu aies une meilleure estime de toi ». La confiance en soi est plus visible et modifiable : on peut en effet agir en montrant de la confiance, même si on ne la ressent pas.

La théorie de l’attachement

Certains psychologues considèrent qu’environ une personne sur deux souffre d’un problème d’estime de soi. Ils s’appuient pour cela sur la théorie de l’attachement. Une personne a ce qu’on appelle un attachement sécure qui provient de parents fiables, aimants, présents sans être intrusifs. Ces personnes auraient une bonne estime de soi.

Les autres types d’attachement sont dit insécures (anxieux, évitant, désorganisé), en lien avec des parents absents, peu fiables, intrusifs ou surtout dont l’amour était absent ou conditionnel, en particulier conditionné à la performance, par exemple scolaire. Ces personnes auraient une estime de soi basse ou, en tout cas, instable.

Mais si avoir une mauvaise estime de soi est aussi répandu, il faut sans doute regarder au-delà de l’individu…

Le poids de notre passé

Concernant l’évolution de l’espèce, il faut nous rappeler que nous sommes des primates et qu’est donc ancré dans notre héritage génétique le désir d’être au-dessus du lot, vestige de l’époque où être un mâle ou une femelle dominant.e donnait un accès privilégié aux ressources alimentaires et aux partenaires sexuels (donc favorisait la survie). Autre héritage du passé de l’espèce humaine : l’époque où être ostracisé, exclu.e du groupe était synonyme de mort. D’où ce besoin d’être accepté, valorisé plutôt que rejeté, bref d’être suffisamment bien.

Les causes culturelles d’une faible estime de soi

Pour la culture, depuis notre enfance nous sommes « classés » et on compare notre performance aux autres élèves à l’école, puis à nos collègues au travail. Le fait d’être en-dessous de la moyenne en termes de performance peut se traduire par un sentiment (erroné) de ne pas être à la hauteur en tant que personne.

Toujours sur la culture, les réseaux sociaux, par la puissance et la sélectivité de ce qui y est publié (les moments positifs forts de la vie des gens, pas leurs moments de déprime en général), font que nous pouvons en tirer la conclusion (encore erronée) que la vie doit toujours être exaltante et joyeuse et que, sinon, c’est qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez nous.

Enfin, le développement personnel avec des accroches du types « les 5 clés de la réussite » ou « les 3 secrets des couples heureux » font croire (à tort) que ces sujets sont simples et que, si on n’y arrive pas, c’est que nous sommes le problème.

Les causes psychologiques du manque d’estime de soi

Enfin sur le plan psychologique, lorsque notre cerveau n’est pas occupé à une tâche, c’est ce qu’on appelle le mode par défaut qui prend les commandes. Il amène (entre autres) à l’introspection, autrement dit aux pensées sur soi. Le problème est que ces pensées ont tendance à être négatives. Il y a également les propriétés du langage et donc de la pensée humaine. D’autres animaux savent comparer des objets entre eux selon leurs propriétés physiques mais les petits humains sont les seuls à apprendre à comparer sur le plan symbolique, par exemple de la valeur. La preuve, assez jeune, on comprend qu’une pièce d’un euro vaut plus qu’une pièce de cinquante centimes même si celle-ci est physiquement plus grosse. C’est ce qui fait qu’on va apprendre très tôt à comparer notre valeur à celle des autres.

Pour toutes ces raisons, vous avez compris que la question de l’estime de soi n’est pas près de s’en aller. Ce qui ne nous empêche pas d’essayer de régler la question, en luttant en permanence, notamment pour être à la hauteur en termes de performance ou au-dessus des autres. Le problème est que la victoire est fragile : on ne peut pas être au top tout le temps et toute sa vie et on revient à la case départ.

Alors comment faire mieux ? C’est le programme de la prochaine chronique.

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Diplômé de l’ESSEC, psychologue clinicien et thérapeute praticien en thérapies comportementales et cognitive, Christophe Deval est spécialisé dans le développement de la flexibilité psychologique et comportementale et l’ACT (Acceptance and Commitment Training). Après 5 ans d’expérience en audit financier, puis 15 ans en ressources humaines, il a quitté KPMG où il était Directeur du Développement des Talents jusqu’en 2018 pour créer la société A.Life, dont la vocation est de développer l’agilité individuelle, relationnelle et collective, et plus généralement les soft skills internes. Il est co-auteur de « Vous avez tout pour réussir », « Simplifiez vos relations avec les autres » et auteur de « Découvrir l’ACT ». LinkedIn

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