Nous avons tous un héritage familial ayant pesé d’une façon ou d’une autre sur nos choix de vie, consciemment ou inconsciemment. Si cette empreinte familiale peut se révéler positive, elle peut parfois être lourde à porter, notamment lorsqu’elle réduit notre champ d’horizon professionnel.

Psycho ? Mes parents me disaient “aucun débouché“, “Paysagiste ? Pas assez sérieux pour eux“, “Prof de sport ? Alors qu’ils sont tous notaires dans la famille… impensable. Ce n’était pas dans la logique familiale“. Combien d’adolescents ont entendu ce type de phrases parentales au moment de faire leurs premiers choix d’orientation ? Parfois clairement verbalisées, parfois implicites, elles impactent dès notre plus jeune âge notre représentation des métiers et, plus largement, nos choix de vie. Rares sont les jeunes ayant une envie claire et précise de ce qu’ils veulent faire plus tard et c’est bien normal. On nous demande de choisir (presque de façon définitive puisqu’il est rare d’entendre à cet âge là que l’on peut choisir une orientation et en changer au cours de sa vie) alors que l’on ne se connaît pas forcément très bien.

Le poids du bagage familial

Nous avons tous vécu les limites du système d’orientation français : proposition de métiers (souvent en fonction de nos résultats et performances scolaires, mais rarement en fonction de nos appétences naturelles, de nos goûts et de nos envies profondes). Face à ce système parfois lacunaire et non individualisé, les choix de carrière initiaux se font souvent en fonction de ce fameux bagage familial. Si ce dernier est parfois extraordinaire lorsqu’il nous permet de nous construire fidèlement à ce que nous sommes, il peut être limitant lorsqu’il ne nous permet pas de faire NOS choix et d’envisager toute la palette des métiers existants. Je ne compte plus les personnes sonnant à notre porte après une première carrière décidée par défaut. Pour faire plaisir aux parents. Pour réaliser leurs rêves inassouvis. Par loyauté familiale. Pour ne pas rompre la chaîne de transmission intergénérationelle. Parce que leurs parents avaient peur qu’ils fassent le mauvais choix en empruntant une voie sur le papier loufoque, de niche ou difficile d’accès. Parce que dans la famille, il faut faire un métier prestigieux, etc.

Change de v(o)ie pour se (re)trouver !

Les reconversions professionnelles prennent fréquemment racines dans ces “non choix” initiaux. Après cinq ans, dix ans ou quinze dans une profession non vraiment choisie, la prise de conscience arrive. On ne se reconnaît pas là où on est. On ne sent pas à la bonne place, au bon endroit. On se sent en décalage avec nos valeurs et aspirations. S’il est évidemment possible de changer de v(o)ie et de se réorienter à tout âge (bénit soit l’engouement actuel pour la reconversion modifiant un peu les mœurs et la perception rigide des carrières toutes tracées !), cela ne se fait pas toujours aisément. Beaucoup se retrouvent en situation d’épuisement professionnel (burn-out) parce qu’ils ont été trop longtemps en sur-adapation, à contre-courant d’eux mêmes pendant des années. Ou en situation de bore-out (ennui au travail).

S’affranchir c’est le mot clé ! Mais ce n’est pas si simple que ça en a l’air… A 18 ans, comme à 40 : “On m’a toujours dit que je ne pourrai pas vivre de ma passion, le théâtre. Que c’était bien en loisir, mais que ce n’était pas un métier. On ne m’a jamais soutenu dans cette envie profonde que j’avais de devenir comédien. Clairement, j’ai raté ma vocation et le regrette amèrement aujourd’hui” (Jules, 37 ans, manager). Sabine a connu le même empêchement de carrière : “j’ai toujours rêvé de faire psycho. Mais pour mes parents, à l’époque, c’était une voie sans débouché, un peu pour les guignols. Aujourd’hui je ris jaune vu le développement de la profession et les besoins des Français en la matière, surtout depuis le Covid !”.

Faire le point sur son empreinte familiale

Les choix de carrière nous appartiennent et devraient être appréciés à l’aune de nos envies profondes. Mais, pour cela, encore faut-il bien se connaître, savoir qui l’on est et ce que l’on veut. Il est heureusement possible de se découvrir à n’importe quel âge. Les aspirants à la reconversion passent d’ailleurs très souvent par la découverte du développement personnel et du bilan de carrière pour cheminer, se trouver et découvrir ce dont ils ont vraiment envie. Faire le point sur l’influence de son bagage familial (que l’on appelle également “l’empreinte familiale”) est important lorsque l’on envisage une reconversion : il s’agit de prendre sa vie professionnelle à la racine pour voir comment on a poussé. La racine était-elle saine ? A-t-elle fait pousser une jolie fleur ou de la « mauvaise herbe » ? Une chose est certaine en tous les cas : il n’est jamais trop tard pour éclore

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Photo de Victoria Borodinova provenant de Pexels

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Ex-chasseuse de tête, enseignante-chercheur en droit des affaires, Marina Bourgeois est la dirigeante d’Oser Rêver Sa Carrière, cabinet spécialisé en transition de carrière et épuisement professionnel. Elle est aussi l’auteure de Burn-out. Le (me) comprendre & en sortir, 2018.

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