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MenĂ©e auprĂšs de 1024 salariĂ©s de l’ensemble des secteurs d’activitĂ©s, la derniĂšre enquĂȘte de Deloitte et Cadremploi s’intĂ©resse Ă  la qualitĂ© de vie au travail. Quelles sont les aspirations des Français en matiĂšre de bien-ĂȘtre au travail et d’équilibre de vie ? Quid de la bienveillance et des sources de stress en entreprise ? SynthĂšse.

“L’attente de bienveillance surgit aujourd’hui comme une sorte d’invitation Ă  faire de la relation dans le monde du travail autre chose que ce qu’elle est, explique Marc Grassin, philosophe, co-directeur de l’Institut Vaugirard-HumanitĂ©s et Management, enseignant Ă  l’Essec, en prĂ©ambule de l’Ă©tude. Il y a lĂ  un signe des temps qui dit bien plus que la simple aspiration Ă  un bien-ĂȘtre au travail, Ă  la gestion des risques psychosociaux, Ă  la bientraitance et autres modalitĂ©s organisationnelles. Car la bienveillance n’est ni un concept managĂ©rial, ni un concept organisationnel, mais un engagement de soi vis-Ă -vis de l’autre, une sorte d’élĂ©mentaire humain. Les hommes et les femmes au travail en appellent Ă  une maniĂšre d’ĂȘtre en relation particuliĂšre les uns vis-Ă -vis des autres, car ils pressentent que le monde du travail n’est humain que sous certaines modalitĂ©s relationnelles. Peut-ĂȘtre vivons-nous un tournant dont il faut prendre la juste mesure. La duretĂ© des relations au travail, la pression organisationnelle et managĂ©riale, la fragilisation des sociĂ©tĂ©s modernes rendent visible le besoin de relations humaines bienveillantes. Le clivage entre ce que nous sommes et aspirons Ă  ĂȘtre et les tĂąches Ă  faire ne convient plus au monde d’aujourd’hui.”

Pour 86% des sondĂ©s, la bienveillance peut constituer un fondement de la culture d’entreprise. C’est particuliĂšrement le cas pour les jeunes gĂ©nĂ©rations (18-24 ans) qui sont 9/10 Ă  ĂȘtre d’accord avec cette affirmation. Cela peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un souhait pour la majorité des rĂ©pondants dans la mesure oĂč seulement 53% d’entre eux estiment que la bienveillance est un trait caractĂ©ristique de leur organisation actuelle. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il existe une corrĂ©lation croissante entre le statut des salariĂ©s et le sentiment de bienveillance au sein de l’organisation : plus on occupe un statut Ă©levĂ©, plus on estime que la bienveillance est prĂ©sente dans son organisation. Ces disparitĂ©s peuvent questionner la dĂ©clinaison en comportements de cette bienveillance et la maniĂšre dont elle est diffusĂ©e, notamment auprĂšs du middle management.

Si la qualitĂ© de vie au travail est le fruit d’expĂ©riences, d’attentes et d’interprĂ©tations personnelles, et s’apprĂ©cie diffĂ©remment selon les individus, ces Ă©carts sont rĂ©vĂ©lateurs d’une corrĂ©lation entre le statut et la qualitĂ© de vie au travail : plus on occupe un statut hiĂ©rarchique Ă©levĂ© dans l’organisation, plus on est en mesure de manifester une satisfaction vis-Ă -vis de sa qualitĂ© de vie au travail.  90% des rĂ©pondants affirment qu’il n’existe pas de programme de bien-ĂȘtre au sein de leur organisation. Pour les 10% restants, ces programmes sont essentiellement des programmes de prĂ©vention du stress et, dans une moindre mesure, des programmes de gestion du temps et de coaching/accompagnement.

On constate des disparitĂ©s des niveaux de stress en fonction de la localisation gĂ©ographique. Les Franciliens ont un niveau de stress moyen plus Ă©levé que celui des rĂ©pondants basĂ©s en rĂ©gions (+7%). Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs dont le cadre de vie (population, transports, coĂ»t de la vie, concentration des activitĂ©s et centres de dĂ©cision
) et la concentration de cadres supĂ©rieurs en rĂ©gion parisienne, dont le niveau de stress est plus Ă©levĂ©.

On constate un Ă©cart de 10 points entre la satisfaction des 18-24 ans (72%) et celles des 55-64 ans (62%), qui peut s’expliquer par une redĂ©finition de la frontiĂšre entre vie privĂ©e et professionnelle par la gĂ©nĂ©ration Z. Peu de disparitĂ©s sont Ă  noter entre les hommes (66%) et les femmes (64%).  Hors du cadre professionnel, les soirs ou les jours de congĂ©s, 41% des rĂ©pondants travaillent ou consultent leurs emails professionnels souvent, voire rĂ©guliĂšrement. Pour les rĂ©pondants qui possĂšdent des outils de mobilitĂ© (tĂ©lĂ©phone, laptop
), cette proportion est plus importante et s’élĂšve à 70%. On constate Ă©galement des Ă©carts gĂ©nĂ©rationnels importants : les 18-24 ans qui consultent leurs mails hors cadre professionnel sont deux fois plus nombreux que les 55-64 ans.

Qui doit incarner et diffuser cette bienveillance au sein de l’entreprise ? Pour les rĂ©pondants, la rĂ©ponse est claire : plus des trois quarts d’entre eux estiment que cette responsabilitĂ© doit ĂȘtre partagĂ©e entre la direction gĂ©nĂ©rale et le management. La fonction de Chief Happiness Officer reste mĂ©connue de la grande majoritĂ© des rĂ©pondants (86%), tout particuliĂšrement les non cadres. La vision de son rĂŽle et de ses responsabilitĂ©s au sein de l’entreprise n’est pas clairement identifiĂ©e, mĂȘme si prĂšs de la moitiĂ© des personnes interrogĂ©es considĂšre qu’il doit en prioritĂ© instaurer de bonnes conditions de travail et remettre l’humain au cƓur des prĂ©occupations.

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CrĂ©dit photo :  © Markus Mainka – Fotolia

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DiplĂŽmĂ©e de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondĂ© My Happy Job en 2016. Elle en a Ă©tĂ© la rĂ©dactrice en chef jusque fin 2022. ConfĂ©renciĂšre et journaliste, elle a Ă©crit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "TĂ©lĂ©travail" (Vuibert). Elle a aussi co-Ă©crit “2h chrono pour dĂ©connecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). PassionnĂ©e par les questions de mixitĂ©, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au fĂ©minin" (Michalon).

2 Commentaires

  1. Bonjour,
    Tout d’abord merci pour votre synthĂšse du rapport. J’aimerais savoir s’il vous serait possible de partager aussi les sources que vous avez utilisĂ©es ? Cela me permettra de me rĂ©fĂ©rer au document original pour le citer.

    Je vous remercie,
    Romain Rochedy

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