Le télétravail est désormais largement répandu dans les entreprises. Pour autant, est-il une bonne manière de travailler et de se sentir bien dans sa vie professionnelle ? Alexia de Bernardy, fondatrice de LaWeBox et auteure du livre Télétravailler efficacement, les 130 clefs pour garder motivation et team spirit (éditions Marabout), insiste sur la nécessité de garder le lien. Et de l’enrichir au quotidien !

Qu’est-ce qui fait défaut dans les conditions de télétravail actuelles ?

On parle beaucoup d’organisation, d’outils, de conciliation vie pro/vie perso mais, selon moi, ce qu’il manque, c’est de se rappeler que le télétravail, c’est avant tout une question de motivation et de liens. En faisant défaut, ces deux points représentent un risque pour les salariés.

En quel sens ?

Il est important de maintenir le lien pour maintenir la motivation. Beaucoup d’études démontrent que c’est très rassurant de faire ce que l’on sait déjà faire, et c’est l’écueil du télétravail : à distance, on prend le risque de s’enfermer dans des schémas où on ne progresse plus. On sera en mode automatique, on se ferme à l’innovation, à la politique interne, aux relations, à la célébration, à la convivialité, etc. Or, si en tant que salarié, je n’ai plus l’occasion de ressentir de l’émotion, petit à petit, je peux perdre le fil. En perdant ces capteurs d’émotion, mon envie s’étiole.

D’autre part, en termes de mobilité interne, je serai moins visible, moins au courant. C’est aussi un risque pour l’employeur car il signifie perte d’audace, perte d’innovation, de droit à l’essai, de sérendipité, etc.

La qualité d’un lien est davantage liée à la fréquence des relations, qu’à la qualité des relations. Forcément, à distance, cette quantité de relation s’appauvrit et, avec elle, l’intensité des échanges.

Comment, alors, venir enrichir ces relations ?

Quand on est à distance, l’informel doit être structuré car il n’est pas du tout naturel. En présentiel, si on arrive en avance à une réunion, on prend un café, on discute du week-end avec ses collègues : cela se fait tout seul. Allumer sa visio ne permet ces small talkings. D’où l’importance de structurer l’informel, c’est-à-dire de déployer des méthodes pour forcer ce qui n’est pas instinctif. Par exemple, c’est allumer sa caméra, mettre de l’interaction, arrêter le purement descendant, célébrer un anniversaire ou une bonne nouvelle… Chacun a un rôle là-dedans, cela ne concerne pas uniquement les managers. Beaucoup estiment que c’est aux managers d’organiser tout ça. Or, avec le distanciel, les managers sont ceux qui sont le plus en souffrance. Ils doivent revoir leurs techniques de management, leur rôle est désormais différent de celui qu’ils avaient en présentiel. C’est pourquoi, le collaborateur doit, en échange, s’autoformer. Si on veut qu’il y ait une envie de travailler ensemble, il faut maintenir l’esprit d’équipe.

Le piège du télétravail est-il de prendre de mauvaises habitudes ?

En télétravail, des pièges, il y en a énormément ! Par exemple, certains profils se révèlent : il y a ceux qui ont peur d’être oubliés en n’étant plus visibles, ceux qui perdront en efficacité, ceux qui au contraire en feront deux fois plus…  Le piège, c’est aussi de penser ‘court-terme’, en considérant que ses missions, on les fait bien à distance. On perd alors toute opportunité de progression ou d’évolution.

Et s’il n’y a plus d’audace, concrètement, comment on l’alimente ? C’est pour cela qu’il faut trouver des subterfuges pour questionner, mener des plans d’action, prévoir des temps dédiés aux retours d’expériences, bichonner l’intégration des nouvelles recrues… encore plus qu’avant ! En fait, cela met en exergue ce qui existait déjà auparavant, le bon comme le plus compliqué, notamment en termes d’engagement. C’est pour cela qu’il faut alimenter l’émotion et multiplier les bonnes pratiques.

> Exemple tiré du livre Télétravailler efficacement, les 130 clefs pour garder motivation et team spirit (édition Marabout) :

Décliner le feedback avec “J’ai…”

Faites un “e-tour” de table pour demander pour participants de répondre à ces questions :

  • J’ai aimé (j’ai apprécie, je souhaite célébrer, remercier…)
  • J’ai raté (j’ai tenté et échoué, je suis passé à côté de…)
  • J’ai appris (leçons tirées, partages…)
  • Je vais tenter (action ou changement…)

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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