89 % des salariés ont des responsabilité parentales (1). Pourtant, la santé mentale des parents reste souvent un angle mort des politiques RH. Or, les nouvelles générations attendent d’être davantage soutenues et comprises dans cette étape de leur vie.

Charge mentale, manque de soutien, difficultés à tout concilier… Si devenir parent est un moment de joie et de bonheur, c’est aussi pour de nombreux salariés une véritable épreuve. Et beaucoup ne veulent plus choisir entre carrière et vie de famille. « Parmi les moins de 35 ans, plus de la moitié des parents se disent prêts à changer d’entreprise pour une structure plus family friendly », alerte Marine Desandre, cofondatrice des Parents Zens qui vient de sortir, avec Teale, un baromètre sur l’impact de la parentalité sur la santé mentale des salariés en France, avec OpinionWay. Plus frappant encore selon cette étude : 14 % ont déjà sauté le pas. Dans cette tranche d’âge, la parentalité n’est plus un sujet privé, c’est un critère d’évaluation de l’employeur. Et un facteur de fidélisation. À l’heure où les entreprises tentent d’attirer les talents, ignorer cette attente pourrait bien leur coûter cher.

Des initiatives encore trop rares

Les résultats du baromètre sont sans appel :

  • 60 % des répondants déclarent n’avoir reçu aucune aide de leur entreprise en lien avec leur parentalité.
  • Seuls 27 % disent avoir bénéficié d’un accompagnement…
  • …et parmi eux, seulement 16 % estiment que ce soutien a été réellement utile.

« Ces chiffres illustrent à quel point la question est encore mal comprise, mal traitée ou carrément évacuée des politiques RH, constate Anaïs Roux, directrice scientifique de Teale. On a voulu créer ce baromètre pour sortir le sujet de l’angle mort. »

Une charge mentale qui pèse lourd, surtout sur les mères

Premier facteur de souffrance pointé par les parents : la charge mentale. « Ce n’est pas juste une question de to-do list, c’est aussi une charge cognitive et émotionnelle : la peur de mal faire, l’obligation de cacher sa parentalité au travail, la pression d’être parfaite partout », précise Anaïs Roux.

Les chiffres sont alarmants :

  • 57 % des parents ressentent une dégradation de leur santé mentale.
  • 64 % des mères, contre 49 % des pères, désignent la charge mentale comme principale difficulté.

Des solutions concrètes existent

Les entreprises qui souhaitent agir ne manquent pas de leviers. « Certaines peinent à se lancer, par peur de créer un appel d’air », regrette Marine Desandre.

Voici quelques bonnes pratiques :

  • La flexibilité des horaires, en lien direct avec le manager, par exemple pour se rendre à des rendez-vous médicaux ;
  • Un accès simplifié aux places en crèche, ou, plus largement, à des modes de garde ;
  • Des accompagnements psychologiques ou du coaching parental ;
  • Des groupes de pairs internes, où les parents peuvent se parler librement sans passer par les RH, se partager des conseils et des bonnes pratiques ;
  • Rédiger une charte de la parentalité ;
  • Organiser des sessions des formations pour les managers (comment – bien – accueillir une annonce de grossesse, comment contribuer à un bon retour au travail post congé maternité ou paternité, etc.).

« On ne travaille pas malgré la parentalité, poursuit Anaïs Roux. On est parent et salarié. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut laisser au seuil de l’entreprise en arrivant le matin ! Il est temps d’en finir avec cette schizophrénie professionnelle. » Surtout que, contrairement à une idée reçue, soutenir les jeunes parents ne coûte pas nécessairement cher. Et peut même générer des économies, en évitant des absences et en favorisant l’engagement. « Tant qu’on pense cela comme un petit projet annuel, on rate l’essentiel, prévient Anaïs Roux. La parentalité devrait être infusée dans la stratégie QVCT, les valeurs de l’entreprise, les comportements managériaux du quotidien. »

Une vision plus large de la parentalité

Nos deux expertes insistent aussi sur une approche plus inclusive. Il ne s’agit pas seulement d’accompagner les parents de jeunes enfants. Les parents d’ados, les aidants familiaux, ou les familles issues de parcours PMA doivent aussi être pris en compte. « On oublie trop souvent que les salariés aidants sont aussi des parents. Et que les ados génèrent d’autres formes de stress, comme les addictions aux écrans. » Derrière cette vision élargie, un chiffre : 89 % des salariés ont une responsabilité familiale, selon l’Observatoire de la parentalité. Autrement dit, ce sujet concerne… tout le monde ou presque.

Enfin, valoriser les parents, ce n’est pas leur faire une faveur : c’est reconnaître une richesse humaine et professionnelle. Une ressource précieuse. Encore faut-il que l’entreprise sache l’accueillir.

(1) Selon l’Observatoire de la parentalité en entreprise.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle est aussi la rédactrice en chef de Courrier Cadres, Rebondir et L'officiel de la franchise. Elle anime le podcast "Good Job" et co-anime le podcast "Les petits cailloux" avec Aurélie Durand. Elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod).

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