La vulnérabilité n’est pas une faiblesse. Assumée, elle est au contraire synonyme d’acceptation de soi et d’ouverture aux autres. Autrement dit, elle devient une force. Explications dans cette tribune de Sophie Lallemand, responsable QVCT chez Umanove. 

Le président de Publicis, Arthur Sadoun, a osé prendre la parole dans la presse pour affirmer : “Il faut en finir avec le tabou du cancer en entreprise”. L’actualité nous présente ici un modèle de dirigeant assumant une forme de vulnérabilité qu’est son état de santé. Et d’autres formes de vulnérabilité pourraient faire gagner beaucoup si elles étaient assumées.

En effet, les constats que nous faisons dans notre activité de consultants – coach spécialistes de la QVCT, sont que les différentes quêtes de conformité, de perfection, d’amour, de sécurité ne sont que l’expression maladroite de nos vulnérabilités.

Or, comme Renée Brown, travailleuse sociale et chercheuse en sciences humaines et sociales, l’a découvert à l’issue de ses recherches : la vulnérabilité, c’est le contraire de contrôler et de prévoir. La vulnérabilité, c’est le courage d’être imparfait, la capacité à compatir pour soi et pour les autres et à se connecter aux autres.

1er bénéfice : appartenir à la grande communauté des humains

Comme Renée Brown le dit, nier sa vulnérabilité, c’est anesthésier les émotions de peur, de honte et le manque d’estime de soi. Ces émotions, nous les faisons taire à coup de malbouffe, d’addictions diverses, de plateformes de streaming, … et nous entretenons un cercle vicieux qui nous déconnecte de notre collectif et de nous-mêmes. C’est contre-productif.

Seulement nous ne pouvons pas anesthésier seulement ces émotions sans anesthésier aussi la joie, la gratitude, le bonheur.

Reconnaitre, accueillir sa vulnérabilité et celle des autres, c’est se sentir vivant ! Grâce à cela, nous aurons accès à la joie, à la créativité, à l’amour de nous-mêmes et au sentiment d’appartenance.

Faire face aux aléas, aux difficultés et aux émotions que cela génère nous permet de ressentir aussi la sérénité, l’excitation, la complicité, la connivence, le soulagement !

2ème bénéfice : démultiplier et équilibrer la qualité de connexion aux autres

En reconnaissant notre vulnérabilité, nous osons formuler des demandes et nous découvrons chez les autres ce qui est aussi présent chez nous : le plaisir de venir en aide, de contribuer.

Car selon le sociologue Marcel Mauss, puis le psychologue Claude Steiner, des relations saines sont des relations dans lesquelles circulent de manière équilibrée des dons et des “rendus”, des demandes et du dialogue pour négocier.

Quant au psychologue Marshall Rosenberg, les demandes selon en Communication Non Violente sont efficaces parce qu’elles comprennent les ingrédients suivants :

  • utiliser le “Je” ;
  • relier notre demande à notre besoin à satisfaire (besoin de divertissement, de fiabilité, de ponctualité, de partage, de visibilité, …) ;
  • formuler notre demande positivement car le cerveau n’entend pas les négations ;
  • donner des éléments temporels et spécifiques pour satisfaire notre demande (c’est rassurant pour celui qui reçoit la demande) ;
  • se sentir prêt à négocier les modalités (délai, moyens, personnes) sans renoncer à notre besoin (entendre “non”).

3ème bénéfice : donner et recevoir de la gratitude

Conscient de votre besoin à satisfaire, vous aurez donc formulé votre demande à une ou plusieurs personnes, car la première n’est pas forcément celle qui vous répondra positivement si elle n’est pas disponible ou si elle n’a pas les moyens de le faire. Une fois votre besoin satisfait, vous exprimerez votre gratitude « avec consistance » :

“Alors que j’étais fatiguée après notre séminaire et que tu m’as amenée à mon hôtel, je me suis sentie prise en charge et mes besoins de soutien et de repos ont été comblés. Merci V. !”

4ème bénéfice : célébrer les succès

Parce que la vulnérabilité est considérée pour ce qu’elle est (de l’imperfection et c’est très bien comme cela), les individus et les collectifs osent des relations authentiques et équilibrées. Chacun formule des demandes, les négocie, les refuse, les délègue. Chacun prend le temps d’être clair avec soi-même, et avec ses priorités pour gagner en efficacité.

Devinez quoi ! A la clé, les projets, les défis à relever sont couronnés de succès !

C’est alors qu’il est primordial, avant d’enchainer avec le projet suivant, de célébrer en partageant ses émotions, ses sentiments et les besoins qui sont satisfaits.

“Nous avons dépassé notre prévision de chiffre d’affaires en 2022, malgré des difficultés dans certains secteurs. Nous sommes enthousiastes et reconnaissants envers toutes les équipes qui ont œuvré avec cœur toute au long de l’année. Nos besoins de réussite, d’entre-aide et de dépassement ont été comblés et nous vous remercions.”

Si la formule s’applique à chacun, elle est encore plus valable pour les dirigeants d’entreprise qui gagneraient à tomber leur “cape d’invincibilité”, comme l’a fait Mr Sadoun.

 

Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job, parcourez nos hors-séries thématiques  et découvrez notre annuaire du bien-être au travail.

A lire aussi :

– Hyperempathie : quelles sont les caractéristiques des personnes hyperempathiques ?

“Se dire hypersensible n’est pas suffisant”

Article précédentDe la fatigue professionnelle au burn-out
Article suivantLa pleine conscience a-t-elle sa place en entreprise ?
Experte en Communication Non-Violente et en management, prévention des RPS et diversité, Sophie Lallemand Million est certifiée coach en 2014. Elle participe alors au développement du cabinet de conseil en RH Umanove à Paris. Anciennement responsable du pôle coaching et gestion des carrières, elle est aujourd'hui responsable du pôle QVCT.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici