Et si la performance ne dépendait pas tant de la gestion de son temps que de celle de son énergie ? Cécile Speich, directrice associée de PlotFox, décrypte pour nous les quatre réservoirs d’énergie indispensables pour tenir sur la durée. Et comment les préserver.

Vous l’avez sûrement ressenti ces dernières semaines. Depuis la rentrée, tout s’accélère. On court partout, on veut tout faire, avec en ligne de mire le risque de s’épuiser. Cécile Speich, directrice associée de PlotFox et experte en stratégie RH, rappelle dans le 43ème épisode de notre podcast “Good Job !” (à écouter ci-dessous en cliquant sur le player) que “le vrai sujet aujourd’hui, ce n’est pas la gestion du temps, c’est l’énergie”. La question n’est donc plus d’organiser son agenda, mais de comprendre comment préserver et recharger sa batterie.

Préserver son énergie plutôt qu’optimiser son temps

Inspirée des travaux du journaliste américain Tony Schwartz, autrice de The Power of Full Engagement, elle distingue quatre “réservoirs” d’énergie : physique, émotionnelle, mentale et spirituelle. La première concerne le corps — “bien manger, bien dormir, bien bouger” —, la deuxième touche à l’humeur et aux émotions, la troisième renvoie à la concentration et à la charge mentale. Quant à l’énergie spirituelle, elle “parle du sens, de l’alignement entre ce que je fais et ce dont je suis convaincue”. Ces quatre dimensions interagissent en permanence. “L’épuisement global, il vient quand ces réservoirs sont tous à plat”, explique-t-elle. C’est pourquoi comprendre leurs signaux est essentiel.

Repérer les signes avant qu’il ne soit trop tard

Fatigue chronique, douleurs physiques, irritabilité, baisse de concentration ou perte de sens : les signes d’un déséquilibre énergétique sont multiples. “Souvent, on se dit : ‘Je suis fatiguée’. Mais qu’est-ce qu’il y a derrière ce ‘je suis fatiguée’ ?”, questionne Cécile Speich. Elle invite à examiner ces alertes sous le prisme des quatre énergies : le corps qui lâche, l’humeur qui s’assombrit, la mémoire qui flanche, ou l’impression de ne plus savoir pourquoi on fait ce qu’on fait. “La première action, c’est de se poser la question : qu’est-ce qui me fatigue et qu’est-ce qui me ressource ?”, conseille-t-elle. Plutôt que de chercher des solutions toutes faites, elle encourage chacun à trouver ses propres sources d’énergie. “Moi, par exemple, voir des copains, ça fait remonter ma jauge”, confie-t-elle, rappelant que ce qui ressource l’un peut épuiser l’autre.

Managers : détecter, alléger, orienter

Au-delà du niveau individuel, la gestion de l’énergie concerne aussi le collectif. “L’épuisement, ce n’est pas un tabou. Le problème, c’est qu’on attend souvent d’arriver au bout du bout pour se dire ‘Ah mince !’”, souligne Cécile Speich. Son conseil aux managers : parler, écouter sans juger, reconnaître la difficulté et alléger la charge. “Alléger, donner des instructions claires et une seule priorité.” Elle rappelle aussi qu’un manager doit parfois orienter vers un soutien RH ou psychologique. L’énergie est contagieuse : “L’énergie des uns peut influencer celle des autres, dans un sens comme dans l’autre.” D’où l’importance d’un climat qui célèbre les réussites, entretient la joie et tire les équipes vers le haut : “Ça ne veut pas dire vivre dans le monde des bisounours, mais il faut prendre conscience que notre énergie a une résonance sur notre environnement.”

Prévenir plutôt que guérir

La prévention passe ainsi par une meilleure organisation collective. “On a un gros sujet sur les réunions, note-t-elle. On fait des réunions d’office d’une heure alors qu’en quinze minutes, on pourrait parfois décider.” Elle plaide pour la protection des temps de concentration (“le deep work”), la réouverture du dossier du droit à la déconnexion et une redéfinition de la performance : “Le temps n’a rien à voir là-dedans. Une heure d’animation d’atelier et une heure derrière un ordi, ce n’est pas la même chose en termes d’énergie.” Donner de l’autonomie est, selon elle, un levier puissant : “Le pouvoir de choix redonne beaucoup d’énergie : choisir comment, où et quand je fais mon travail.”

Les vertus des micro-pauses

Pour recharger ses batteries, Cécile Speich mise sur la “micro-pause” : “Cinq minutes en conscience, sans téléphone. Marcher, s’étirer, boire un café au soleil… En cinq minutes, il peut se passer plein de choses.” Ces pauses obligatoires dans sa journée l’aident à rester vigilante et à “faire remonter la jauge”.

À l’heure où les semaines ressemblent à des sprints permanents, Cécile Speich rappelle que la performance durable se cultive dans l’équilibre, la conscience de soi et le plaisir retrouvé du travail bien fait. Un carburant invisible, mais essentiel.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle est aussi la rédactrice en chef de Courrier Cadres, Rebondir et L'officiel de la franchise. Elle anime le podcast "Good Job" et co-anime le podcast "Les petits cailloux" avec Aurélie Durand. Elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod).

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