
En France, entre 8 et 11 millions de personnes seraient aujourd’hui proches aidants, selon l’Observatoire OCIRP, tout en exerçant pour beaucoup une activité salariée. Et, selon l’INSEE, ils pourraient représenter 25 % de la population en 2030. Ce rôle, essentiel mais souvent invisible, impose une organisation du temps particulièrement exigeante. L’enquête d’Atlassian “À bout de forces : rester organisé tout en jonglant entre le travail et les soins”* met en lumière les défis concrets auxquels ces salariés aidants font face au quotidien, entre double journée, impact sur la carrière et charge mentale.
Les aidants sont des personnes qui aident régulièrement, sans être professionnels de santé, un proche en perte d’autonomie – en raison de l’âge, d’une maladie ou d’un handicap – à réaliser les activités de la vie quotidienne, tout en pouvant exercer un emploi en parallèle.
Selon l’étude menée par Atlassian, la majorité de ceux qui sont salariés prolongent leur journée bien au-delà des horaires classiques. En France, 53 % d’entre eux déclarent faire des heures supplémentaires deux jours par semaine pour compenser les retards liés à leurs responsabilités familiales, contre 70 % au Royaume-Uni et 71 % au niveau mondial. Si les salariés français semblent légèrement moins impactés par les heures supplémentaires, ce chiffre traduit néanmoins un déséquilibre durable entre sphère professionnelle et obligations personnelles.
Ce rythme soutenu se retrouve dans le ressenti : 78 % des répondants français ont le sentiment de commencer un “deuxième service” une fois leur journée professionnelle terminée. Une tendance similaire est observée au Royaume-Uni (78 %), en Espagne (77 %) et en Allemagne (76 %), et même légèrement supérieure à la moyenne mondiale (76 %).
Carrière freinée et charge mentale alourdie
Accompagner un enfant ou un parent dans un parcours médical tout en travaillant revient, pour beaucoup, à vivre une véritable vie à double emploi. Cette conciliation entre vie professionnelle et responsabilités familiales n’est pas sans conséquences sur les trajectoires professionnelles.
Ainsi, 54 % des salariés aidants français estiment que cette conciliation a eu un impact négatif sur leur carrière, contre 61 % à l’échelle mondiale. Si la France apparaît légèrement moins exposée, ce constat rappelle que des leviers restent à activer pour faciliter la progression de carrière des aidants. La charge mentale est, elle aussi, très présente : 53 % des aidants français déclarent avoir des difficultés à se souvenir de leurs tâches hebdomadaires, en raison d’une to-do list personnelle trop longue.
Les leviers pour alléger la charge mentale des aidants
Face à ces constats, les salariés aidants expriment un besoin clair d’une meilleure organisation. En France, 89 % d’entre eux estiment qu’une gestion plus structurée du temps pourrait améliorer leur vie personnelle. La synchronisation des calendriers professionnels et personnels apparaît comme une piste prometteuse : 58 % y voient un levier de meilleure coordination de leurs responsabilités, et 50 % déclarent que cette synchronisation les aide à mieux visualiser leur temps libre.
Les aidants familiaux sont déjà une réalité bien installée dans les entreprises, et leur nombre ne cesse de croître. Mieux prendre en compte leurs contraintes revient à anticiper une transformation majeure du monde du travail. Cette évolution passe par des solutions concrètes, mobilisables dès aujourd’hui : davantage de flexibilité, des outils de gestion du temps et de collaboration capables d’alléger la charge mentale et de faciliter la coordination au quotidien. À plus long terme, c’est aussi un enjeu global pour les entreprises et la société : repenser l’organisation du travail afin de conjuguer performance et bien-être des collaborateurs aidants.
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*Méthodologie : l’enquête “Stretched thin: staying organized while juggling work and caregiving” d’Atlassian a été menée par Wakefield Research auprès de 7 000 aidants actifs sur 7 marchés (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Espagne, Australie et Inde), entre le 14 et le 22 juillet 2025, à l’aide d’une invitation par e-mail et d’un sondage en ligne. Les aidants actifs sont définis comme les parents, les tuteurs et les personnes qui s’occupent d’adultes dépendants ou âgés et qui travaillent à temps plein ou à temps partiel.






























