Le bien-être au travail ne se résume pas à une salle de sport dans les locaux ou à une journée de télétravail par semaine. Il repose aussi sur nos habitudes quotidiennes, sur la façon dont nous organisons nos journées et sur notre capacité à préserver notre énergie mentale et physique. Or, certaines pratiques, parfois valorisées par la culture d’entreprise, se révèlent contre-productives. Elles épuisent, démotivent et fragilisent la santé sur le long terme. Identifier ces pièges, c’est déjà faire un pas vers un équilibre plus durable.

1. Confondre productivité et suractivité

Travailler beaucoup ne signifie pas forcément travailler bien. Pourtant, l’image du collaborateur “indispensable”, toujours disponible et débordé, reste ancrée. On valorise celui qui enchaîne les réunions, qui traite dix dossiers en parallèle, qui reste connecté jusque tard le soir. Mais cette suractivité, loin de refléter une vraie performance, traduit surtout un épuisement à venir.
Conséquences : surcharge cognitive, perte de lucidité, impression de ne jamais “terminer” ses tâches. À force de courir, on confond agitation et efficacité.
Bonne pratique : redonner sa place à la priorisation. Savoir distinguer l’urgent de l’important, accepter que tout ne soit pas traité dans la journée, et reconnaître que ralentir, parfois, permet d’être plus pertinent.

2. Tomber dans le piège du multitâche

La tentation est grande de répondre à un mail tout en participant à une visioconférence, ou de boucler un tableau Excel entre deux notifications de messagerie. Pourtant, le multitâche est une illusion de productivité. Le cerveau humain n’est pas conçu pour se diviser en permanence.
Conséquences : baisse de concentration, perte de qualité dans l’exécution, erreurs plus fréquentes et fatigue nerveuse. Chaque changement de tâche nécessite un “temps de rechargement” qui épuise sans qu’on s’en rende compte.
Bonne pratique : pratiquer le monotâche. Se donner des plages horaires fermées pour avancer sur un dossier sans interruption, couper les alertes intrusives, et réserver des temps dédiés à la gestion des mails et demandes rapides.

3. Négliger les signaux de fatigue

Beaucoup considèrent les signes de fatigue comme des “détails” : un mal de tête, une irritabilité inhabituelle, un sommeil agité. Pourtant, ce sont des alertes précieuses que l’on balaie trop vite.
Conséquences : en ignorant ces signaux, on accumule du stress, on dérègle son équilibre physiologique et on ouvre la voie à l’épuisement, voire au burn-out.
Bonne pratique : apprendre à écouter son corps. Lever le pied au premier signe, pratiquer des micro-repos ou consulter si les symptômes persistent. Agir tôt permet de prévenir des dégâts plus lourds.

4. Ne pas faire de pauses

Dans de nombreux environnements professionnels, s’accorder une pause est encore perçu comme un signe de faiblesse. On reste rivé à son écran, on avale son déjeuner en quelques minutes, on enchaîne sans respirer. Pourtant, c’est précisément l’inverse qui se produit : plus on supprime les pauses, moins on est performant.
Conséquences : le cerveau sature, l’attention baisse, la créativité s’éteint. Le corps souffre aussi : tensions, douleurs dorsales, fatigue visuelle.
Bonne pratique : intégrer les pauses dans son organisation comme des moments de régénération. Dix minutes de marche, quelques étirements, un café pris en dehors de l’écran… De petits gestes qui relancent la concentration.

5. Dire oui à tout

Accepter toutes les sollicitations est un piège fréquent, alimenté par la peur de décevoir ou par le désir de se montrer impliqué. Mais dire oui systématiquement, c’est aussi dire non à ses propres priorités.
Conséquences : surcharge de travail, sentiment d’être débordé, frustration et parfois rancune silencieuse. On se retrouve à travailler pour les urgences des autres plutôt que pour ses propres objectifs.
Bonne pratique : oser poser des limites. Un “non” n’est pas un refus de collaborer, mais un choix de préserver sa qualité et son équilibre. On peut aussi apprendre à différer (“je ne peux pas maintenant, mais demain”) ou à déléguer.

6. Travailler en vase clos

Dans un monde qui valorise l’autonomie, beaucoup hésitent à demander de l’aide, par peur d’être jugés. On préfère accumuler la charge plutôt que d’exposer ses difficultés. Mais l’isolement est un facteur d’épuisement.
Conséquences : perte de motivation, erreurs évitables, sentiment d’être seul face aux problèmes. Sans échanges, la charge mentale pèse double.
Bonne pratique : s’appuyer sur le collectif. Solliciter un avis, partager ses doutes, organiser des temps d’entraide. Les liens sociaux au travail sont un puissant rempart contre le stress.

7. Laisser vie pro et vie perso (trop) se confondre

Avec le télétravail et les outils numériques, les frontières sont devenues poreuses. On consulte ses mails en soirée, on accepte un appel pendant le week-end, on se connecte “juste cinq minutes” en vacances. Cette intrusion peut devenir néfaste.
Conséquences : fatigue chronique, tensions familiales, incapacité à vraiment se ressourcer. Le cerveau reste en alerte permanente, incapable de décrocher.
Bonne pratique : instaurer de vraies règles de déconnexion. Couper les notifications, définir des horaires clairs et ritualiser la fin de journée (sport, lecture, activités personnelles) pour marquer la frontière autant que possible.

8. Oublier le sens de son travail

Réaliser ses tâches mécaniquement, sans comprendre leur utilité ou leur impact, conduit à une perte de sens. Quand l’action n’est plus reliée à une vision, la motivation s’étiole.
Conséquences : désengagement, démotivation, impression de travailler “pour rien”. À long terme, c’est un terreau pour la lassitude professionnelle.
Bonne pratique : prendre le temps de reconnecter ses missions au projet global de l’entreprise ou à ses propres valeurs. Identifier ce qui nous motive vraiment et célébrer chaque étape franchie, même petite.

9. Accepter la sédentarité

Rester assis huit heures par jour, sans mouvement, est devenu la norme dans beaucoup de métiers. Pourtant, l’inactivité est un ennemi silencieux.
Conséquences : douleurs physiques, risques cardiovasculaires, fatigue accrue, baisse d’énergie. La sédentarité est considérée par l’OMS comme un facteur de risque majeur.
Bonne pratique : bouger régulièrement. Monter les escaliers plutôt que prendre l’ascenseur, marcher pendant un appel, faire quelques étirements. De petits gestes suffisent à casser l’inertie.

10. Faire du présentéisme pour montrer son sérieux

Rester tard au bureau ou se connecter en dehors des horaires pour prouver son engagement est une habitude encore trop répandue. Le présentéisme est souvent perçu comme un signe de loyauté, alors qu’il traduit surtout un manque de confiance.
Conséquences : fatigue inutile, confusion entre temps de présence et valeur réelle, culture toxique où “être vu” prime sur la qualité.
Bonne pratique : privilégier la performance aux résultats tangibles plutôt qu’aux heures visibles. Valoriser l’efficacité, couper à l’heure quand le travail est fait, et promouvoir une culture managériale basée sur la confiance.

Prendre soin de soi au travail n’est pas un luxe, c’est une stratégie durable. Éviter ces 10 erreurs, c’est s’offrir la possibilité de travailler avec plus d’efficacité, plus de sérénité et plus de plaisir. Dire non quand c’est nécessaire, bouger régulièrement, s’autoriser à couper et redonner du sens à ce que l’on fait : autant de leviers simples, mais décisifs, pour construire un équilibre durable, bénéfique à la fois pour soi et pour l’entreprise.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle est aussi la rédactrice en chef de Courrier Cadres, Rebondir et L'officiel de la franchise. Elle anime le podcast "Good Job" et co-anime le podcast "Les petits cailloux" avec Aurélie Durand. Elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod).

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