Selon la dernière étude “People at Work 2025” d’ADP Research, le stress chronique négatif diminue en France comme dans le monde. Pourtant, cette amélioration ne rime pas avec un plus grand épanouissement professionnel…
Le stress quotidien au travail poursuit son recul. C’est l’un des principaux enseignements du troisième rapport de l’étude « People at Work 2025 » menée par ADP Research. En France, seuls 11 % des salariés déclarent aujourd’hui ressentir un stress chaque jour, contre 19 % un an plus tôt — soit une baisse de 8 points. Une dynamique similaire s’observe à l’échelle mondiale, avec un taux de stress quotidien tombé de 15 % à 7,5 %.
Mais, derrière ces chiffres encourageants, un paradoxe s’impose : la diminution du stress ne s’accompagne pas d’un regain d’épanouissement. En France, seuls 20 % des salariés se disent pleinement épanouis dans leur travail. Un chiffre qui place l’Hexagone parmi les derniers du classement européen.
La France, toujours dans le trio de tête du stress quotidien
Si le stress intense diminue, la France reste l’un des pays les plus concernés. Avec 11 % de travailleurs stressés chaque jour, elle se classe troisième, à égalité avec l’Argentine, derrière le Japon (14 %) et la Thaïlande (12 %). En comparaison, l’Afrique du Sud et la Chine enregistrent les taux les plus bas (3 %), suivies de l’Indonésie, Singapour (4 %) et les Pays-Bas (5 %).
Autre constat : le stress hebdomadaire progresse légèrement. Près de deux tiers des actifs français (64 %) affirment se sentir stressés au moins une fois par semaine, contre 61 % l’année précédente. Dans le détail, les femmes sont davantage concernées que les hommes (13 % contre 8 % de stress quotidien), et les jeunes de 18 à 26 ans ressentent davantage de stress modéré (39 %) que les seniors.
Moins de stress, mais plus de surcharge et moins d’épanouissement
L’étude établit un lien direct entre la fréquence du stress, le sentiment de surcharge et le bien-être au travail. Comme l’explique Mary Hayes, Directrice de recherche chez ADP Research : « Il existe un lien étroit entre la fréquence du stress négatif, le sentiment de surcharge et l’épanouissement au travail. Ceux qui subissent un stress quotidien sont bien plus susceptibles de se sentir débordés. Mais lorsque la fréquence de ce stress négatif diminue, la proportion de travailleurs surchargés recule, et les chances de s’épanouir augmentent. »
En France, 18 % des salariés se sentent surchargés — un chiffre dans la moyenne européenne —, mais seuls 20 % déclarent être pleinement épanouis. Chez les jeunes de 18-26 ans, la situation est plus préoccupante : seulement 13 % se disent épanouis, contre 20 % pour les 27-64 ans. La génération Z est aussi la plus sujette au sentiment de surcharge, avec 23 % des jeunes déclarant se sentir débordés, contre 16 % chez les 55-64 ans.
Télétravail : la pression du regard des autres
Le rapport pointe également la pression ressentie par les salariés en télétravail. En France, 28 % affirment se sentir jugés lorsqu’ils travaillent à distance. Ce sentiment nuit à leur productivité et à leur bien-être. Par ailleurs, près d’un tiers des salariés européens (31 %) ont le sentiment d’être constamment surveillés par leur manager. Or, ce climat de contrôle a des conséquences directes sur l’épanouissement : les collaborateurs qui se sentent jugés ou surveillés sont plus de trois fois moins susceptibles de se dire épanouis.
Une tendance confirmée par Nela Richardson, Cheffe économiste chez ADP : « L’absence de stress négatif au travail ne suffit pas, à elle seule, à garantir l’épanouissement des salariés. D’autres facteurs peuvent entrer en jeu, comme un manque de relations de confiance avec les collègues ou les responsables, ou encore un sentiment de liberté et de flexibilité limité. » Ainsi, les collaborateurs qui se sentent jugés ont 3,4 fois moins de chances de s’épanouir au travail. Le constat est similaire pour ceux qui se sentent constamment surveillés par leur manager : ils sont 3,3 fois moins susceptibles de s’épanouir.
Le rôle clé des managers dans la prévention
Pour Carlos Fontelas de Carvalho, Président d’ADP France et Europe centrale, les entreprises doivent accorder davantage d’importance à la qualité du management de proximité : « Si les signes d’une baisse du stress quotidien au travail sont encourageants, le niveau d’épanouissement professionnel reste faible en France. Ce constat souligne l’importance du dialogue entre les managers et leurs équipes. […] Les organisations, et en particulier les services RH, doivent se doter des bons outils, leur permettant de se dégager du temps, par exemple en allégeant les tâches administratives. »
Le stress baisse, mais le défi de l’épanouissement demeure entier. À l’heure où l’engagement des salariés devient un levier essentiel de performance, cette étude d’ADP invite à repenser en profondeur les pratiques managériales.
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