Une étude menée par Organon et OpinionWay vient rappeler l’angle mort de nombreuses politiques RH : la santé des femmes. Si 45 % des salariées déclarent que leurs problématiques de santé entravent leur épanouissement personnel et professionnel, elles pointent surtout un manque criant de prise en compte de ces enjeux par leur employeur.
Loin d’être anecdotiques, les discriminations liées à la santé féminine restent largement répandues en entreprise. Qu’il s’agisse de troubles gynécologiques, de migraines ou de grossesse, ces situations donnent encore lieu à des comportements inadaptés. 42 % des femmes interrogées rapportent avoir été discriminées au travail à cause de troubles de santé spécifiquement féminins. Le chiffre atteint des sommets pour certaines pathologies : 65 % des femmes atteintes d’endométriose, et 53 % de celles souffrant de migraines affirment avoir subi ce type de traitement.
Libérer la parole des femmes
Ce climat conduit une large majorité (87 %) à dissimuler leurs problèmes de santé féminins, par peur de jugements ou d’une remise en cause de leur engagement professionnel. Cette dissimulation est symptomatique d’un environnement peu propice à la libération de la parole. Huit femmes sur dix craignent que parler d’endométriose, de ménopause ou de douleurs pelviennes nuise à leur image de collaboratrice « efficace ». Pourtant, l’attente envers les employeurs est très claire : trois quarts des femmes estiment que leur entreprise a un rôle clé à jouer dans la prise en compte de leur santé.
Des aménagements possibles, mais encore rares
Certaines mesures apparaissent prioritaires. En tête des attentes exprimées : une plus grande flexibilité des horaires (45 %), un aménagement du poste ou des missions (36 %), un meilleur accès au télétravail (34 %) et la possibilité de prendre des congés supplémentaires (33 %). Ces ajustements restent rares dans les entreprises, alors même que 57 % des salariées considèrent que leurs besoins de santé sont ignorés.
Des bénéfices concrets pour la performance des entreprises
Les conséquences de cette indifférence sont multiples : désengagement, absentéisme, perte de motivation, voire départs anticipés. À l’inverse, les bénéfices d’une meilleure prise en compte sont nets. Pour 70 % des répondantes, cela améliorerait le bien-être physique et mental. La moitié y voit un levier contre l’absentéisme, 47 % contre le désengagement, et 46 % contre les inégalités.
Certains chiffres sont sans appel. Les migraines, qui touchent deux à trois fois plus de femmes que d’hommes, réduisent la productivité de 73 % des salariées concernées, et entraînent un tiers d’entre elles à prendre des congés ou arrêts maladie. Pourtant, les politiques de prévention en entreprise restent embryonnaires : trois quarts des entreprises n’ont jamais organisé de campagne sur la santé féminine…
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