La crise sanitaire rend le quotidien de nombreux entrepreneurs difficile. La peur de l’échec encore plus forte. Comment éviter qu’elle ne nous paralyse et comment rebondir malgré tout ?

Un dossier qui n’aboutit pas, une relation conflictuelle avec des collègues, un investissement qui se transforme en perte, un client perdu… L’échec peut prendre des formes bien différentes dans la vie professionnelle.  Aujourd’hui, de nombreux entrepreneurs voient aussi leur rêve s’arrêter à cause du Covid-19. « Un échec injuste et scandaleux, car on est mis devant le fait accompli. C’est irrévocable », regrette Quentin Périnel, journaliste au Figaro et auteur du livre Et si on parlait plutôt de mes succès ? – Comment j’ai traqué les échecs des winners (Le Cherche midi- septembre 2020).

Et pourtant, pour tous ces restaurateurs, barmans, gérants de salle de sport ou de discothèques, coachs sportifs, professionnels du tourisme ou de l’événementiel… il va falloir trouver une porte de sortie. « L’échec est un diplôme pour devenir entrepreneur », encourage Isabelle Saladin, la fondatrice de l’association Les Rebondisseurs français, qui rassemble 900 entrepreneurs avec un point commun : ils ont tous échoué au moins une fois dans leur vie. « Personne n’a jamais marché du premier coup, on a donc tous connu l’échec », résume Isabelle Saladin. Pour elle, « en France on se concentre beaucoup trop sur l’échec, alors que l’important, c’est le rebond ! »

« C’est un mal français de ruminer dans sa barbe et de le prendre pour soi : on se sent soi-même en échec quand c’est un projet qui n’aboutit pas », regrette aussi Quentin Périnel qui voudrait arrêter de faire de l’échec un tabou. « La clé, c’est d’accepter de parler, estime-t-il. Je me souviens d’un entrepreneur que j’avais rencontré qui était dans une situation inextricable, mais même sa femme n’était pas au courant ! » S’il reconnaît que les personnalités interviewées dans son livre ont toutes aujourd’hui une bonne situation (de Thierry Marx à Michel-Édouard Leclerc en passant par Gérard Jugnot, Teddy Riner, Fleur Pellerin ou encore Mercedes Erra), et qu’il est donc plus facile pour elles de raconter leurs échecs passés, il encourage chacun à parler, au moins à ses proches. « Si on raconte ses difficultés avant d’arriver au stade critique, on peut réinventer un truc, sauver les meubles, se préserver soi-même, aussi, avant d’être rongé par le stress ou le mal de vivre », encourage-t-il.

« Il n’y a pas de honte à avoir ! »

« C’est un état d’esprit à changer », résume Isabelle Saladin. « Ce qui nous empêche de parler librement de nos échecs c’est l’égo : on a du mal à réaliser que l’on a échoué sur des faits et pas sur sa personne », poursuit-elle. Aucun sportif ne s’est jamais lancé dans une carrière en se disant qu’il ne perdrait aucune compétition. Un entrepreneur doit en être conscient de la même façon. Que faire après un échec ? S’accorder une pause, prendre le temps de le digérer, en chercher les causes, faire un travail d’introspection, prendre du recul, bien s’entourer…

« La pire des choses que l’on peut faire, c’est de s’isoler », met en garde Isabelle Saladin. « Il n’y a pas de honte à avoir. Comme un échec scolaire n’est pas grave si on parvient à faire quelque chose de sa vie ; un échec dans le monde professionnel peut permettre de rebondir. C’est ça qui compte ! ». Plusieurs associations comme 60 000 rebonds ou les Rebondisseurs français veulent ainsi redonner une énergie positive à l’échec.

« Avec le Covid, il n’y a pas de question d’égo, plus de jugement personnel. On est tous dans le même bateau et la faute ne revient à personne, ce sera peut-être plus facile de libérer la parole de ceux qui connaissent des difficultés », rassure Isabelle Saladin. « Maintenant, il faut développer les outils (communication, aide juridique, comptabilité…) pour passer la vague », encourage-t-elle. Mais aussi de nouvelles idées : le think out of the box, tant vanté par les start-up, pour imaginer une suite, un rebond, un nouveau prisme, qui laisse l’échec derrière soi.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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