Nathalie Drouillet et Marie Lapios ont fondé NMC Lab’, un laboratoire spécialisé dans les compléments alimentaires d’origine naturelle pour lutter contre le stress, l’épuisement et la fatigue, après avoir fait un burn-out. Rencontres.

Nathalie Drouillet. « J’ai travaillé pendant plus de 20 ans dans de grands groupes internationaux de l’industrie pharmaceutique et de la cosmétique. J’ai occupé plusieurs postes à la direction des achats, des ventes ou encore du marketing. Je me suis toujours beaucoup investie dans mon travail. J’avais un rythme effréné, beaucoup de responsabilités et de pression, mais j’aimais cela. Et puis, suite à des changements en interne, j’ai eu moins de liberté, je devais rendre systématiquement des comptes, on m’en demandait toujours plus. Mon travail perdait de son intérêt, je m’interrogeais beaucoup sur le sens que je donnais à ma vie et, surtout, j’étais épuisée. Mon corps s’est adapté pendant des années à ce surmenage permanent, mais là il a dit « stop » !

Travailler en solo 

J’ai négocié mon départ, je me suis arrêtée pendant environ 9 mois. Le temps d’une renaissance. Le temps de me reconstruire. Je me suis énormément reposée. Je me revois dormir sur mon canapé et mettre mon réveil pour aller chercher ma fille à l’école, ce que je n’avais jamais fait en poste. Je me suis aussi mise à la sophrologie. Le regard bienveillant et le soutien de mes proches m’a beaucoup aidée. Des personnes avec qui j’avais travaillé m’ont également redonné confiance en mes compétences. J’ai d’abord monté mon cabinet de conseils pour aider de petits laboratoires à élaborer leurs stratégies. J’avais un bureau chez moi, et cela m’allait très bien de travailler à mon rythme, sans avoir d’équipes à gérer.

Ecouter les signaux faibles

J’ai fait cela pendant plusieurs années puis, lors d’un séminaire vert avec deux amis, Marie et Christophe, nous avons eu l’idée d’unir nos forces pour lancer des produits naturels permettant de lutter contre le burn-out, sans dépendance et en apportant une prise en charge globale. Mon changement de vie prenait sens. Je participe aussi à des groupes de parole pour partager mon expérience. La sophrologie m’aide encore à gérer mon stress via des exercices de respiration et de visualisation. Il ne faut pas attendre d’être au bout du rouleau, mais écouter les signaux faibles. Aujourd’hui, je suis toujours engagée dans mon travail, mais j’ai appris à prendre du recul et à me préserver. »

Marie Lapios. « De 1999 à 2011, j’ai travaillé dans un grand groupe américain de sous-traitance pharmaceutique. Je suis rentrée par la petite porte, et j’ai grimpé les échelons assez rapidement. Mes responsabilités allaient croissantes. J’ai énormément appris, j’ai fait des rencontres formidables. Je me suis énormément investie. Travaillant avec l’international, il m’arrivait d’être en conf call à 5h du matin avec le Japon et à 23h avec l’Australie. J’avais beaucoup de mal à décrocher pendant mes congés. J’ai commencé à avoir des migraines de plus en plus fréquentes, presque toutes les semaines. Et puis, une névralgie faciale, des maladies auto-immunes… Mais je me disais que j’étais une machine de guerre, je n’étais pas du tout à l’écoute de mon corps et je ne faisais pas le lien avec ma surcharge de travail. Suite à une réorganisation interne, mon N+1 a changé. Cela ne s’est pas bien passé : j’avais moins d’autonomie, moins de soutien.  Non seulement il ne m’apportait pas de réponses quand j’étais en difficultés, mais en plus il s’appropriait mes réussites ! Mon travail perdait de son sens. C’est un coaching qui m’a vraiment ouvert les yeux. J’ai compris que tout cela devait s’arrêter. Quand je suis partie, j’ai eu de belles propositions de postes, mais j’étais incapable de recommencer. A l’époque, je n’avais pas vraiment conscience que je faisais un burn-out.

Une période transitoire salutaire

Je m’en suis sortie grâce aux chevaux ! C’est une passion. Comme c’est aussi le métier de mon mari, je me suis dit que c’était l’occasion ou jamais de réaliser mon rêve de travailler avec les chevaux au quotidien. J’avais besoin de quelque chose de radicalement différent. J’ai fait cela un peu plus d’un an. Cette période de transition a été salutaire. Cela m’a appris à mieux me connaître et à réaliser que ce n’était pas fait pour moi ! Au moins, je n’ai pas de regrets. Le domaine de la santé et de la nutrition me manquait, et j’avais envie de me mettre à mon compte. Je suis donc devenue consultante pour accompagner de petites structures. Puis, j’ai eu envie de retrouver une équipe et de ne plus intervenir que ponctuellement, cela me frustrait. J’avais besoin d’un projet commun à partager.

Décrocher et se fixer des limites

Mon mentor, devenu ami, Christophe m’a alors présenté Nathalie. Cette rencontre fut déterminante. L’entente a été immédiate. Nous avons créé NMC Lab’ et prenons beaucoup de plaisir à travailler ensemble. Nous sommes chacun très autonomes, et évoluer dans une petite structure permet de régler les problèmes rapidement, sans la lourdeur des grands groupes. J’ai le sentiment d’être utile, d’avoir retrouvé du sens dans mon travail. Je suis contente d’aller travailler, mais j’arrive aussi désormais à décrocher. Je fixe mes limites, je ne subis plus. »

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Plus d’infos : www.nmc-lab.fr

Crédit photo : Pexels.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

2 Commentaires

  1. bonjour Fabienne

    Une fois que l’on a passé le burnout, souvent on vie cette étape comme un moment clef, charnier de notre vie.
    Ca nous permet de nous poser les bonnes questions sur ce que l’on fait, et pourquoi on le fait.

    Construire une entreprise est une étape intéressante et elle permet de reprendre le contrôle, avoir l’impression que ce que l’on fait a un sens, le sens qu’on lui donne.

    Je souhaite une belle reconstruction à toutes les femmes, et hommes, qui ont fait un burnout.

    Au plaisir
    Evan, un papa patron

  2. bonsoir, je connais bien le sujet pour être passée par là, la reconstruction est longue
    le plus difficile c’est de croire à nouveau en soi et en ses capacités et pourtant j’étais formatrice professionnelle pour adultes en reconversion avec des publics en grande précarité
    Aujourd’hui j’ai créé mon activité de décoratrice florale et je fais du beau, j’arrive enfin à mobiliser mes “anciennes compétences” et à créer des synergies
    par contre je ne peux plus aller sur le “social” j’ai trop besoin de mobiliser mon énergie pour construire.

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