Au-delà des clichés qui entourent TDAH, HPI ou troubles “dys”, la neuroatypie concerne près d’un salarié sur cinq. Comment bien vivre cette différence au travail et en faire une richesse pour l’entreprise ? Dans notre podcast Good Job, Mélodie Ardouin, autrice de Les atypiques du cerveau (Mango), partage son expérience et ses conseils.

La neurodiversité, une réalité pour 20 % de la population

La neuroatypie désigne l’ensemble des profils dont le fonctionnement cérébral diffère de celui de la majorité, soit environ 20 % de la population. “On parle de la neurodiversité pour 100 % des personnes, explique Mélodie Ardouin. Au sein de cette diversité, il y a les neurotypiques, 80 %, et les neuroatypiques, 20 %. Ce sont par exemple les personnes avec un trouble du spectre autistique, un TDAH, un haut potentiel intellectuel ou encore une dyslexie.”

Des clichés tenaces dans le monde professionnel

Malgré une meilleure visibilité, les stéréotypes restent nombreux. “On pense que cela ne concerne que les enfants”, souligne par exemple l’autrice. Autre idée reçue : un salarié dyslexique serait “peu professionnel” parce qu’il lui arrive de faire des fautes d’orthographe dans ses mails.

Ces représentations erronées entraînent souvent de la dissimulation et une suradaptation épuisante. Mélodie Ardouin raconte comment elle a longtemps elle-même perfectionné “l’art du camouflage social” avant d’être diagnostiquée TDAH, TSA et THPI.

Créer un environnement de travail favorable

Pourquoi les entreprises doivent-elles se saisir du sujet ? Pour des raisons humaines, mais aussi de performance. “Les études montrent qu’une équipe diversifiée au niveau cognitif peut générer jusqu’à 30 % de performance en plus”, rappelle Ardouin. La différence de câblage cérébral nourrit l’innovation et permet d’apporter des solutions inédites.

Encore faut-il offrir un cadre favorable. Bruit, lumière ou surcharge émotionnelle peuvent devenir de véritables obstacles. “Un open space peut être désagréable pour tous. Mais pour une personne hypersensible au bruit, cela devient une incapacité à se concentrer”, illustre-t-elle.

Le rôle clé du diagnostic et de la parole libérée

Recevoir un diagnostic peut changer la perception de soi : “Cela m’a permis d’avoir une meilleure bienveillance envers moi-même. Je comprends pourquoi certaines choses sont difficiles et je cesse de forcer inutilement.” Mais parler de sa neuroatypie au travail reste un choix personnel : “L’essentiel est de se trouver dans un climat de confiance. Si l’environnement est ouvert, la parole circule naturellement.” Ainsi, Mélodie Ardouin insiste sur l’importance de se centrer sur les besoins plutôt que sur les étiquettes : “Nous avons tous des besoins différents. En parler permet de ne pas stigmatiser.”

Des conseils pratiques pour mieux travailler

  • Organisation : transformer sa to-do list en plan réaliste, calé dans l’agenda.

  • Body doubling : réaliser certaines tâches en présence d’une autre personne, même si l’autre travaille sur une mission différentes, pour maintenir la motivation.

  • Gestion de l’énergie : prévoir des sas de récupération avant et après des moments exigeants comme les réunions.

Ces stratégies, souvent mises au point par les neuroatypiques, peuvent être utiles à l’ensemble des salariés.

Managers et RH : dédramatiser et repenser les pratiques

Pour notre experte, la première étape consiste à “dédramatiser” : inutile d’être expert en profils atypiques pour bien manager ! Créer un climat d’écoute et de confiance est déjà un premier pas essentiel. Côté RH, il s’agit d’adapter les recrutements et la communication interne afin de ne pas passer “à côté de pépites”.

Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job.

A lire aussi :
S’épanouir au travail quand on est atypique
Haut Potentiel : comment s’épanouir au travail ?

Article précédentPrendre soin de soi en tant que manager
Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle est aussi la rédactrice en chef de Courrier Cadres, Rebondir et L'officiel de la franchise. Elle anime le podcast "Good Job" et co-anime le podcast "Les petits cailloux" avec Aurélie Durand. Elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod).

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici