Les symptômes de la ménopause incommodent les femmes au travail. Une spécialiste livre quelques conseils pour mieux vivre cette période dans la sphère pro.
Bouffées de chaleur, brouillard mental, douleurs articulaires… toutes les femmes subissent un jour ou l’autre les effets désagréables de la ménopause. Le moment venu, elles ont en moyenne 51 ans et sont, pour la plupart, encore en poste. Mais, dans les entreprises françaises, le sujet reste tabou. Selon une récente enquête menée par OpinionWay et dont les résultats sont parus le 2 juillet, 87 % des femmes ménopausées disent avoir ressenti une gêne au travail. Un quart d’entre elles n’en parlent pas, par crainte que cela nuise à leur carrière. Si un rapport parlementaire, remis en avril dernier à Catherine Vautrin par la députée Stéphanie Rist, préconise une meilleure prise en compte de la ménopause au travail, peu d’entreprises s’emparent (vraiment) du sujet. Parmi les pionniers, L’Oréal, qui a mis en place un « bilan-conseil prévention » à tous ses collaborateurs de plus de 40 ans, ou encore Axa via son programme “We Care” qui propose des jours de télétravail supplémentaires et des campagnes de sensibilisation pour les collaboratrices souffrant de troubles de la santé menstruelle ou de ménopause.
C’est ce qui a en partie poussé la médecin généraliste Faïza Bossy à écrire son livre Ménopower : Ménopause, Liberté, Féminité, publié aux éditions Favre en juin dernier. Elle livre quelques clés pour traverser la ménopause au travail, jusqu’à en faire une force.
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Consulter la médecine du travail
Troubles du sommeil et de l’attention, bouffées de chaleur, douleurs invalidantes… A l’apparition des symptômes de la périménopause, Faïza Bossy invite tout d’abord à consulter un médecin traitant afin d’obtenir un traitement adapté à son cas. « Ce sera l’occasion de se renseigner sur les différents traitements hormonaux possibles, mais aussi sur d’autres soins tels que l’acupuncture, la phytothérapie, etc. », explique-t-elle.
Puis, la médecine du travail peut également être consultée. Même si 77% des femmes ménopausées disent éviter le sujet avec le médecin du travail (selon le sondage OpinionWay), un tel rendez-vous peut pourtant être un levier pour connaître les enjeux de la ménopause dans le monde professionnel, et pour être accompagnée au mieux à son poste.
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Faire des siestes
Le sommeil est l’un des piliers pour réduire les effets des symptômes. Les femmes ménopausées sont nombreuses à souffrir de troubles du sommeil. « Elles perdent en moyenne 2 heures de sommeil par semaine, ce qui, additionné sur le mois, représente une grande perte », informe l’experte. Cette grande fatigabilité, ajoutée à la carence en œstrogène et en progestérone, ont de nombreux impacts : brouillard mental, difficultés à se concentrer et à mémoriser des informations, mais aussi irritabilité, augmentation du niveau de stress…
D’où l’importance de multiplier les moments de repos. La médecin généraliste encourage à faire une sieste durant la journée. « Se reposer 5 à 10 minutes par jour va permettre la récupération des capacités cognitives », affirme-t-elle, en reconnaissant toutefois que les entreprises françaises sont encore peu nombreuses à proposer des salles dédiées aux pauses dans leurs locaux.
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Le rôle de la nutrition
Attention aussi à ce que l’on met dans son assiette. Le Dr Bossy préconise une alimentation riche en protéine, « puisque la répartition des graisses est différente due à la carence hormonale et que l’on perd du muscle », mais aussi riche en bonnes graisses, en fruits et légumes. « Il faut tenter de ne pas prendre trop de kilos, car la prise de poids amplifie les douleurs articulaires et les bouffées de chaleur, et impacte le sommeil », dit-elle.
La consommation d’aliments riches en oméga 3 et de produits laitiers (qui sont riches en tryptophane) le soir favorisera quant à elle le sommeil. La médecin encourage enfin à veiller à sa consommation d’alcool, et à privilégier l’eau.
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Pratiquer une activité physique
La reprise d’une activité physique permet, elle aussi, de réguler le sommeil, le poids et l’humeur, promet la spécialiste. Elle invite à effectuer 30 minutes d’activité physique et ludique par jour, ou à défaut, de faire des sessions plus longues, 3 fois par semaine. « La pratique va libérer des hormones telles que la sérotonine et l’endorphine, qui contrebalancent les effets secondaires de la bouffée de chaleur et de l’irritabilité, tout en régulant le sommeil », assure-t-elle.
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Libérer la parole
La professionnelle encourage enfin à libérer la parole. En s’adressant à un collègue de confiance, ou à son manager si l’on s’en sent capable, elle invite à exprimer son ressenti sur la manière dont on vit cette période au travail et les aménagements dans les conditions de travail qui seraient utiles.
Et si le chamboulement hormonal peut provoquer une baisse de confiance en soi, Faïza Bossy insiste : « La ménopause est une force que l’on peut valoriser. Les femmes parviennent à naviguer cette phase de changement tout en travaillant, elles font preuve d’une capacité d’adaptation et d’une agilité indéniable. »
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