Terminer sa journée de travail à l’heure n’est pas un signe de désengagement, mais une manière de conjuguer santé et performance sur la durée. Comment poser des limites claires face à la culture du “toujours plus” ? Voici des conseils pour affirmer vos priorités et préserver votre énergie sans culpabiliser ni passer pour un tire-au-flanc.

Il est 18h03. Vous fermez l’ordinateur, ignorant volontairement la notification qui vient de s’afficher dans le coin inférieur droit de votre écran. Ce geste, parfaitement anodin, pourrait aujourd’hui vous valoir une étiquette : celle du quiet quitter. Ce terme est utilisé pour décrire un salarié qui se désengagerait en se limitant au strict minimum de ses missions. Pourtant, la réalité est bien plus nuancée. 

Fermer son ordinateur à l’heure ne relève pas du désintérêt, mais d’une gestion saine de son énergie. Il ne s’agit pas de moins travailler, mais de travailler mieux, en protégeant sa concentration et son énergie pour rester performant demain, et tous les jours qui suivent. 

Loin d’être une démission silencieuse, ce phénomène est avant tout un acte d’auto-préservation face à une culture du “toujours plus” qui montre ses limites. Ce n’est pas un abandon, mais une affirmation : celle de vouloir retrouver un équilibre sain et une performance durable. 

Alors, comment poser ses limites sans passer pour un tire-au-flanc ? Voici le guide pour reprendre le contrôle, sans culpabiliser.

Ce n’est pas vous, c’est la culture de la surcharge

Avant toute chose, il est essentiel, en effet, de se déculpabiliser. Si vous ressentez ce besoin de lever le pied, ce n’est pas un signe de paresse, mais bien souvent le symptôme d’un environnement de travail qui confond engagement et épuisement. Cette envie de se recentrer sur ses missions prend racine dans des situations que nous connaissons tous :

D’abord, le manque de reconnaissance. À quoi bon se démener sur tous les fronts si les efforts ne sont jamais salués, que ce soit via la rémunération, une évolution ou un simple “merci” ? Cette dissonance finit par éteindre les meilleures volontés.

Ensuite, le flou artistique des missions. Quand la fiche de poste devient une liste de tâches à rallonge et que tout est prioritaire, la charge mentale explose. On passe ses journées à jongler, avec le sentiment frustrant de n’être réellement efficace nulle part.

Enfin, la frontière pro-perso qui s’efface. Avec le télétravail et les outils numériques, le bureau s’est invité dans nos salons. Reprendre le contrôle de ses soirées et de ses week-ends n’est plus une option, c’est une nécessité pour ne pas y laisser sa santé.

4 étapes concrètes pour s’affirmer en douceur

Poser ses limites, ce n’est pas ériger des murs, mais simplement tracer une ligne claire et saine. Voici 4 étapes concrètes pour y parvenir.

1. Clarifiez vos missions et vos priorités

Pour savoir où s’arrête votre travail, il faut d’abord savoir précisément où il commence. Votre meilleure alliée est votre fiche de poste. Prenez le temps de la relire et d’identifier vos 5 missions fondamentales. C’est votre boussole. Proposez ensuite un point rapide à votre manager pour valider ces priorités avec lui. Une approche proactive comme : “Pour être le plus efficace possible ce trimestre, j’aimerais m’assurer que nous sommes bien alignés sur mes objectifs clés. Pour moi, les priorités sont X, Y et Z. Partagez-vous cette vision ?” montre votre souci de bien faire, et non de moins faire.

2. Maîtrisez l’art du “Oui, et…” 

Le “non” frontal est souvent mal perçu. L’alternative ? Le “oui, et…”, une technique de communication assertive qui consiste à accepter une tâche tout en exposant ses conséquences. Lorsqu’on vous confie un nouveau projet alors que votre planning est déjà plein, répondez avec transparence : “Avec plaisir pour cette nouvelle mission ! Pour que je puisse la traiter avec le soin qu’elle mérite, pouvez-vous m’indiquer quelle autre tâche je peux mettre en pause ou décaler ? Je suis actuellement sur le dossier A et le rapport B.” Vous ne refusez rien : vous demandez à votre manager de prioriser.

3. Sanctuarisez votre temps et votre concentration 

Votre temps est votre ressource la plus précieuse. Si vous ne le protégez pas, personne ne le fera à votre place. Pour cela, bloquez 1 à 2 heures de “focus time” par jour dans votre agenda ; c’est un signal clair pour vos collègues. De même, la fin de votre journée doit marquer une vraie coupure. Établissez un rituel de clôture : fermez toutes les applications, coupez les notifications professionnelles de votre téléphone et, si possible, rangez votre ordinateur. Si une idée de génie vous vient en soirée, résistez à la tentation. Notez-la sur un carnet et gardez-la pour le lendemain. 

4. Rendez votre travail visible 

La crainte principale en faisant “juste” son travail est de passer pour celui qui ne fait rien. La solution est simple : communiquez sur ce que vous faites. Pas besoin de vous vanter, soyez factuel. Lors d’une réunion d’équipe, partagez une avancée concrète sur un projet. Un court e-mail récapitulatif de vos actions de la semaine à votre manager peut aussi faire des merveilles : “Juste un petit retour sur ma semaine : le dossier X a bien avancé, le client Y a été contacté et j’ai finalisé la présentation Z.” C’est professionnel, efficace, et ça coupe court à toute mauvaise interprétation.

Faire moins pour faire mieux 

Finalement, la question n’est pas de savoir si vous êtes assez engagé, mais si votre engagement est efficace. Un professionnel épuisé qui répond à ses mails à 22h n’est pas un atout : c’est un futur absent. En posant des limites claires, vous ne vous désengagez pas. Vous gérez votre ressource la plus précieuse, votre énergie, pour la mettre au service de l’entreprise quand ça compte vraiment. Le vrai professionnalisme, ce n’est pas de se consumer. C’est de tenir sur la durée. 

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Cécile Speich est co-dirigeante de Plotfox, cabinet de conseil spécialisé en stratégie et transformation RH. Depuis plus de 10 ans, elle travaille aux côtés des décideurs RH et surtout de leurs équipes, pour favoriser l’épanouissement individuel et en faire le moteur de le performance durable de l’entreprise. Engagée pour une meilleure conciliation entre vie professionnelle et personnelle, elle milite aussi pour l’empowerment des femmes.

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