
Temps de travail, autonomie, motivation… Où en sont les conditions de travail en Europe ? La Fondation Eurofound a dévoilé les premiers résultats de sa vaste enquête sur le sujet.
Comment vont les travailleurs en Europe ? Alors que la durée légale du travail est remise en cause en Grèce et en Allemagne, que le Portugal veut reformer le droit du travail avec un projet de loi controversé… la Fondation Eurofound, chargée de promouvoir de meilleures conditions de vie et de travail en Europe, a publié en septembre les premiers résultats de sa vaste étude « European Working Conditions Survey 2024 ».
Menée auprès de 36 644 travailleurs dans 35 pays, dont 27 000 en Union européenne, l’enquête s’est penchée sur plusieurs aspects essentiels de la qualité de l’emploi : le temps et l’intensité de travail, l’environnement managérial, l’autonomie, les risques professionnels, l’accès à la formation, la rémunération, les perspectives d’évolution et l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. En voici les principales conclusions.
Une motivation inégale selon les pays
Premier constat : la motivation des travailleurs varie selon les pays. Si 80 % des Irlandais, 79 % des Danois et 78 % des Néerlandais et des Autrichiens se sentent motivés par leur organisation à faire du bon travail… les chiffres diffèrent en Tchéquie, en Grèce et à Chypre, où moins de 50 % des travailleurs se disent motivés.
Si de plus en plus de travailleurs européens se sentent soutenus au sein de leur activité (73 %), près d’un quart d’entre eux manque encore de reconnaissance. En France, on note une nette amélioration depuis 2005, puisque 74 % des actifs disent aujourd’hui se sentir soutenus par leurs collègues, 68 % par leurs supérieurs hiérarchiques. Il y a vingt ans, les Français se situaient bien en dessous de la moyenne de l’UE.
Bien-être et équilibre de vie
Sécurité, confiance, bien-être… Pour la majorité des interrogés, ces aspects importent plus que le salaire, rapporte aussi l’enquête de 2024. Le bien-être subjectif des travailleurs européens a d’ailleurs quelque peu progressé, passant de 68,7/100 en 2015 à 69,4 en 2024. Mais leur niveau d’énergie et d’engagement a quant à lui baissé.
Concernant la durée de travail, 11 % des actifs continuent de travailler plus de 48 heures par semaine à travers l’Europe, bien que cette statistique ait fortement diminué en vingt ans (ils étaient 19 % en 2005). En France, grâce à un encadrement légal plus strict, seulement 8 % des travailleurs en font partie. 54 % des Français travaillent entre 35 et 40 heures par semaine, ce qui les place dans la moyenne de l’Union européenne.
La grande majorité des travailleurs (83 %) se déclarent ainsi satisfaits de l’équilibre entre leur vie pro et privée. Et ce, notamment grâce à l’accès au télétravail.
Autonomie et compétences
Autre facteur inhérent à l’épanouissement professionnel : l’autonomie. 46 % des actifs européens estime avoir la possibilité d’influencer les décisions dans le périmètre de leur poste. L’Allemagne se distingue avec un taux de 54 %, tandis que la France reste en retrait, à 43 %.
Côté compétences, l’accès à la formation et au développement des compétences professionnelles progresse, mais de plus en plus de travailleurs se disent obligés d’effectuer des tâches monotones (48 % contre 37 % en 2000).
Intensité du travail et stress
Terminer un dossier sous pression, effectuer une tâche dans un délai serré… Plus d’un quart des Européens (27 %) affirme devoir travailler à un rythme très élevé « tout le temps » ou « presque tout le temps », contre seulement 19 % en 2010.
Cette intensification du travail se traduit dans d’autres indicateurs. 44 % des travailleurs de l’Union européenne, et 45 % des Français, déclarent ressentir une forte fatigue mentale ou physique après le boulot. 28 % des interrogés évoquent un stress fréquent, et 21 % mentionnent des symptômes d’épuisement (22 % en France).
Si les accidents de travail graves se font plus rares, les risques pour la santé demeurent. L’enquête pointe notamment du doigt une augmentation des risques liés à la chaleur, à la sédentarité, à la surcharge de travail et au manque de soutien managérial.
Conclusion, si la durée de travail, l’équilibre de vie et l’autonomie des employés a globalement progressé dans l’Union européenne, des améliorations sont encore à faire concernant l’intensité du travail, la prévention du stress et la motivation des travailleurs dans certains pays.
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