Télétravail, journées à rallonge, sollicitations en continu… L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle semble souvent difficile à maintenir. Angelika Mleczko, experte en stratégie QVCT, et Anna Gouyer-M’Bengue, ergonome et psychologue du travail, partagent leurs conseils.

1. Définir ses propres limites

« L’équilibre vie pro-vie perso est propre à chacun, comme le bonheur », tranche d’emblée Angelika Mleczko, qui conseille de cartographier ses propres besoins, d’identifier ses contraintes et de tracer des frontières claires, en accord avec son cas personnel.

De son côté, Anna Gouyer-M’Bengue précise : « Il faut vraiment des temps distincts entre vie pro et vie perso, et une charge de travail adaptée à son temps effectif. » Les signes d’alerte d’un mauvais équilibre des temps de vie ? « Une fatigue persistante, et l’impression de ne jamais voir la fin. »

Les impératifs familiaux imposent parfois des horaires à la fois stricts et flexibles. « Certains ne peuvent pas travailler après certaines heures parce qu’ils doivent chercher leurs enfants. Il faut le dire et l’anticiper », insiste Angelika Mleczko. Cette transparence évite la suradaptation, ce piège qui use, entraîne des erreurs et accroît les risques psychosociaux.

2. S’organiser pour ne plus subir

L’organisation reste la clé pour tendre vers l’équilibre. Les deux expertes s’accordent sur l’utilité de la matrice d’Eisenhower pour distinguer l’urgent de l’important. Cette matrice comprend 4 zones : les activités importantes et urgentes, les activités importantes mais peu urgentes, les activités urgentes mais peu importantes, et les activités peu urgentes et peu importantes.

« L’objectif, c’est d’être dans le deuxième cadre : les tâches importantes mais non urgentes », souligne Anna Gouyer-M’Bengue. « Si je dois faire les payes chaque mois, j’aurai planifié dans mon agenda les créneaux nécessaires pour que ce ne soit jamais urgent. »

Bloquer des créneaux devient une arme. « Je me bloque des moments où personne ne va me déranger », explique Angelika Mleczko. En fin de journée, Anna Gouyer-M’Bengue conseille de « faire une to-do list des tâches importantes du lendemain : c’est écrit noir sur blanc, plus besoin d’y penser. »

Toutes deux mettent en garde contre le multitâche : « Le cerveau doit sans cesse se réadapter. Le temps qu’on se reconcentre, l’énergie est déjà partie », explique Angelika Mleczko.

3. Gérer les sollicitations constantes

Quand elles sont trop fréquentes, les notifications ont tendance à transformer la journée en parcours d’obstacles. Angelika Mleczko recommande ainsi de « supprimer toute notification inutile ». Anna Gouyer-M’Bengue va plus loin : « Il est encore plus efficace d’éteindre son téléphone professionnel si on en a un. Si ce n’est pas possible, alors on peut au moins retirer les notifications des mails, de Slack et des messageries instantanées. »

Angelika Mleczko invite à mettre en place un protocole clair pour les messages : « Quand tu m’envoies un message, donne-moi un délai. » Et Anna Gouyer-M’Bengue de rappeler : « Le mail est un canal asynchrone. Si c’est urgent, on appelle. »

4. Faire des pauses un réflexe

« Il faut s’octroyer des pauses, de vraies pauses », martèlent les deux expertes. Anna Gouyer-M’Bengue précise : « Toutes les heures, prendre cinq minutes. Mais vraiment de pause. Si je travaille sur un rapport, je ne vais pas consulter mes mails. Je vais marcher, m’étirer, boire un thé. »

Les micro-siestes font aussi partie de l’arsenal destiné à un bon équilibre vie pro / vie perso. « Fermez les yeux pendant 15 à 20 minutes maximum : les bénéfices sont prouvés scientifiquement », assure l’ergonome. Angelika Mleczko recommande de son côté plusieurs activités bien-être : la cohérence cardiaque, le yoga sur chaise et la méditation : « La régularité transforme ces rituels en véritables boucliers anti-stress ».

5. Négocier sa flexibilité

La souplesse se construit dans le dialogue. Les deux expertes partagent un exemple parlant : « Tous les mercredis à 16h, je dois récupérer mon enfant, mais je peux me connecter de 18h à 20h pour clôturer des dossiers. » Anna Gouyer-M’Bengue élargit : « On peut aménager les temps de travail pour les parents, les aidants, ceux qui habitent loin. Si je viens plus tôt pour éviter les bouchons, pourquoi pas ? »

Le dialogue avec le manager reste ici central pour adapter horaires et organisation. « A partir du moment où tout est clair, la flexibilité n’est pas un problème. Mais il faut en parler avec son supérieur hiérarchique », indique Angelika Mleczko.

6. Oser dire non sans culpabiliser

Refuser une demande n’est pas un affront. « Si on se sent obligé de répondre le soir, c’est un problème de charge ou d’organisation », analyse Anna Gouyer-M’Bengue.

De son côté, Angelika Mleczko insiste sur l’importance des soft skills : « Apprendre à s’affirmer, à oser dire non, sans culpabilité. » Le silence peut coûter cher : projets qui dérapent, clients perdus. « Le courage de parler protège tout le monde », indique Angelika Mleczko.

7. Quantifier pour mieux négocier

En cas de surcharge, Anna Gouyer-M’Bengue conseille de « lister toutes les tâches et le temps qu’elles demandent : si on travaille huit heures et qu’on a dix heures de tâches, ça ne rentre pas. » Cette base factuelle vous aidera à discuter priorités et répartition avec votre manager.

8. Utiliser les dispositifs de l’entreprise

Baromètres anonymes, questionnaires, formations… « Profitez des dispositifs que l’entreprise met à votre service », insiste Angelika Mleczko.

Anna Gouyer-M’Bengue encourage en outre à « ouvrir la discussion dans l’équipe, à définir des codes pour ne pas se déranger, et à instaurer des plages sans interruption ». Des réflexions collectives qui créent des règles partagées.

9. Les rituels de coupure

Comment basculer mentalement du travail à la vie perso ? « On termine à 18 heures, on termine à 18 heures. On ferme l’ordinateur, on éteint ou on met en silencieux le téléphone pro », tranche Anna Gouyer-M’Bengue.

« Balade, sport, lecture, sortie d’école… chacun trouve son rituel, pourvu qu’il marque clairement la transition », conclut Angelika Mleczko.

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