A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, My Happy Job s’intéresse aux conditions nécessaires pour préserver celle des jeunes en entreprise. Éléments de réponse avec le psychologue du travail Samuel Laurent.
Métro, boulot, dodo – et la santé mentale dans tout ça ? Les jeunes générations n’acceptent aujourd’hui plus que de travailler au détriment de leur santé psychique. D’où l’importance pour les entreprises de se saisir de cet enjeu. C’est ce qu’indiquent en tout cas les plus récentes études réalisées sur les attentes et préoccupations des jeunes travailleurs.
« Préserver la santé mentale des jeunes employés dans la sphère professionnelle relève avant tout de la responsabilité des entreprises », commente d’emblée Samuel Laurent, psychologue du travail et de la santé, fondateur du cabinet PSL. Et pour ce faire, les organisations doivent être attentives à certains éléments piliers.
La santé mentale n’est pas qu’une question de bien-être
Garantir une bonne qualité de vie au travail ne signifie pas organiser des cours de méditation en équipe ni mettre des corbeilles de fruits à disposition des salariés, caricature le psychologue. « Ces éléments relèvent du bien-être individuel, pas de la prévention des risques psychosociaux ni de la santé mentale au travail », rappelle-t-il. Une étude américaine de 2018 a d’ailleurs prouvé que les « programmes bien-être » mis en place dans les entreprises étaient inefficaces pour lutter contre l’absentéisme et améliorer la santé des employés.
« Les salariés ne veulent pas qu’on conjure le mal en leur faisant du bien, ils veulent qu’on prévienne le mal de façon durable », résume le spécialiste. Pour prendre soin de ses jeunes salariés, il s’agit plutôt de penser la structure, l’organisation et la communication interne d’une société. Et cela passe par plusieurs éléments clés.
1° Offrir de l’autonomie
Quels sont les piliers d’une bonne santé mentale au travail ? Ici, le psychologue ne fait pas de différence entre les générations. « Comme tout le monde, les jeunes ont besoin de pouvoir se sentir autonome, d’utiliser leurs compétences au sein de leur emploi et d’obtenir de la reconnaissance, indique Samuel Laurent. En cultivant ces trois éléments, les entreprises peuvent fidéliser leurs salariés, préserver leur santé et espérer qu’ils soient performants. »
Permettre à un employé d’être autonome, c’est lui laisser une certaine liberté et lui confier la responsabilité de faire des choix dans le périmètre de son poste. « C’est un point central pour trouver du sens dans son travail », ajoute le psychologue. Une composante non-négligeable, surtout quand on sait que « 90 % des membres de la génération Z accorde une importance primordiale au sens du travail pour leur épanouissement professionnel et leur bien-être quotidien », selon une enquête menée par Deloitte en 2025 *.
2° Miser sur les compétences des jeunes
Concernant, l’usage de l’expertise des jeunes employés, « ils ont besoin de percevoir que leur travail correspond à ce qu’ils savent faire, d’utiliser leurs connaissances et monter en compétences », précise Samuel Laurent.
Et cela passe – entre autres – par la communication. Le psychologue encourage les managers et les RH à engager un dialogue avec leurs jeunes salariés, « afin qu’ils puissent témoigner de leur expertise, se confier sur ce qu’ils font et sur leurs gestes empêchés ». Il peut aussi être utile de mettre en place des formations entre pairs, pour permettre à chacun de gagner en confiance et en compétences.
Cette communication directe – et non sous forme de questionnaires distribués anonymement – permet dans le même temps de mettre le doigt sur les risques psychosociaux auxquels sont confrontés les employés.
3° Faire preuve de reconnaissance
D’après l’étude du cabinet Deloitte, l’une des principales causes de l’anxiété au travail de la gen Z, réside dans « le manque de reconnaissance et de récompense pour le travail accompli (…) et le sentiment de ne pas être soutenu par leur supérieur hiérarchique ».
C’est ce que confirme Samuel Laurent, qui rappelle l’importance d’un lien de confiance et de reconnaissance entre les salariés, l’équipe managériale et les pairs.
4° Prévenir le stress chronique
Le dernier pilier d’une bonne santé mentale au travail ? L’absence de stress chronique. Or, toujours selon l’étude Deloitte « 49 % des membres de la génération Z se disent stressés ou anxieux la plupart du temps ».
Si le stress est essentiel à notre survie et au bon fonctionnement de l’organisme, il devient dangereux lorsqu’il est chronique. « Les entreprises doivent faire en sorte que les conditions de travail permettent une bonne régulation du stress, pour qu’il ne s’accumule pas sur le long terme, alerte le psychologue du travail. Les employés doivent pouvoir récupérer de leur temps de travail, et les problématiques qu’ils rencontrent doivent être résolues au fur et à mesure ».
Les risques psycho sociaux sont inhérents à l’activité professionnelle, conclut le spécialiste. « C’est uniquement en faisant de la prévention de ces risques que les entreprises pourront préserver la santé mentale de leurs jeunes travailleurs ».
* L’enquête mondiale annuelle de Deloitte, menée auprès de 23 000 répondants à travers 44 pays, a été mise en ligne en juin 2025.
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