
Il y a des moments dans une carrière où tout devient flou. Quelque chose coince, sans que l’on sache exactement pourquoi : on a l’impression de ne plus être à sa place. Découvrez l’éclairage de Sophie Gourion, autrice du livre Cap sur vous ! Stratégies féministes pour une carrière choisie (Alisio).
Dans le 45ème épisode de notre podcast “Good Job !”, Sophie Gourion raconte son propre cheminement, du syndrome de la “bonne élève” au burn-out en passant la reconversion. Elle partage aussi des outils concrets pour se réaligner, retrouver du sens et de l’élan au travail, sans forcément tout plaquer !
Trouver sa zone de génie
Sophie Gourion explique qu’elle a mis des années à comprendre que quelque chose n’allait pas dans sa vie professionnelle. Elle décrit un “syndrome de la bonne élève” qui la poussait à répondre aux besoins de tout le monde sans jamais se demander si elle était vraiment à sa place. Elle raconte : “Je me conformais beaucoup aux besoins des autres sans me poser la question de est-ce que je suis à ma place? Est-ce que j’ai envie de faire ce que je fais aujourd’hui?” Elle avait le sentiment d’évoluer dans une “zone d’incompétence”. C’est un burn-out qui lui a permis de faire une pause forcée et de se poser une question décisive : “Si j’avais une baguette magique, qu’est-ce que j’aurais envie de faire?”
Un blog comme tremplin
Pour amorcer ce changement, Sophie Gourion lance en 2011 le blog Tout à l’ego sur les stéréotypes de genre. Elle y parle de “marketing genré”, puis élargit progressivement à l’égalité femmes-hommes, aux violences faites aux femmes et à leur traitement médiatique. Ce travail lui ouvre une “visibilité médiatique assez inattendue”, à une époque où il y avait encore peu de blogs vulgarisant ces sujets auprès du grand public. En 2016, Laurence Rossignol, devient ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. Lectrice de son blog, elle lui propose de travailler avec elle au ministère. Dix jours plus tard, elle y commence, aux côtés notamment de Marlène Schiappa, et découvre un environnement “hyper stimulant”.
Réalignement professionnel : se poser plutôt que tout plaquer
Aux personnes qui se sentent perdues dans leur vie pro, Sophie Gourion recommande de commencer par un état des lieux de leur situation actuelle. Faire ce “pas de côté” permet d’identifier ce qui va encore dans son poste, de voir si ces éléments peuvent être cultivés, élargis, ou retrouvés ailleurs. Elle invite ensuite à se pencher sur son histoire de vie professionnelle via un outil, “la ligne de vie”, grâce auquel on identifie les “sommets” et les “vallées” de son parcours.
Une autre clé centrale de son approche est le travail sur les valeurs, “notre boussole interne”. Lorsqu’elles ne sont pas nourries, on peut se sentir très mal au travail. Elle évoque, par exemple, ses propres valeurs de justice et de liberté. Parfois, un simple ajustement — passer d’un grand groupe à une PME ou se mettre à son compte — suffit à changer la donne. Elle insiste aussi sur la difficulté, pour les femmes en particulier, de se remettre au centre de leur vie pro et de valoriser leurs talents. En se rendant disponibles pour tout et pour tous, elles répondent “uniquement aux besoins des autres” plutôt qu’à leurs forces et à leur “zone de génie”.
Capitaliser sur ses compétences transférables et ses réussites
Quand on envisage une reconversion, Sophie Gourion insiste sur un point : “On ne repart pas de zéro.” Elle parle de “compétences transférables”, ces compétences acquises au fil des expériences que l’on peut réutiliser dans d’autres métiers. Parmi les outils qu’elle propose, Sophie Gourion recommande de travailler régulièrement sur ses “réalisations marquantes”. Elle suggère de le faire “au moins une fois par an”, sans attendre d’être dans le doute ou en pleine remise en question. Il ne s’agit pas forcément d’exploits spectaculaires, mais de situations où l’on s’est senti à sa place, où l’on a atteint un objectif et éprouvé un “sentiment d’accomplissement”. Elle constate que beaucoup de femmes ont tendance à minimiser ce qu’elles ont fait, en disant qu’elles “n’ont rien fait d’extraordinaire” ou qu’elles “n’ont rien à mettre” dans cette rubrique.
Écouter ses signaux internes
Enfin, comment savoir si l’on est vraiment à sa place une fois ces ajustements opérés ? Pour Sophie Gourion, il y a une dimension très concrète, presque physique : “Je pense qu’il y a vraiment une sorte d’instinct.” Lorsqu’on est à sa place, on se sent plus alignée, plus efficace : “Là où j’étais à ma place, j’étais un rouleau compresseur, je savais où j’allais et je mettais mon énergie au bon endroit.”
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