Notre mental cogite en permanence et cet assaut de pensées est vite épuisant. Peut-on les arrêter et débrancher la prise ?

Vous êtes en week-end, mais vous ne cessez de ressasser un échange un peu vif avec un collègue. Vous prenez un bain délassant après une grosse journée de travail, mais toute votre attention est tournée vers ce nouveau projet dont vous listez les étapes essentielles avec inquiétude. Vous vous réveillez en pleine nuit, et vous vous interrogez pendant de longues minutes sur l’absence de réaction de votre N+1 à votre dernier mail. Bienvenue dans le monde des cogitations !

Manque de chance, ces pensées intrusives s’invitent toujours dans des moments de repos, de détente ou de récupération, gâchant le bien-être que nous pourrions en éprouver. « Ah, si seulement je pouvais arrêter de penser ! », vous êtes vous peut-être déjà demandé ?

Difficile, quand on sait que notre cerveau produit environ 6200 pensées par jour, selon une étude canadienne de l’Université Queen’s College de Kingston. Et surtout très improbable, quand on sait que par instinct de survie, le mental garde ancrée la faculté d’analyser en permanence notre environnement et nos relations pour nous protéger.

Au quotidien, les pensées vont se caler sur nos actions, mais dès que nous sommes immobiles ou passifs, d’autres surgissent, pour anticiper sur la réponse de survie. Oui, le cerveau ne fait pas tellement de différence entre Marc, du Sales service et un tigre à dents de sabre !

Alors, comment fait-on pour ne pas se laisser polluer en permanence ? Je vous propose de « hacker votre cerveau » en trois étapes.

Etape numéro 1 : on conscientise les filtres cognitifs

Posez-vous pour vous interroger sur la temporalité de ces pensées. Si l’on écarte les considérations banales, les préoccupations – celles qui occupent de la place dans votre esprit – sont de trois ordres, et peuvent être assorties d’une prise de conscience objective :

  • les ruminations sont tournées vers des événements passés.

Ce filtre cognitif est inefficace puisque le passé ne peut être revécu, ni modifié. Cette tendance s’explique en partie par le fait que notre cerveau conserve de notre enfance une part de pensée magique, avec l’utopie de transformer les choses.

  • les interprétations sont générées par un présent que l’on interprète.

Cette lecture faussée de la réalité est souvent influencée par nos propres peurs individuelles, en lien avec les expériences que nous avons traversées.

  • les anticipations sont focalisées sur le futur.

L’anticipation, c’est de la science-fiction. Aussi négatives soient les pensées, elles ne disent rien sur l’issue d’un événement.

Leur point commun : nous ne détenons pas toutes les clefs pour résoudre les problématiques liées à ces cogitations au moment où elles surviennent, mais nous en subissons ici et maintenant les effets négatifs.

La prise de conscience aide déjà à relativiser, c’est-à-dire à replacer cette question dans la réalité temporelle dans laquelle elle est censée se développer. Parfois, tout simplement en se demandant : Suis-je concerné(e) maintenant ?

Deuxième étape : on transforme les pensées en objets

A ce stade, les écrire, les dessiner ou même faire un mind-mapping va permettre de les poser. En développant autant de bulles que de pensées, sur une ligne du temps, on facilite un peu leur mise à distance, en en faisant des objets, et non plus des chimères terrifiantes. Souvent, on réalise qu’il n’y a que 5 ou 6 pensées réellement prégnantes.

Troisième étape : on évacue les pensées parasites

Certaines persistent à s’accrocher ! Si la sophrologie est une méthode de conscientisation, elle est également opérante pour défocaliser l’esprit de ce qui le préoccupe. Une fois que j’ai constaté que les cogitations ont moins de valeur ou d’urgence que ce que mon cerveau veut bien me faire croire, je les « raccompagne à l’extérieur ».

Pour cela, j’aime beaucoup l’exercice que j’ai appelé « Souffler le nuage ».

Assis ou même allongé, prenez quelques instants d’intériorisation en ralentissant votre souffle. Posez votre corps, en laissant aller son poids contre le support sur lequel vous êtes (chaise, fauteuil, lit…).

Considérez le va et vient de votre respiration.

Prenez une inspiration lente et profonde par le nez, puis soufflez progressivement par la bouche, en imaginant que vous faites sortir de la fumée grise ou noire. Continuez, avec l’intention d’évacuer vos tensions sur chacune de vos expirations : agitation mentale, jugements, culpabilité, peurs… Visualisez que vous évacuez de plus en plus de fumée à chaque fois.

A chaque respiration, imaginez que vous remplissez un nuage noir qui s’étoffe au-dessus de votre tête : il devient plus épais, plus dense, plus lourd…

Une dernière fois, prenez une inspiration lente et complète par le nez et soufflez sur ce nuage pour le pousser. Imaginez qu’il traverse la pièce, le mur, passe par la fenêtre et va se disperser au loin… Les pensées ne disparaissent pas, mais elles s’éloignent pour un temps.

On ne peut dominer notre manière de penser, mais il est possible de réguler l’agitation mentale, pour une meilleure récupération et efficacité.

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Sophrologue du travail Auteure de 14 ouvrages sur la sophrologie au quotidien. Conférencière et formatrice en entreprise. www.espaceducalme.com

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