
Près de 4 professionnels RH sur 10 envisagent de quitter leur entreprise pour protéger leur santé mentale. C’est le constat alarmant du Baromètre de la santé mentale des professionnels RH 2025 publié par teale*. Décryptage.
En première ligne face aux transformations du travail, à la montée en puissance de l’intelligence artificielle, à la digitalisation et aux incertitudes économiques, les RH ont dû accompagner leurs équipes en 2025 dans un contexte social tendu et des attentes toujours plus fortes. Mais ce rôle central a un prix : la santé psychologique des professionnels se dégrade au point de franchir un seuil critique. Leur score moyen de bien-être WHO-5 tombe à 49/100, en dessous de la barre fixée par l’OMS comme indicateur de fragilité. Fatigue chronique, perte de reconnaissance et isolement deviennent la norme.
Pour Julia Néel Biz, cofondatrice de teale, la situation ne peut plus être ignorée : “Les professionnels RH tiennent encore, mais à quel prix ? Leur énergie s’érode et leur capital relationnel se délite, alors même qu’ils sont censés protéger celui des autres. Ce paradoxe doit alerter les entreprises : si les RH tombent, c’est toute la capacité de l’organisation à se transformer qui vacille.”
Un manque de reconnaissance qui s’intensifie
Les chiffres confirment cette réalité préoccupante : 38 % des RH envisagent de quitter leur entreprise pour préserver leur santé mentale, soit 5 points de plus qu’en 2024. Seuls 63 % estiment leur stress gérable, un recul de trois points, et 64 % considèrent que leur travail est reconnu, soit une chute de onze points en un an. Quant au capital relationnel, pourtant au cœur de leur métier, il s’érode fortement : 73 % déclarent entretenir des relations chaleureuses et de confiance, en baisse de 14 points.
Le sentiment d’utilité et la fierté reculent également, accentuant une perte d’identité professionnelle. Si 77 % des RH se sentent encore respectés dans leur organisation, la baisse est de neuf points, bien plus marquée que dans la population générale. Cette spirale descendante résulte d’un déséquilibre entre l’élargissement du rôle et le manque de reconnaissance, entre des responsabilités croissantes et une visibilité insuffisante dans les décisions stratégiques.
Une fatigue physique et psychique
Dans ce contexte d’épuisement, un paradoxe demeure : alors qu’ils sont garants du lien social dans l’entreprise, les RH souffrent eux-mêmes d’isolement. Télétravail, surcharge de travail et rôle de tampon face aux conflits les privent de relations authentiques et les enferment dans une solitude professionnelle qui fragilise leur efficacité autant que leur équilibre personnel.
Cette usure émotionnelle se traduit aussi dans leur quotidien : 43 % seulement parviennent à se libérer de pensées négatives, 63 % jugent leur stress gérable et 59 % disent pouvoir exprimer facilement leurs émotions. Ces signaux confirment un épuisement émotionnel qui accroît les risques de burn-out et de désengagement.
Pour Julia Néel Biz, la réponse est claire : “Préserver la santé mentale des RH, ce n’est pas un sujet périphérique : c’est une condition de survie pour les entreprises. Cela suppose de leur donner les moyens de se recentrer sur l’humain, de revaloriser leur rôle stratégique, et de leur offrir un soutien organisationnel à la hauteur des responsabilités qu’ils portent.”
*Étude réalisée entre août 2024 et juillet 2025 auprès de 1 120 professionnels RH, tous métiers et niveaux hiérarchiques confondus.
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