Encore dans la vingtaine, premier ou deuxième boulot, et déjà confrontés à ce crash de vie qu’est le burn-out ! A l’âge où on démarre tout juste sa carrière, certains connaissent malheureusement déjà l’effondrement. Comment et pourquoi ces salariés pas encore trentenaires, dont les managers vantent l’implication et la performance, passent du statut de collaborateurs prometteurs à l’arrêt de travail en quelques mois ?

Depuis environ deux ans, nous voyons affluer les demandes pour des accompagnements à l’épuisement professionnel de jeunes encore dans la vingtaine. Venant nous solliciter directement, ou bien accompagnés par leur employeur dans cette démarche, ils sont en arrêt maladie depuis plusieurs semaines et ne comprennent absolument pas ce qui leur arrive. Incrédules au démarrage devant ces demandes nouvelles, force est de constater que ce ne sont, malheureusement, plus des cas isolés !

Que se passe-t-il pour que des personnes si fraichement arrivées sur le marché du travail soit déjà en plein crash ? Le plus frappant : toutes ont le même profil. Très bon élément (souvent identifié comme « à potentiel » par son employeur), à qui l’on confie tôt des responsabilités, avec une valeur travail forte, et une « légère » tendance à faire passer ses besoins bien après ceux des autres (l’organisation, les collègues, les clients internes et externes…). Bref, le portrait robot du burn-outé, avec quelques années de moins !

Témoignages de jeunes salariés en burn-out

L’arrêt de travail arrive comme une bombe, parfois très mal compris par l’employeur et l’entourage. « Ce n’est pas un âge pour faire un burn-out ! Ca ne peut pas être ça… ». Un diagnostic difficile à avaler donc, et parfois remis en cause. Lucile, 27 ans, se souvient très bien ce qu’elle a ressenti à l’annonce du diagnostic par son médecin traitant : « Aucun soulagement, mais beaucoup d’angoisse. Je me demandais vraiment quel était mon problème. A mon âge, ça n’avait aucun sens. Pour moi c’était un truc « de vieux » ! Pourquoi je ne tenais pas alors que les autres tenaient ? J’avais honte, vis-à-vis de mon entreprise mais aussi de mon entourage. Mes amies ne comprenaient pas et ne mesuraient pas ce qui m’arrivait, et je me sentais très seule. Et en même temps j’étais très inquiète. Je me disais : je commence tout juste ma carrière, j’en ai pour 40 ans comme ça ?? ».

Même discours pour Antoine, salarié d’un grand groupe, qui se retrouve écrasé sous la charge d’un nouveau job qui, en plus d’être exigeant, ne lui plait pas. Il ne comprend pas ce qui lui arrive quand les symptômes physiques lui imposent un arrêt de travail : « J’ai entrepris un travail sur moi et j’ai compris qu’il y avait deux sujets : un poste pas du tout fait pour moi, que j’ai pris malgré tout, car (et c’est le deuxième sujet), j’avais vraiment un profil de « bon élève ». Cet épisode de burn-out m’a obligé à travailler sur moi et à écouter mes besoins, pour la première fois de ma vie ! Je suis allé voir un psy, je me suis fait coacher, et j’ai repris un nouveau job où tout se passe bien. Bien sur cela a laissé quelques traces, mais plutôt des bonnes : je connais aujourd’hui mes limites ! ». A noter tout de même que si, dans ce cas précis, l’après burn out est positif, certains burn out peuvent laisser des séquelles, physiques comme mentales.

Car vous l’aurez compris, au-delà d’une charge de travail intense qui entraîne l’effondrement, c’est souvent tout le système interne du rapport au travail qui malheureusement précipite la chute. Et ces jeunes recrues victimes de burn-out ont souvent en commun une valeur réussite très forte, issue de leur parcours personnel ou d’une forme de pression familiale. Alors quand on leur en demande trop, ou qu’elles exercent un métier qui ne leur convient pas, elles n’osent souvent pas dire stop, au prix de leur santé.

Comment se sortir d’un burn-out à moins de 30 ans ?

« Comme Antoine, j’étais clairement sur un poste pas fait pour moi, précise Lucile. Je l’avais accepté par loyauté envers ma boite, mais je savais que c’était loin de mes zones d’intérêt. J’étais vraiment en souffrance sur ce job. J’ai eu la chance d’avoir une entreprise qui m’accompagne, qui comprenne ce qui m’arrive et qui me propose autre chose : aujourd’hui, je m’éclate à nouveau dans mon travail. J’ai aussi compris que je n’étais pas quelqu’un de « fragile », contrairement à ce que mon burn-out pourrait laisser penser. »

Lucile a eu la chance, comme Antoine, de faire partie d’une entreprise qui l’a accompagnée et lui a proposé un autre poste, bien plus en phase avec ses aspirations et besoins. Mais tous n’ont pas cette chance. Pour Claire, cela a été 2 ans de descente aux enfers, avant un départ négocié. Cette jeune femme brillante, pleine d’énergie, revient de loin : harcèlement, puis bataille pour négocier un départ. Elle n’en revient toujours pas d’avoir dû affronter tant de violence si jeune. « Je n’étais pas préparée à ça. C’est hyper violent quand on démarre sa carrière. Et l’arrêt de travail m’a fait très peur. Aujourd’hui je vais bien, j’ai compris ce qui s’était passé, et j’ai entrepris un bilan de carrière pour trouver une voie plus en adéquation avec mon profil. » Après quelques semaines passées dans une communauté au vert pour « reprendre du poil de la bête », Claire est prête à retourner vers le monde du travail, confiante en ses capacités mais ayant perdu quelques illusions au passage : « Dans l’endroit où j’ai vécu quelques semaines, nous étions cinq entre 25 et 30 ans, et trois d’entre nous sortaient d’un burn out… ».

Tous nous le disent, cet épisode extrêmement violent, à l’âge où l’on est en pleine construction de son identité professionnelle, aura été, avec le recul, un accélérateur de maturité professionnelle pour eux. Ils ont été obligés, par la force des choses, de se poser des questions qui arrivent parfois bien plus tard : Pour quel métier suis-je vraiment fait ? Qu’est-ce que je dois changer dans mon rapport au travail ou dans mon équilibre de vie pour préserver ma santé ?

La bonne nouvelle : ils retournent au monde du travail encore plus éclairés, plus humains, avertis des dangers d’un investissement trop poussé, et prêts à être des sentinelles de la qualité de vie au travail, pour eux comme pour leurs collègues !

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Coach en transition professionnelle chez Oser Rêver sa carrière - Consultante RH/Formatrice - Thérapeute Brève et Systémique - co-auteure avec Marina Bourgeois du livre "Trouver sa voie" (Vuibert).

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