
La reconnaissance est l’un des piliers d’une bonne santé mentale au travail. Comment savoir si l’on en reçoit assez ? Éléments de réponse avec la psychologue du travail Élise Chaumon.
Ceux qui l’expérimentent le savent : manquer de reconnaissance dans la sphère professionnelle peut fragiliser l’estime de soi et la motivation. « Et peut même pousser un salarié à démissionner », commente d’emblée Élise Chaumon, psychologue du travail et associée du cabinet Edigio. Pour éviter d’en arriver là, il est nécessaire d’être reconnu à différents niveaux : par ses pairs, sa hiérarchie ou ses subordonnés, et par l’institution dans laquelle on travaille. Plusieurs signes peuvent en refléter un manque. Alors on fait le point ?
Pourquoi a-t-on besoin de reconnaissance ?
L’être humain a besoin de reconnaissance : être estimé par l’autre, recevoir son respect et sa confiance… Pourtant, nombreux sont les salariés qui jugent cette reconnaissance insuffisante dans leur activité professionnelle. Selon un sondage réalisé en 2023 par My Happy Job et Moodwork (1), 65 % des travailleurs français déclarent recevoir de la reconnaissance existentielle (ils se sentent vus en tant que personne), mais seuls 37% estiment être reconnus vis-à-vis de leurs méthodes de travail, et 33% voient leurs réussites récompensées.
Les signes d’un manque de reconnaissance :
1° Aucune évolution
Des demandes de promotion ou d’augmentation refusées année après année, ou encore des écarts de rémunération injustifiés entre collègues, peuvent constituer de premiers signaux. « Après avoir atteint ses objectifs, un employé peut s’attendre à des rétributions financières (prime, augmentation) ou matérielles (cadeau), indique Élise Chaumon. Dans certaines entreprises, une meilleure notation peut également ouvrir la voie à une promotion. » L’absence de telles évolutions traduit un déficit de reconnaissance par les résultats, l’une des quatre manières d’être reconnu.
-
Absence de retours positifs
Un entretien d’évaluation qui ne mentionne que des points négatifs, aucune mise en avant au cours d’une réunion ou dans une newsletter interne, pas de message de remerciements, pas de projet majeur confié… Ces situations peuvent laisser penser que ce qu’on fait n’est pas valorisé. Et pour cause : ce type de gestes apportent des formes de reconnaissance centrées sur la pratique professionnelle et l’investissement. « Il s’agit de valoriser la manière de travailler et de féliciter les efforts fournis même lorsque les objectifs de ne sont pas atteints », précise la psychologue du travail. Quand ce n’est pas le cas, « cela génère de la frustration, abime la confiance en soi et crée une baisse de motivation », souligne-t-elle.
-
Sentiment d’invisibilité
Être reconnu, c’est aussi se sentir vu en tant qu’individu, et non en tant que simple « employé du 4e étage », ironise la psychologue. Un PDG qui ne dit jamais bonjour ou un supérieur hiérarchique qui ne s’intéresse pas aux qualités de son employé peut donner à chacun la désagréable impression d’être interchangeable, et de ne pas exister aux yeux de l’entreprise. Les effets sont délétères.
-
Dégradation du moral
Repérer un manque de reconnaissance passe enfin par de l’auto-observation. Humeur à la baisse (colère, lassitude), mauvaise opinion de soi-même, perte de motivation et de sens, erreurs fréquentes (dues à une baisse d’investissement), envie de démissionner… Tous ces signes sont à prendre au sérieux.
Un salarié qui ne reçoit pas ou peu de signes de reconnaissances peut aussi avoir tendance à en chercher dans chaque détail. « S’interroger en permanence sur les raisons de ce manque peut finir par ronger, et cela altère l’estime de soi », met en garde la psychologue.
Si l’on se sent concerné, la spécialiste recommande d’aborder le sujet dans une conversation avec son supérieur hiérarchique.
Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job.
A lire aussi :
– Comment calmer une crise d’angoisse au travail ?
– Voici l’élément clé pour être heureux au travail, selon plusieurs études
























