Alors que l’été bat son plein, nombreux sont les salariés qui peinent à lâcher prise pendant leurs congés. Entre la tentation de consulter ses mails “juste une fois” et la peur de rater quelque chose d’important, la déconnexion semble mission impossible. Diane Ballonad Rolland, fondatrice du cabinet Temps & Équilibre, et Frédéric Fougerat, président de Tenkan Paris, livrent leurs conseils pour profiter pleinement de ses vacances… sans culpabilité ni pression, que l’on soit salarié ou manager.
Pourquoi est-ce si difficile de décrocher ?
« On confond souvent accessibilité et disponibilité mentale », explique Diane Ballonad Rolland. Dans une culture de l’urgence et du toujours-joignable, beaucoup ont intégré que rester connecté prouve son implication. Résultat : on emporte son stress dans la valise, parfois même jusqu’au transat.
Frédéric Fougerat y voit aussi « un choc technologique et psychologique » : après une année hyper-connectée, s’arrêter brutalement crée un vide. À cela s’ajoute une forme de loyauté mal placée : « On a du mal à couper parce qu’on pense qu’être absent, c’est être déloyal », note-t-il. Pourtant, ajoute-t-il, « ce n’est pas un manque de loyauté que de partir en vacances. C’est une nécessité. »
1. Préparez votre départ
« Bien déconnecter, ça se prépare », insiste Diane Ballonad Rolland. La veille du départ ne devrait pas être une course contre la montre. Pour alléger votre charge mentale, anticipez les urgences, déléguez ce qui peut l’être, et fixez ce qui attendra la rentrée. « Il s’agit de poser les choses pour les laisser au bureau », résume-t-elle.
Frédéric Fougerat complète : « Il faut éviter d’enclencher de nouveaux sujets dans les derniers jours. Le vendredi ou la veille des congés ne doit pas devenir le lancement d’une nouvelle semaine. »
2. Clarifiez vos disponibilités
Prévoyez une signature d’absence et indiquez un contact relais. Mais le plus important reste de définir les règles avec votre équipe. « Il faut se mettre d’accord sur les cas où je peux être joignable ou pas. Vous avez le droit de déconnecter comme tout le monde », rappelle Diane Ballonad Rolland.
De son côté, Frédéric Fougerat a instauré une astuce dans ses équipes : « On utilise le code ‘NPO’ – pour ‘Ne Pas Ouvrir’ – dans l’objet d’un mail destiné à quelqu’un en vacances. Cela permet d’éviter toute pression à répondre. »
3. Organisez un vrai relais
Un bon tuilage, même rapide, permet de partir plus sereinement. Désigner un ou une collègue pour gérer les urgences évite que votre téléphone sonne tous les deux jours. « Personne n’est indispensable », rappelle Diane Ballonad Rolland. « Imaginez que vous soyez hospitalisé·e : les choses se feraient malgré tout. »
4. Trouvez votre rythme
Faut-il tout couper ? Pas forcément. « Certains décrochent mieux en se connectant ponctuellement à des moments définis », explique Diane Ballonad Rolland. Par exemple, se réserver un créneau fixe, comme le vendredi matin, pour consulter ses mails peut aider à se rassurer et à mieux lâcher prise le reste du temps. « C’est un peu comme la méditation : plus on vous dit qu’il faut déconnecter, plus cela peut créer un blocage », prévient-elle.
5. Triez vos applications
Pas besoin de jeter son smartphone à la mer. Mais vous pouvez désactiver les notifications, archiver les groupes WhatsApp de travail, et vous déconnecter de Slack ou Teams. « Il y a peut-être un tri à faire au niveau des applications, voire même les supprimer temporairement », suggère Diane Ballonad Rolland.
Frédéric Fougerat conseille d’afficher clairement sa digital detox : « Je le fais chaque année sur mes réseaux, pour envoyer un signal clair et public que je suis en pause. »
6. Créez des rituels de transition
Dès la fin de votre dernière journée de travail, basculez en mode vacances. Rangez votre ordinateur, changez de tenue, prenez un verre, partez marcher. Ces gestes simples marquent symboliquement la coupure. « Plus vite vous cassez le rythme, plus vite vous entrez dans un état de détente », affirme Diane Ballonad Rolland.
7. Reconnectez-vous à vous-même
Vacances ne riment pas uniquement avec “repos”. Elles sont aussi l’occasion de retrouver des plaisirs simples : marcher pieds nus, contempler un lever de soleil, goûter une nouvelle cuisine… « Déconnecter du travail, c’est aussi se reconnecter à soi, à ses sensations. Tant qu’on reste connecté, on se déconnecte un peu de soi », insiste Diane Ballonad Rolland.
8. Cultivez cette compétence
Déconnecter ne va pas de soi : « C’est une compétence qui se cultive », affirme Diane Ballonad Rolland. Cela commence par des micro-pauses, des moments pour se recentrer. « Petit à petit, on apprend à mieux se réguler. »
Frédéric Fougerat encourage aussi à sortir du “tout ou rien” : « On ne peut pas passer du jour au lendemain à zéro connexion. Il faut apprendre à doser pour ensuite apprendre à couper. »
Et si une urgence survient ?
Malgré toutes les précautions, un appel urgent peut tomber. Si cela a été cadré et que cela ne vous pèse pas, répondre peut parfois soulager : « Cela prendra deux minutes et évitera de ruminer pendant trois jours », estime Diane Ballonad Rolland.
Mais attention à ne pas ouvrir la porte à une disponibilité permanente. Frédéric Fougerat tranche : « Une urgence, c’est les pompiers ou l’hôpital. Le reste relève souvent d’une mauvaise organisation. » Il rappelle qu’il n’appartient pas à celui qui est en congés de rattraper l’impréparation des autres.
Pour vous, pour les autres… et pour la suite
La déconnexion n’est pas un luxe, mais une nécessité. Elle profite à votre santé mentale, à vos relations, à votre créativité – et à votre efficacité future. « On ne peut pas être en mode travail toute l’année », conclut Diane Ballonad Rolland. Et si on commençait, justement, par l’assumer pleinement cet été ?
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