Être manager, c’est souvent prendre soin des autres avant de penser à soi. Pourtant, pour guider efficacement une équipe et tenir sur la durée, il est essentiel de cultiver son équilibre personnel. Comment préserver son énergie, ses émotions et son bien-être quand on porte la responsabilité du collectif ? Les explications d’Aurélie Durand, psychologue et coach, co-autrice du livre “Le SAV des managers” qui vient de paraître aux éditions Vuibert.
« Je dois tenir », « Je n’ai pas le droit de flancher », « C’est à moi de porter l’équipe ». Peut-être vous surprenez-vous parfois à penser cela ? Comme si être manager signifiait avancer coûte que coûte, serrer les dents, embarquer tout le monde sur ses épaules. Combien se chargent ainsi la barque, persuadés qu’ils doivent tout contrôler et encaisser ? Mais à force de se vivre en super-héros ou sauveur, ils s’épuisent et deviennent défaillants. Car manager, ce n’est pas tout porter : c’est orchestrer, donner du sens, piloter, développer. Chacun reste responsable de lui-même, et c’est ensemble que l’on porte la performance.
Attention à l’épuisement !
Le piège qui mène à cette confusion est souvent émotionnel : peur de décevoir, sentiment de solitude, exigence intérieure poussent à l’hyper-action façon warrior… jusqu’au décrochage. Et plus la fatigue s’installe, plus le piège émotionnel se renforce. Les signaux faibles – irritabilité, oublis, perte de discernement, sommeil chaotique – sont balayés d’un « ça va passer, faut que je tienne ». Sauf que plus on tire sur la corde, plus l’arrêt sera brutal. Prendre soin de soi en tant que manager n’est pas un luxe, c’est un droit et un devoir. Comme le masque à oxygène dans l’avion, il se met d’abord sur soi pour pouvoir ensuite aider les autres. Être manager, c’est comme courir un marathon : la récupération est clé.
Misez sur la force du collectif
Pour cela, il est essentiel de revoir ses représentations. L’entreprise n’est pas une famille « à charge », ni seulement un système pyramidal où le manager porte ceux qui sont en dessous. Elle peut aussi être pensée comme un système organique, où chaque acteur est responsable de sa place et contribue à l’ensemble. Dans ce cadre, le manager n’est pas le pilier unique, mais une partie intégrée du collectif. Ce n’est pas en portant pour les autres qu’il sera légitime, mais en assumant ses besoins, ses limites, son rythme, pour ainsi être à la place de celui qui guide et élève et non de celui qui commande et contrôle. Et se voir comme partie intégrée du collectif, c’est aussi se libérer d’un poids : accepter de ne pas avoir à tout porter, de pouvoir demander de l’aide, partager ses doutes. Car non, vous n’êtes pas seul : vous avez votre équipe, vos pairs, vos RH, vos proches, et même votre N+1. Agir pour ne pas être seul plutôt qu’agir seul, voilà un vrai levier. Les groupes de co-développement, l’appui d’un coach ou un dialogue honnête avec vos collaborateurs sont autant de ressources pour retrouver de l’air.
Santé mentale : connaître les signaux faibles
Alors, pour prendre soin de vous en tant que manager, commencez par repérer vos signaux faibles de fatigue, qu’ils soient cognitifs, émotionnels ou physiques. Ce sont des alertes, pas des faiblesses ! Ils sont le signe qu’il est urgent de ralentir, même si cela ne plaira pas à vos réflexes automatiques. Reprenez la main sur votre agenda en repriorisant et en déléguant (en regardant objectivement ce dernier, vous verrez que cela est possible !) : inscrivez-y des temps de récupération non négociables. Prenez du recul, et osez dire votre fatigue, sortez du fantasme du Super-héros. Redéfinissez vos règles de fonctionnement avec votre équipe : chacun acteur, chacun responsable. Cela ne veut pas dire que vous vous déchargez, mais que chacun est garant d’un équilibre collectif. Et surtout, réactivez vos sources d’énergie, quelles qu’elles soient – sport, nature, lecture, bricolage… peu importe, pourvu que cela vous ressource vraiment.
En choisissant de prendre soin de vous en tant que manager, vous ne cédez pas à un caprice individuel. Vous affirmez un choix responsable : celui de préserver votre énergie et votre discernement pour remplir votre mission collective dans la durée.
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