En France, 1 salarié sur 4 se déclare en mauvaise santé mentale, et les troubles psychologiques sont désormais la première cause des arrêts maladie de longue durée. Pourtant, 60 % des salariés n’osent pas en parler. C’est dans ce contexte qu’est née la première Charte d’engagement pour la santé mentale au travail. Décryptage. 

1° Ses origines 

Le Gouvernement, avec l’Alliance pour la santé mentale, a lancé le 28 août 2025, lors de la Rencontre des Entrepreneurs de France organisée par le MEDEF, la première Charte d’engagement pour la santé mentale au travail. Labellisée “Grande Cause nationale 2025”, cette initiative marque un tournant : rendre la santé mentale non plus marginale, mais stratégique, utile à la fois pour le bien-être des salariés et la performance collective. 

L’événement a réuni autour de la table ronde “Santé mentale : un levier de performance durable” des personnalités comme Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi), Yannick Neuder (Santé et Accès aux soins), Michel Barnier, Michel Lejoyeux, Angèle Malâtre‑Lansac, ainsi que Camy Puech (Qualisocial) et Claire Le Roy‑Hatala, co‑présidente du groupe de travail à l’origine de la Charte.  

« Agir pour la santé mentale, c’est investir dans la qualité de vie au travail, dans l’attractivité et la fidélisation des talents, et dans la performance économique de l’entreprise. », Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi.

2° Les axes clés de la Charte

La Charte en appelle à un engagement mesurable autour de quatre axes : 

  • démystifier la santé mentale en favorisant la sensibilisation et la libération de la parole ; 
  • instaurer un dialogue social structuré sur la qualité de vie au travail, les conditions et l’organisation ; 
  • améliorer en continu les conditions d’activité, en portant une attention particulière à des profils spécifiques (femmes, aidants, travailleurs handicapés, seniors, jeunes, primo‑entrants) ; 
  • accompagner individuellement, notamment via des formations comme le secourisme en santé mentale.  

3° Pourquoi une Charte maintenant ?

Le contexte est alarmant : chaque année, 13 millions de personnes en France souffrent d’un trouble psychique. Une étude parue début 2024 estime que trois travailleurs sur quatre rencontrent un problème de santé mentale lié au travail, 44 % sont en détresse psychologique, et le burn‑out a doublé depuis 2020. La conséquence n’est pas anodine : absentéisme, pertes de productivité et coûts estimés à 23 milliards d’euros par an d’ici 2027. 

La santé mentale, longtemps reléguée au second plan, est désormais considérée comme un enjeu collectif, social et économique. Les troubles psychologiques sont la première cause d’arrêts maladie longs, entraînant absentéisme, turnover et baisse de productivité. Pour y répondre, la charte invite les entreprises à s’engager, dans un délai de trois ans : chaque organisation planifie et suit des actions de prévention, de formation et d’amélioration continue, pour transformer le travail en un vecteur de bien-être et de performance durable. 

4° Comment signer cette Charte ?

La Charte n’est pas une simple promesse : les entreprises peuvent déjà s’y engager, et les signatures seront officiellement récoltées le 20 novembre 2025, lors de l’événement Cap pour la santé mentale, co-organisé à Paris par l’Alliance, la Fondation Falret et Santé mentale France. 

5° Les bénéfices attendus 

Pour les entreprises, adhérer à la charte offre plusieurs avantages : 

  • Amélioration du bien-être et réduction du mal-être au travail ; 
  • Attractivité et fidélisation des talents ; 
  • Performance globale renforcée (sociale et économique) ; 
  • Limitation des risques psychosociaux et du coût des maladies psychiques. 

Attention, l’application de la charte demande des ressources dédiées : temps, formation et dispositifs d’accompagnement. La tentation de l’affichage sans réalité opérationnelle reste un risque :  sans suivi ni implication réelle, les bénéfices espérés peuvent s’avérer limités. 

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