Aux Etats-Unis, les cours dédiés au bonheur font le plein à la fac. Qu’en est-il en France ? Tour d’horizon des enseignements prônant une vie meilleure, notamment au travail.

En 1995, le bonheur était dans le pré. En 2019, il est à la fac ! Si la notion de bonheur était déjà au programme de philosophie des Terminales, il devient désormais plus concret, avec des cours de dispensés dans les amphithéâtres des grandes écoles. La tendance vient des Etats-Unis, et d’Harvard (Massachussets) où Tal Ben-Shahar a été le premier enseigner la discipline. L’ancien prof de bonheur est aujourd’hui conférencier international. Avec son Whole Being Institute il propose des certifications de psychologie positive en Europe. A l’université de Yale (Connecticut), Laurie Santos attire les foules (plus de 1000 étudiants sur le seul premier semestre de l’an dernier !) avec son cours intitulé « Psychology and the good life ». Accessible à tous et gratuit depuis peu sur la plateforme en ligne Coursera, ce cours est un véritable manuel de bien-être pour changer ses manières de vivre et être plus heureux au quotidien. Des exemples ? Faire le point avant de se coucher sur les éléments positifs de la journée, moins procrastiner, renforcer ses liens sociaux…

Des DU depuis quatre an en France

En France aussi, depuis la fin des années 2000, la discipline émerge. On parle de psychologie positive plutôt que de bonheur. Pour Charles Martin-Krumm, président de l’Association Française et francophone de Psychologie Positive, « on n’enseigne pas le bonheur en tant que tel, mais on peut expliquer les potentiels ressorts sur lesquels jouer pour limiter les ruminations, développer la motivation… » Dans ses cours à l’Ecole de Psychologues Praticiens de Paris, il enseigne, par exemple, la qualité de vie au travail. « C’est un cours qui s’adresse à des psychologues, des infirmiers, des militaires des enseignants qui veulent fonctionner différemment dans leur métier » explique-t-il. « La qualité de vie des élèves passe par la qualité de vie des profs, et c’est pareil en entreprises entre salariés et managers : il a des chercheurs en France qui s’intéressent aux émotions positives ressenties. Il y a des choses à mettre en place et c’est bien que les profs s’en saisissent », encourage-t-il. Des diplômes universitaires existent au sein des universités de La Réunion, Metz, Tours ou encore Grenoble.

« Fonctionnement optimum, développement et bien-être »

A La Réunion, la psychologie est ainsi enseignée par Yvan Paquet : « Depuis quatre ans, les DU se sont développés, mais avant que cela n’infuse dans toute l’éducation il faut du temps », commence-t-il. « On est encore au balbutiement. D’autant qu’en France, il y a des réticences dues à la méconnaissance de la discipline, et à la vision de la psychologie très orientée sur les maladies, la résolution des problèmes et non le bien-être. Pour Charles Martin-Krumm, la discipline devrait ainsi se nommer « Fonctionnement optimum, développement et bien-être » pour être mieux comprise. Plus long que « bonheur », ou « psychologie positive », mais aussi plus juste et plus parlant selon lui. « C’est une vraie discipline scientifique, et non une mode. Malheureusement, puisque c’est tendance, on voit se développer tout et n’importe quoi, loin de la discipline scientifique sur l’on enseigne », met en garde Yvan Paquet.

Des travaux de recherche qui se multiplient

Son conseil ? Faire le tri, car le but de la psychologie positive n’est pas d’augmenter la productivité, mais d’arriver à un fonctionnement optimum, et pas maximum, contrairement à ce que certains vendent. Allier bien-être et motivation, c’est le but des professeurs français. « Avant d’enseigner le bonheur, il faut savoir de quoi on parle et donc mener des travaux de recherches pour le définir. Ensuite, on peut analyser les choses mises en place pour le favoriser, de manière scientifique également. Quand on a ces données, on peut transmettre des ressorts qui permettent le bien-être, le développement et le fonctionnement optimum », résume Charles Martin-Krumm qui enseigne aussi la discipline à des élèves de Master. Côté recherches, justement, les initiatives se multiplient dans l’hexagone : Chaire Paix économique, Mindfulness et bien-être au travail à Grenoble Ecole de Management, Cercle de recherche bien-être au travail à Dauphine, Laboratoire BONHEURS de l’université de Cergy, Rebecca Shankland à l’Université de Grenoble, Projet BonDroit de l’université d’Angers…

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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