Vous en avez peut-être déjà croisé, ces profils de travailleurs, souvent jeunes (mais pas seulement !), qui cumulent les emplois. Professeur au collège la semaine, il donne des cours de guitare le week-end. Ou bien designer dans une entreprise du lundi au mercredi et responsable d’une association du jeudi au samedi. Ces profils de salariés ou d’indépendants qui cumulent plusieurs emplois, ce sont des slasheurs.

Qu’est-ce que le slashing ? Est-ce une tendance nouvelle ? Va-t-elle s’inscrire dans la durée ?. Un mot décrypté avec Marielle Barbe, auteure de “Profession slasheur : cumuler les jobs, un métier d’avenir”, le premier ouvrage en français sur le sujet.

 

Le slashing qu’est-ce que c’est ?

La définition du slashing

Le slashing est une nouvelle façon de travailler et d’appréhender sa carrière professionnelle, qui consiste à cumuler plusieurs emplois et/ou activités dans des entreprises différentes. Attention cependant : il ne s’agit pas d’avoir plusieurs postes par nécessité. Le slashing résulte d’une volonté du travailleur d’évoluer dans sa carrière, de toucher à différents domaines, de maîtriser plusieurs compétences. C’est un choix volontaire et éclairé de carrière multiple.

Le slashing peut prendre plusieurs formes : un emploi à temps complet la semaine et des missions ponctuelles le soir et le week-end, ou bien un CDI et une activité de freelance complémentaire ou encore deux emplois à mi-temps. Il n’y a pas de formule définie et chacun est libre d’organiser son planning comme il ou elle l’entend. C’est d’ailleurs l’une des promesses du slashing : celle de la liberté.

Le terme de “slashing” vient du symbole du slash, “/”, qui permet d’illustrer ces multiples casquettes. On est par exemple designer/professeur.

 

Une tendance nouvelle ?

A cause de l’anglicisme peut-être, on pourrait penser que le slashing est une tendance nouvelle, un terme anglais comme on en retrouve beaucoup dans le monde de l’entreprise. Et les chiffres montrent que la tendance n’a jamais été aussi forte : aujourd’hui, un peu plus de deux millions de Français cumulent plusieurs emplois. Difficile cependant de séparer ceux qui le font par envie et ceux qui le font par nécessité : une statistique, donc, à prendre avec des pincettes.

L’Histoire nous montre cependant que le slashing n’est pas si nouveau : c’est le terme qui est apparu récemment. Mais on retrouve très facilement de grandes figures historiques qui cumulaient en même temps, par curiosité, plusieurs fonctions. Léonard de Vinci, par exemple, peintre, inventeur, architecte, est peut-être le slasheur par excellence !

L’émergence récente du slashing est due à une évolution des mentalités et de la façon de concevoir le travail. Chez les jeunes et en particulier chez la Génération Z, les chiffres sont très parlants : 44% d’entre eux ne savent pas s’ils souhaitent exercer le même métier toute leur vie. Le rapport au travail évolue, et pour en faire une source d’épanouissement professionnel, on touche à tout, on essaie de nouvelles choses. Il s’agit, pour beaucoup, d’une nouvelle façon de donner du sens au travail.

 

Le slashing, source de bien-être au travail

Le slashing se développe donc comme un moyen d’accroître son bien-être au travail. Comme le dit Marielle Barbe, “le slashing, c’est fonctionner à l’envie, c’est la garantie de ne jamais s’ennuyer”. On fait ce qui nous plaît, à un moment T. A la différence des salariés classiques, “slasher” permet de choisir ses missions et ses tâches.

 

Une conséquence de l’hybridation du travail ?

Le slashing est donc issu en partie de nouvelles aspirations quant au travail. Mais la pratique s’inscrit aussi dans une évolution complète du rapport au travail. Les métiers du digital, en particulier, permettent aux nouvelles générations de s’installer plus facilement que jamais à leur compte, en freelance, et de travailler pour plusieurs clients à la fois.

Il n’est donc pas étonnant qu’aujourd’hui le slashing soit plus que jamais à la mode. Non seulement, il est poussé par de nouvelles aspirations, mais en plus il est facilité par les nouvelles technologies et les nouvelles façons de travailler. La crise du Covid et la généralisation du télétravail aura aussi certainement contribué à l’émergence de cette tendance.

«En période de crise de l’emploi, d’insécurité sur les retraites et de révolution numérique, le pluriactif représente le nouveau modèle professionnel, estime Marielle Barbe. Le slashing est aussi une réponse au burn-out (surcharge), au bore-out (ennui) et au brown-out (manque de sens). » Alors, demain, tous slasheurs ?

 

Le Slasheur, au coeur du slashing

Le slasheur ? Un individu qui jongle avec plusieurs casquettes professionnelles par choix, plus que par nécessité. Il déborde d’envies et de créativité. Il préfère la curiosité à la sécurité d’un poste figé. « Surtout, contrairement aux idées reçues, les slasheurs ne sont pas des dilettantes, de doux rêveurs, des employés instables, des adolescents tardifs », insiste Marielle Barbe, elle-même slasheuse et auteure de “Profession slasheur : cumuler les jobs, un métier d’avenir”. Son conseil ? Assumez votre multi-potentialité !

Le slashing est donc une façon de travailler qui n’est pas adaptée à tous. Cela demande de la curiosité, de la motivation, bien sûr, et de la créativité. Pas besoin forcément d’être touche à tout : il faut surtout s’intéresser à plusieurs domaines dans lesquels on souhaite acquérir quelques compétences ou dans lesquels on prend du plaisir, ou alors on travaille pour une entreprise ou une association dont la mission nous plait.

 

Le slashing : entre bénéfices et contraintes

Le slashing, ce n’est donc pas pour tout le monde. Et pour cause : pression, sentiment d’être débordé, épuisement… Pour slasher, il faut être en mesure de s’organiser et savoir déconnecter quand le besoin s’en fait sentir ! La charge mentale liée au travail peut être importante quand on cumule les emplois et ne doit pas être sous-estimée.

Mais si ce modèle de travail vous correspond, alors les bénéfices peuvent être nombreux. Financiers, bien sûr, puisqu’on multiplie les sources de revenus. Mais les risques de s’ennuyer s’évaporent, on attise sa curiosité, on apprend en continu.

Beaucoup de slasheurs concilient une activité “passion” et une activité “ressource”. La première leur permet de s’épanouir pleinement au travail : ce peut être un emploi créatif, artistique, ou à vocation, par exemple. L’autre, s’il est moins passionnant, permet d’assurer une sécurité financière.

L’exemple de Shine est intéressant, quand une entreprise favorise le shasing. A la question “vous proposez 1 jour de freelancing par mois à vos salariés. En quoi cela consiste exactement ?”, sa réponse nous éclaire sur comment le slashing, favorisé par Swile, peut permettre aux employés de mieux se sentir dans leur travail. “C’est l’occasion pour nos collaborateurs de se mettre dans la peau de nos clients (avec un compte premium offert !) et donc d’améliorer nos offres. Ils peuvent travailler pour une autre entreprise, développer des projets personnels ou encore donner un coup de main à des associations. Cela leur évite de le faire le soir ou le week-end. Et puis cela leur apporte de nouvelles compétences, mais aussi de nouvelles idées ! Cette journée en freelancing est source de créativité. Une de nos collaboratrices qui travaille aux opérations bancaires construit ainsi des violons sur ce temps !”

Et cela va de paire aussi avec les demandes en hausse de temps partiel (même si tous ceux qui sont en temps partiel ne sont pas slasheurs).

Pour en savoir plus sur le slashing, le sens au travail et l’évolution du rapport au travail, ne manquez pas la semaine pour la QVT !

En Juin, MyHappyJob participe à la Semaine pour la QVT. Une semaine dédiée à la quête de sens au travail, que nous aborderons sous toutes ses formes grâce à un cycle de conférences et de tables rondes, pour donner la parole aux experts. Ne ratez pas notamment notre rencontre sur l’évolution du sens au travail, qui vous permettra certainement de mieux comprendre encore cette notion de slashing !

Tout le programme

 

Autre ressource : découvrez aussi le témoignage d’Hélène Picot, slasheuse

 

A voir aussi :
– C comme Chief Happiness Officer (vol.1)
– P comme Plaisir au travail

(1) Marabout. Plus d’infos : www.mariellebarbe.com

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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