Une grande majorité de salariés en rêve : travailler au moins une journée par semaine loin du bureau, tranquillement installés chez eux. Trois télétravailleurs nous ont raconté ce que leur permet ce nouvel aménagement. Témoignages.

Le télétravail se développe. Depuis l’accord cadre européen de 2005, transposé en droit français trois ans plus tard, et inscrit dans le Code du travail en 2012, et plus encore depuis la loi Travail et les ordonnances Pénicaud, publiées au journal officiel le 23 septembre dernier, les salariés peuvent demander à leur employeur de travailler de chez eux, un ou plusieurs jours par semaine. Une situation qui plairait à 71% des actifs selon un sondage Vivastreet. Mais aujourd’hui, seuls 15 à 20% des salariés ont effectivement obtenu cette possibilité. Parmi eux, Isabelle, Hélène et Pascale. Elles nous ont raconté leurs journées de travail « à la maison » et leurs trucs et astuces pour rester efficaces.

« Grâce au télétravail du lundi, j’ai moins l’angoisse du dimanche soir »

Isabelle, webmaster éditorial dans un ministère. « Quand la fonction publique a ouvert le droit au télétravail, je me suis jetée dessus. Depuis juin 2016, je reste chez moi le lundi… et j’adore ! J’ai moins l’angoisse du dimanche soir, et ça me permet une reprise en douceur. Je commence à 9h, comme tous les jours, mais je me lève juste avant ! Et je m’organise dans mes horaires : je profite d’être dans mon quartier pour déjeuner dehors, prendre le temps, quitte à finir plus tard le soir. Dans mon travail c’est facile, car ma mission consiste surtout à faire de la veille d’emails et à y répondre. Au début j’avais tendance à me mettre la pression et à travailler le plus vite possible pour montrer à mes collègues que j’étais efficace. Aujourd’hui, je suis plus détendue. D’autant qu’on a un logiciel de travail collaboratif, donc c’est facile de se coordonner, même à distance. J’ai aussi remarqué que j’arrive mieux à me concentrer pour les tâches plus longues de chez moi, alors que je pensais que ce serait difficile. Mais entre deux, le fait d’être à la maison me permet de lancer une lessive, d’accrocher un cadre… Et j’en profite aussi pour être à l’aise : plaid sur les épaules et grosses chaussettes en polaire ou travail en terrasse quand il fait beau ! »

« Je suis beaucoup plus concentrée quand je travaille chez moi »

Hélène, éditrice. « Je télétravaille depuis trois mois, en accord avec ma cheffe et ma collègue. On prend chacune un jour par semaine, en s’arrangeant pour qu’il reste quelqu’un au bureau. Moi c’est le jeudi, sauf si j’ai des rendez-vous. Dans mon travail, j’ai des tâches qui demandent beaucoup de concentration, quand je dois lire un manuscrit de 400 pages en anglais, ou vérifier une traduction par exemple : pour ça, j’apprécie vraiment d’être chez moi et de faire des longues sessions de travail sans être interrompue par un coup de téléphone ou des collègues. J’ai un appartement parisien… donc pas de bureau ! Mais je m’arrange : sur le canapé ou la terrasse pour lire, et sur la table de la cuisine quand je dois utiliser l’ordinateur. Si je pouvais, je ferais trois jours au bureau et deux jours chez moi : c’est tellement agréable de se lever et de se mettre au travail aussitôt, avec son café ! Je suis immédiatement concentrée alors qu’en arrivant au bureau, le temps de dire bonjour, de récupérer des documents à la photocopieuse, de s’installer, ce n’est pas toujours le cas ! » 

« Je suis contre le fait de ramener du travail à la maison, mais le fait de s’extraire une journée du bureau fait tellement de bien… »

Pascale, cadre à la Société Générale. « Je travaille tous les vendredi de chez moi depuis deux ans. Cela me permet de gagner du temps sur le transport (50 minutes matin et soir) mais ce n’est pas pour ça que je l’ai demandé. Pour moi, c’est avant tout une journée sans aucune perturbation. Au boulot, il y a toujours du passage, des coups de téléphone, des collègues qui posent des questions. Donc, travailler chez moi est un bon moyen pour traiter les dossiers qui demandent de la concentration. Je prépare mes affaires le jeudi soir, ordinateur et dossiers pour être efficace le vendredi. Et à distance, les relations avec les collègues restent faciles car on travaille déjà en flex-office avec skype entreprise. Même si je trouve ça nul de travailler chez soi, et de ne pas séparer les vies professionnelle et personnelle, cette journée où je m’extraie du bureau, ça fait du bien ! Si je pouvais, je m’installerais dans un espace de coworking, mais je n’en ai pas près de chez moi. A la maison, je travaille dans la salle à manger. Mes enfants, quand ils sont là, me laissent travailler sans souci. On déjeune ensemble parfois, quand je prends le temps. Mais souvent je fais des journées encore plus intenses que le reste de la semaine. Je commence à l’heure où j’arrive au bureau (9h) après avoir pris un peu plus de temps pour me préparer, m’habiller, me maquiller, mais le midi et le soir j’ai du mal à décrocher. L’an prochain, je pense télétravailler de Marseille tous les vendredis et en profiter pour passer le week-end au soleil avec mon chéri. »

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Crédit photo : Unsplash.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

2 Commentaires

  1. bonjour Lucie

    Le télétravail, lorsque l’on sait s’organiser, et être rigoureux à la maison est vraiment un miracle pour rester concentré-e et bien avancer !

    Par contre, je pense qu’il faut former les salariés qui n’ont pas l’habitude. Car sinon, à la maison, on peut être vite tenter de regarder la télé, jouer, faire le ménage, …

    Au plaisir
    Evan

  2. Bonjour Lucie,

    Une journée par semaine de télétravail c’est facile et effectivement ça permet de travailler d’une autre manière, d’être plus concentré, au final d’être plus engagé pour sa société. Mais encore faut-il que le télétravailleur ait un minimum d’espace et de moyens à dédier pour passer une bonne journée depuis la maison (un bon siège de bureau, l’ordinateur, une liaison Internet de qualité). Car travailler 7 ou 8 heures dans un fauteuil ou un canapé, bonjour les TMS qui vont vous envoyer chez l’ostéo ! Et, comme l’indique Evan dans son commentaire, un peu de rigueur pour ne pas basculer dans la procrastination de longue durée 🙂

    J’ai testé pendant des années le rythme d’une à deux journées par semaine, plus par confort pour réduire mes temps de trajet et passer plus de temps avec mes enfants.
    Plusieurs de mes collaborateurs font une journée par semaine, y-compris sur des missions critiques comme du service client par exemple.

    Puis il a fallu que je passe à du temps plein en télétravail – 700 kms entre mon domicile et mon entreprise ça force un peu 🙂 – Et là ce n’est plus du tout la même chose. On perd progressivement l’essentiel, à savoir la richesse des échanges informels, vous savez toutes ces informations qui ne font pas l’objet de mails ou de posts dans Slack (ou équivalent). Il faut alors s’adapter davantage dans son travail, apprendre à lâcher prise et faire confiance, encore plus, pour ne pas surréagir et pourrir l’ambiance à distance lorsque l’on est manager ou dirigeant.
    Et ne pas hésiter à reprendre les anciennes très bonnes habitudes que le digital peut nous faire perdre depuis une quinzaine d’années : privilégier le téléphone, les visioconférences, les SMS plutôt que les mails ou le team messaging (slack and co), enfin et surtout revenir au bureau, en vrai, pour reprendre le rythme, le pouls et échanger IRL avec ses collègues.

    Et malgré tout cela, télétravailler à temps plein, ou presque, depuis chez soi, ça use. Alors il faut trouver d’autres solutions et c’est là où les espaces de coworking et les tiers-lieux peuvent grandement aider mais ça c’est une autre histoire 😉

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