La mutuelle Humanis a changé sa façon d’organiser les plannings : 5 000 salariés disposent désormais d’un emploi du temps à horaires variables sans plage fixe. Le DRH métiers du groupe, Christophe Frayt, revient sur cette innovation dans la gestion des ressources humaines.

Vous avez décidé d’assouplir votre gestion des horaires de travail, comment cela fonctionne-t-il ?
Notre accord sur le temps de travail, entré en vigueur le 1er janvier 2015, prévoit la mise en place d’horaires variables sans plage fixe. Les horaires variables existent dans beaucoup d’entreprises, mais nous avons décidé d’aller plus loin en permettant à nos salariés d’organiser leurs temps comme ils le souhaitent entre 7h30 et 19h, dans le respect de quelques règles facilitant le fonctionnement collectif. Par exemple, dans la plus part des cas, la durée moyenne quotidienne est de 7h31 et une journée est au minimum de 4 heures.

Combien de salariés sont concernés et sont-il beaucoup à se saisir de cette nouvelle « liberté »?
Plus de 5 000 collaborateurs dans le groupe bénéficient de l’accord, sur les 6 800 salariés. Ceux qui travaillent en agence commerciale ou dans les centres de relations clients sont tenus d’assurer une continuité de service et ont donc des horaires plus contraints. C’est impossible de savoir précisément combien l’utilisent, car le système est ouvert. Certains récupèrent 4 ou 5 jours par an, quand d’autres récupèrent une demi-journée par semaine pour gérer leurs activités personnelles ou responsabilités familiales.

Concrètement, avez-vous constaté des changements de rythme et qu’est ce que cela permet aux salariés ?
Dans les premiers temps, les collaborateurs n’ont pas beaucoup modifié leurs habitudes. La plupart ont aussi une vie rythmée par les horaires des enfants, ou par les horaires de train. Mais avec le temps, certains appréhendent mieux la souplesse accordée dans leur quotidien : on a désormais des collègues qui arrivent plus tard, d’autres qui viennent plut tôt. Pour les collègues d’Ile-de-France, ça permet d’avoir des places assises dans les transports !

Nous avons aussi des sportifs, qui en profitent pour un jogging entre midi et deux. A Lille, nous avons deux collaborateurs sportifs de haut niveau : Martin Farinot, en kayak, s’entraîne tous les matins, Loïc Herkanrath, médaillé d’or au 110m haies aux Jeux de la Francophonie d’Abidjan, prend ses lundis matin et part tous les soirs à 18h pour ses séances. Ces aménagements leur permettent de combiner travail, sport et vie personnelle, alors qu’ils ne peuvent pas vivre simplement de leur sport. Nos collaborateurs qui sont aidants familiaux peuvent aussi s’occuper plus facilement de leurs proches.

Pourquoi avoir imaginé ce mode de gestion ?
Notre objectif est de permettre à nos collaborateurs de concilier au mieux les cadres privés et professionnels, d’organiser au mieux leur vie, tout en respectant les contraintes de la vie en entreprise. Tout le monde ne peut pas arriver à 11h : il faut assurer la continuité du service, mais en s’arrangeant par équipes, on peut ainsi emmener ses enfants à l’école, faire du sport, ou prendre des rendez-vous médicaux sans poser une journée de congé ou demander une autorisation spéciale au manager ou DRH.

Est-ce envisageable dans tous les services, et avez-vous rencontré des difficultés lors de la mise en place, des abus ou des réticences ?
Dans les services au contact avec les clients, ce n’est pas possible. Dans les autres, cela fonctionne en bonne intelligence. On a constaté quelques difficultés d’application, vite réglées par les managers. Le plus difficile a été de paramétrer le logiciel de gestion du temps ! En contrepartie, le système nous a permis d’encadrer les horaires de travail et les horaires de réunions (entre 9h et 17h, prévenus au moins 48h à l’avance, les salariés sont tenus d’y assister, ndlr). On avait aussi la volonté de mettre en place un système plus équitable entre les salariés à l’horaire ou au forfait.

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Photo by Loic Djim on Unsplash

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour

    Ca fait plaisir de lire ce genre d’initiative.
    Permettre à tout un chacun de s’arranger avec les horaires, voilà une bonne idée.

    C’est un sujet épineux qui amène souvent des questions sur le management, sur la rh dans l’entreprise.

    Je note tout de même qu’il est difficile de le faire dans certains secteurs de l’entreprise : comment les salariés de ces secteurs vivent-ils cette différence ? Ne se sentent-ils pas lésés ?

    Au plaisir
    Evan BOISSONNOT

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