Ne pas rentrer dans une case, ressembler à un Ovni, sortir du cadre… Et si être atypique était une force ? Psychologues et psychothérapeutes, Audrey Akoun et Isabelle Pailleau en sont convaincues ! Dans leur nouveau livre, Vive les Zatypiques ! (1), elles revendiquent ce droit à la différence dès le plus jeune âge. Interview.

Etre atypique, qu’est-ce que cela veut dire ?
C’est être un électron libre, ne pas “rentrer dans le moule”, ne pas correspondre à la “norme” par son parcours ou ses comportements. Ce n’est pas être mieux ou moins bien que les autres, mais à côté. Nous n’avons pas établi de profils types d’atypiques (ce serait un comble !) mais l’hypersensibilité est un trait de caractère commun.

Comment définissez-vous cette hypersensibilité ?
Ce n’est pas une maladie ou un trouble à proprement parler. Les hypersensibles représentent tout de même 15 à 20% de la population. Mais dans une société qui valorise les personnalités fortes, “courageuses”, dans la maîtrise de leurs émotions, ce fonctionnement peut être jugé comme “anormal” et devenir un handicap au quotidien pour les enfants comme les adultes. Concrètement, cela peut se traduire par une hyper-réactivité émotionnelle, un vrai sens du détail, une hyper-vigilance aux réactions et aux perceptions, mais aussi une intuition aiguisée, une créativité bouillonnante et une empathie incroyable.

Vous dîtes justement dans votre livre que pour les atypiques “le cocktail empathie + intuition + créativité est un vrai sabre de Jedi lorsqu’on apprend à bien l’utiliser”. Comment en faire une force ?
D’abord en mettant sur off la comparaison avec les autres. Il faut arrêter de mettre tout son cœur et toute son énergie pour leur ressembler. Cela demande de réfléchir à ce que vous avez d’unique, à ce que vous pouvez apporter au collectif en tant qu’individu, de reconnaître votre singularité pour en faire quelque chose. La confiance en soi est, bien sûr, une clé pour y parvenir. Or, il existe chez les hypersensibles un questionnement sans fin sur soi-même, sur l’extérieur, l’environnement, les relations aux autres… Cette remise en cause permanente leur confère une faible estime de soi. La moindre certitude pouvant être remise en question l’instant suivant.

Que faire au quotidien pour y remédier ?
Pratiquer la méditation, l’hypnose, la relaxation ou encore le yoga permet de prendre de la distance. Ces techniques psycho-corporelles permettent aussi d’apprivoiser et de faire taire le mental. Nous conseillons également la méthode Vittoz, une technique de focalisation sur les cinq sens qui aide à se concentrer sur ses sensations via des exercices très simples.

Quels seraient vos conseils aux entreprises recrutant des personnes atypiques ?
De réfléchir à leur objectif : pourquoi recrutent-elles un(e) atypique ? Pour l’enfermer dans un poste aux contours bien précis ou pour ce qu’il est et ce qu’il peut apporter ? Certains recruteurs  attendent des profils originaux, des personnalités qui sortent de l’ordinaire et peuvent apporter des idées nouvelles à l’entreprise. Mais une fois le vent de fraîcheur passé, le “pas faire de vagues” revient au galop… Il faut ainsi avoir une vision, et faire attention à l’équilibre au sein du groupe.

Au final, sommes-nous tous des atypiques ?
Non, parce que les atypiques ont vraiment un fonctionnement émotionnel et cognitif particulier. En revanche, nous sommes tous différents et uniques, ça c’est sûr !

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(1) Leduc.s

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Crédit photo : Pexels.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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